Rechercher
Rechercher

Culture - Exposition

Charbel Saadé dit tout (ou presque) à sa mère...

À travers sa première exposition solo, le photographe crée des conversations impossibles avec l’autrice de ses jours en la prenant par la main pour l’inviter dans l’intimité de son quotidien.

Au compteur photographique de Charbel Saadé, se télescopent dix années d’images, surgies du hasard ou composées comme des toiles, où il « ne sait plus donner de la tête », rit-il, en branchant puis débranchant les multiples disques durs qui s’empilent sous ses yeux. Si le jeune homme, rétif à toute tentative de réduire un système esthétique à quelques traits harmonieux, joue justement de cette multiplicité qui lui est propre, il avoue s’être retrouvé face à « l’équivalent d’une page blanche d’auteur » au moment où Éric Lebas, attaché culturel près l’ambassade de France au Liban, l’approchait pour lui proposer d’exposer à la galerie de l’Institut français du Liban. Et de nuancer : « L’idée de cette carte blanche, excitante, m’a toutefois permis d’aller vers quelque chose d’intime et de personnel, comme l’est ma photo de toute manière. » Comme le titre de l’expo l’indique, « Mère, il est temps que tu saches », le photographe choisit de braquer son objectif suintant d’émotivité sur son lien avec sa mère dont il dit : « Ce qui me pesait, c’est le fossé creusé entre elle et moi. J’avais l’impression, malgré tout l’amour qui nous lie, qu’elle était devenue une étrangère à la personne que je suis aujourd’hui. »
 
L’amour comme moteur
Pourtant, quand une certaine banalité laisserait penser qu’on a affaire à un jeune homme qui tente, à travers son art, de régler son œdipe, Charbel Saadé désamorce : « En fait, c’est tout simplement comme si je lui disais : viens visiter mon moi. » 

« Mère, il est temps que tu saches », aux accents faussement solennels, raconte donc un jeune homme de 26 ans se voyant telle « une sorte de dissidence du schéma familial conformiste avec l’arrêt de mes études pour me plonger dans l’expérience plus concrète du travail, mon départ précoce de la maison, mon orientation sexuelle et mes non-orientations religieuses », qui s’empare des murs blancs de la galerie de l’IFL pour tenter d’y recréer des bribes de conversations impossibles avec sa mère. En sélectionnant, à la fois soigneusement et instinctivement, 10 photos dont « le noir et blanc et la construction précise étaient un choix délibéré afin que chacune d’elles porte mon message le plus efficacement possible », précise-t-il, le photographe réalise un documentaire de l’intime dédié à sa mère et sous-tendu par « l’urgence de lui dire que oui, nous sommes des entités aux destins divergents, mais qu’en même temps, je reste qui je suis, son fils, le fruit de son éducation. Que ce choix de rompre avec les codes a été fait avec l’amour comme moteur. L’amour qu’elle m’a inculqué ».

Des photos-totems
Cet amour et cette impulsion de partage se déploient dans l’intensité silencieuse de ses images où, l’air de rien, vibre la présence des êtres, des objets, des idées, des fêlures et des rêves qui peuplent le paysage intime de Charbel Saadé et duquel sa maman se tenait à l’écart. En filigrane, se trace la topographie de sa vie d’adulte libre et libéré : la présence intense et énigmatique de son compagnon, le clair-obscur de son appartement, une main bienveillante qui se dresse et l’accompagne, la promesse d’une plante qui renaît et les contours tremblés d’un corps qui refuse de se divulguer... Ainsi, à la manière de la photo principale de l’exposition où une silhouette d’homme, un rien fantomatique, semble léviter sensuellement sous un drap blanc, le photographe ne lève le voile que partiellement sur l’intimité de son quotidien. « Chaque image représente un totem de ma vie. J’ai choisi le parti pris de la pudeur », dit-il, en se délectant presque du mystère qui traverse son exposition. Si chacun des clichés formule à demi-mot un fragment d’histoire personnelle, c’est la frappante scénographie pensée par le tandem d’architectes Ghaith&Jad (Ghaith Abi Ghanem et Jad Melki, lauréats du premier prix « L’OLJ-SGBL Génération Orient 2017 ») qui se charge d’induire le récit et surtout d’insuffler un ton particulier au projet de Saadé. Les photos non encadrées et accrochées à une certaine distance du mur, si bien qu’on les croirait flottantes sur leurs propres ombres, portent la promesse d’un parcours initiatique qui se clôt en apothéose sur Mère, il est temps que tu saches placée dans une petite salle en retrait : le mirage d’un bouquet de fleurs dont les couleurs, grumeleuses comme si elles étaient l’invention d’un peintre fou armé de fusain, explosent et sortent du cadre. De quoi faire dire, et à raison, à la mère de Charbel Saadé, présente lors du vernissage : « Je suis très fière. »

« Mère, il est temps que tu saches » de Charbel Saadé, galerie de l’Espace des lettres, rue de Damas, jusqu’au 6 juillet.

Au compteur photographique de Charbel Saadé, se télescopent dix années d’images, surgies du hasard ou composées comme des toiles, où il « ne sait plus donner de la tête », rit-il, en branchant puis débranchant les multiples disques durs qui s’empilent sous ses yeux. Si le jeune homme, rétif à toute tentative de réduire un système esthétique à quelques traits...

commentaires (1)

LA PHOTOGRAPHIE EST-ELLE UN ART ? JE DIS NON ! C,EST UN HOBBY OU ON PEUT SE DISTINGUER DES AUTRES PHOTOGRAPHES MAIS PAS UN ART EN SOI. JAMAIS !

LA LIBRE EXPRESSION

08 h 34, le 29 juin 2018

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • LA PHOTOGRAPHIE EST-ELLE UN ART ? JE DIS NON ! C,EST UN HOBBY OU ON PEUT SE DISTINGUER DES AUTRES PHOTOGRAPHES MAIS PAS UN ART EN SOI. JAMAIS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 34, le 29 juin 2018

Retour en haut