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Liban - Contentieux FL/LBCI

Geagea nie tout accord passé avec Daher

L’avocat du PDG de la chaîne relève pour « L’OLJ » des « contradictions » dans le témoignage du plaignant.

Présidée par la juge unique pénale de Beyrouth, Fatima Jouni, l’audience qui a eu lieu hier dans l’affaire qui oppose le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, au PDG de la LBCI, Pierre Daher, sur fond d’un litige sur la propriété de la chaîne, a permis d’apporter de nouveaux éléments du fait notamment de la présence, pour la première fois depuis le début de ce procès, de la partie plaignante, en la personne de M. Geagea. Ce dernier avait refusé de comparaître aux audiences précédentes pour des raisons de sécurité. 

Au cours de l’audience, qui a duré six heures, les deux parties ont campé sur leurs positions. Le PDG de la LBCI affirme avoir créé cette chaîne en achetant l’actif et le passif de l’ancienne LBC, devenue, suite à une transaction entre MM. Geagea et Daher conclue en 1992, la LBCI. Mais les Forces libanaises soutiennent une autre version et réclament la totalité des actions. Lors de l’audience, M. Geagea a nié l’existence d’un accord sur la vente de la LBC. « La LBC n’est pas une marchandise mais le support d’une cause sacrée. Personne ne penserait à vendre une cause sacrée », a répondu M. Geagea, selon des informations rapportées par les médias. Il a en outre indiqué n’avoir pas pris connaissance de la transaction qui a permis de transformer le logo de la LBC en LBCI, réitérant à plusieurs reprises la relation de confiance qui le liait à M. Daher à l’époque. 

Première chaîne privée libanaise, la Lebanese Broadcasting Corporation est fondée en 1985, pendant la guerre civile, par les FL qui l’ont financée jusqu’en 1992. Cette année-là, les actifs et les dettes de la LBC sont transférés à une nouvelle société appartenant en majorité à Pierre Daher, membre du conseil d’administration, sans que le contrat de cession ne soit enregistré.

M. Daher affirme que cette cession découle de la vente de la LBC à son profit par Samir Geagea : la loi sur l’audiovisuel alors en préparation enlevait toute possibilité d’appartenance d’une télévision à un parti, dans un contexte de désarmement des milices après l’accord de Taëf (1989). Samir Geagea et les FL contestent cette vente et affirment que M. Daher a abusé de la confiance du chef du parti pour faire main basse sur les actifs de la LBC et développer le groupe par la suite.

Emprisonné en 1994, M. Geagea avait entamé, deux ans après sa sortie de prison, en 2007, une action judiciaire contre le groupe LBCI et ses dirigeants pour obtenir la restitution de la chaîne aux Forces libanaises. 

Lors de l’audience, la juge a demandé à M. Geagea quelles étaient les raisons pour lesquelles il n’avait pas réclamé la LBC dès sa sortie de prison. « Parce que la chaîne était dans le giron des FL et qu’une relation de confiance me liait à Pierrot (M. Daher ) », a-t-il répondu, toujours selon les informations rapportées par des médias audiovisuels. 

« La profondeur de l’amitié... »
L’avocat de M. Geagea, Georges Adwan, demande à son tour à M. Daher, qui affirme avoir versé à M. Geagea la somme de 5 millions de dollars dans le cadre de la transaction présumée, quel était son salaire à la LBC à l’époque. Le PDG répond : « 1 500 dollars. » « Comment un fonctionnaire qui touche ce salaire a pu acheter les actifs et les passifs de la chaîne se montant à 5 millions ? » enchaîne alors Me Adwan. « J’ai de la fortune », répond M. Daher. « Qu’est-ce que cela veut dire ? » l’interroge à son tour la juge. « J’ai payé une partie de la somme avec mon argent personnel, et une autre partie des fonds de la LBC et à l’aide d’une somme obtenue auprès d’Antoine Choueiri (l’ancien régisseur publicitaire de la LBC) », explique le PDG. Convoqué comme témoin, Karim Pakradoni, ancien numéro deux des FL, proche de M. Geagea à l’époque, a également été entendu dans la journée. La juge a demandé à ce dernier la raison pour laquelle la transaction de vente n’a pas été enregistrée par les FL. Ce à quoi M. Pakradoni répond : « Parce que MM. Geagea et Daher géraient tout ensemble. » Il a également indiqué ne pas savoir si M. Geagea était au courant des détails de la transaction, « mais il ne pouvait pas ignorer le changement de logo qui s’est opéré par la suite ». « Ce dont je suis certain, c’est que les FL possédaient la LBC depuis la création de la chaîne. » 

La juge, qui affirme avoir constaté « la profondeur de l’amitié qui liait les deux hommes » à l’époque, a invité les deux parties à trouver un compromis. Ce à quoi M. Geagea a répondu : « Il ne s’agit pas d’un conflit personnel. Je ne peux pas renoncer à un droit qui revient aux FL. »

L’audience d’hier a revêtu une importance particulière aux yeux de la partie adverse, qui a estimé que la comparution de M. Geagea devant la cour était « primordiale » dans la mesure où elle avait été revendiquée à maintes reprises par l’avocat principal de M. Daher, Naoum Farah. Selon ce dernier, interrogé par L’Orient-Le Jour, l’audience d’hier a permis de « faire ressortir des contradictions entre les témoignages précédemment livrés dans le cadre de ce dossier et celui de M. Geagea ». Il cite à ce propos les allégations de M. Geagea selon lesquelles ce dernier affirme que ce n’est qu’en 2006, un an avant qu’il ne dépose sa plainte, qu’« il a été informé de la création de la LBCI ». « À d’autres moments, il disait le contraire et indiquait qu’il savait pertinemment que le logo avait changé », soutient Me Farah. 

Une nouvelle audience aura lieu le 8 octobre prochain.

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Présidée par la juge unique pénale de Beyrouth, Fatima Jouni, l’audience qui a eu lieu hier dans l’affaire qui oppose le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, au PDG de la LBCI, Pierre Daher, sur fond d’un litige sur la propriété de la chaîne, a permis d’apporter de nouveaux éléments du fait notamment de la présence, pour la première fois depuis le début de ce procès, de...

commentaires (2)

Règlement de compte à Ok coral. Épisode 5 . Musique de ennio moricone , sur un film de Sergio Leone. La suite au prochain numéro avec un nouveau film , Et Pour Quelques Dollars De Plus .

FRIK-A-FRAK

14 h 02, le 23 juin 2018

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Commentaires (2)

  • Règlement de compte à Ok coral. Épisode 5 . Musique de ennio moricone , sur un film de Sergio Leone. La suite au prochain numéro avec un nouveau film , Et Pour Quelques Dollars De Plus .

    FRIK-A-FRAK

    14 h 02, le 23 juin 2018

  • S'IL N'Y A PAS CONTRAT ECRIT DE VENTE L'AFFAIRE EST CLAIRE. RENDEZ A CESAR CE QUI EST A CESAR !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 09, le 23 juin 2018

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