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Culture

« La base de données compte 2 000 films pour l’instant »

Hania Mroué et Antoine Khalifé racontent le projet de la nouvelle cinémathèque.

Vous faites partie du groupe des initiateurs de la cinémathèque ainsi que de la rétrospective Randa Chahal Sabbag. Pourquoi avoir décidé de la création de la cinémathèque maintenant ?
H.M. Depuis sa création, l’association Metropolis était soucieuse d’accorder une place importante au cinéma patrimoine, classique. Près d’une vingtaine de rétrospectives ont été réalisées, certaines consacrées au cinéma arabe, et des ciné-concerts du cinéma muet ont été organisés. Tout ce travail pouvait porter le nom de cinémathèque en termes de programmation, mais en fait, il ne le portait pas officiellement, car il y avait déjà une cinémathèque nationale, qui existe d’ailleurs toujours. En second lieu parce que la cinémathèque suppose un lieu, chose qu’on n’a toujours pas. Enfin, Metropolis ne voulait pas reprendre la même démarche que la Fondation Liban Cinéma ou Umam dans la conservation des archives. Elle avait l’intention de faire autre chose. Au cours des conversations avec des cinéastes comme Joana Hadjithomas, Ghassan Salhab ou d’autres, il est apparu qu’outre les films des années 50, le cinéma contemporain manquait d’archives. Il y avait une faille énorme. Les réalisateurs eux-mêmes étaient frustrés et se plaignaient de la perte de leurs films. Il ne fallait donc plus attendre, mais se jeter à l’eau, même pour une première phase, et aborder une approche très moderne de la cinémathèque, qui est celle online. Le lieu pouvait attendre. Aujourd’hui, il s’agit tout d’abord de faire de la recherche, de la documentation et de l’archivage. Comme un préquel à la naissance de la cinémathèque. On travaille donc sur une base de données, sur des rétrospectives, d’où le lien avec Randa Chahal Sabbag, et finalement sur des vidéos contemporaines que Metropolis réalise avec des cinéastes, des collectionneurs et des archivistes. On est en train donc de créer une documentation qui sera diffusée sur cette cinémathèque moderne en ligne.

Comment la naissance de cette cinémathèque a-t-elle coïncidé avec la rétrospective Sabbag ?
A.K. Comme l’a dit Hania, il était temps qu’on se jette à l’eau. Parallèlement à ce travail, nous avions, il y a quelques années déjà, sollicité la famille de Randa Chahal Sabbag (sa fille et sa tante) afin de lui rendre hommage, en réalisant une rétrospective complète de son œuvre. Comme nous étions très impliqués, Joana Hadjithomas et moi, dans la démarche de la cinémathèque, nous avons pensé qu’il serait bien de la faire coïncider avec le dixième anniversaire de sa disparition. Surtout que Randa était la pionnière dans l’idée de construction d’une cinémathèque. L’objectif était de mettre en lumière le travail de ces faiseurs de films libanais. Et pourquoi pas Randa ?

Quel est le plan d’action de la cinémathèque ? Et en quoi consiste-t-il exactement ?
H.M. Maintenant que le train est en marche, nous sommes en train de réfléchir sur la prochaine rétrospective à organiser, mais en parallèle, le travail de recherche se poursuit pour alimenter la base de données. Il s’agit donc de répertorier cette cinématographie libanaise : les films, la distribution, la production, les réalisateurs, l’équipe technique… Et de les mettre dans cette base de données qui sera en ligne dès la semaine prochaine afin que tous les chercheurs, les programmateurs, mais aussi les étudiants, puissent retrouver des informations sur le film libanais. Chacun aura un profil, comme sur Imdb.
A.K. Ce qui est intéressant, c’est que chacun des professionnels du métier peut mettre à jour cette base de données. Ce sera un site interactif et animé, à condition que ces informations soient validées par une équipe qui est celle de Metropolis. Dans l’espoir que ce soit un outil toujours vivant.
H.M. En effet, il y a eu plusieurs tentatives de bases de données, mais elles sont restées lettre morte, parce que non alimentées au fil des jours.
Nous avons donc décidé de travailler avec Beirut DC pour récupérer certaines recherches déjà faites auparavant et les ajouter. La base de données compte 2 000 films pour l’instant. Le défi serait de ne plus arrêter et de continuer à l’alimenter en y adjoignant les films d’étudiants (rappelons Film Ktir Kbeer de Mirjean Bou Chaaya, qui était à l’origine un film d’étudiant). Et peut-être intégrerons-nous plus tard les webséries. Tout cela en gardant comme objectif que la cinémathèque soit un jour un lieu pour conserver et restaurer les archives.

Quid du financement ?
C’est bien sûr la question qui blesse, car elle est primordiale. Ces recherches exigent beaucoup de travail, mais aussi un financement notable. Nous avons ainsi recours à Leil Productions pour la rétrospective, ainsi qu’à une aide financière de l’ambassade de Norvège pour la cinémathèque.
Nous avons de même initié une récolte de fonds que l’on espère fructueuse. Mais une chose est sûre : nous n’allons pas nous arrêter là. 

Vous faites partie du groupe des initiateurs de la cinémathèque ainsi que de la rétrospective Randa Chahal Sabbag. Pourquoi avoir décidé de la création de la cinémathèque maintenant ? H.M. Depuis sa création, l’association Metropolis était soucieuse d’accorder une place importante au cinéma patrimoine, classique. Près d’une vingtaine de rétrospectives ont été réalisées,...

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