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Liban - Hommage

Une place Édouard Honein pour honorer l’un des piliers du BN et de l’ex-Front libanais

Édouard Honein présidant la réunion du Front libanais en mai 1978 en présence, de gauche à droite, de Pierre Gemayel, Jawad Boulos, Fouad Ephrem Boustany, le président Camille Chamoun et Charles Malek.

Une place au nom de feu Édouard Honein sera inaugurée demain samedi, à 18 heures, dans le secteur du Palais de justice de Beyrouth (en face de l’immeuble de la TVA). En hommage à l’ancien ministre et député de Baabda, qui fut l’un des principaux dirigeants du Bloc national dans les années 60 puis du Front libanais durant la guerre, une statue sculptée par sa fille Mireille sera érigée sur la place. Retour sur le parcours d’une personnalité qui aura marqué l’histoire contemporaine du Liban.

Avocat de formation, Édouard Honein a été élu député pour la première fois en 1957 et a conservé son mandat parlementaire pendant 37 ans. Il a débuté sa vie politique au Bloc national (BN) à la fin des années 50 du siècle dernier et a rapidement occupé une place de choix au sein du directoire du parti, assumant notamment la fonction de secrétaire général. Il sera à la fin des années 60 l’un des principaux promoteurs de l’Alliance tripartite (le Helf) dans la perspective des élections législatives de 1968. Le Helf – formé des Kataëb de Pierre Gemayel, du Parti national libéral de Camille Chamoun et du Bloc national de Raymond Eddé – s’était fixé pour objectif de faire face au régime chéhabiste, et plus précisément aux ingérences du Second Bureau (les renseignements de l’armée) dans la vie politique.

Au début de la guerre libanaise, Édouard Honein quittera le BN du fait de son désaccord avec la position du leader du parti (le Amid) Raymond Eddé qui refusait l’option militaire prise par les partis chrétiens pour contrer la présence des organisations palestiniennes armées dans le pays et leur implication dans la lutte pour le pouvoir au plan interne. Honein rejoindra en 1976 le Front libanais, coalition des personnalités et des partis chrétiens hostiles à la présence armée palestinienne. Le FL regroupait alors le président sortant de l’époque Sleiman Frangié, l’ancien président Camille Chamoun, Pierre Gemayel, le père Charbel Kassis, supérieur général de l’Ordre des moines maronites, ainsi que des personnalités prestigieuses telles que Charles Malek, l’historien Jawad Boulos et Fouad Ephrem Boustany. Honein assumera les fonctions de secrétaire général du Front libanais et prendra soin de rassurer le BN en soulignant dans sa lettre de démission du parti que le « secret dont il était garant le restera » …

Une mission et des réalisations
Pour Édouard Honein, « la politique n’était pas une quête de pouvoir mais plutôt une mission », comme le souligne son fils, l’ancien député Salah Honein. Il l’a prouvé en démissionnant à trois reprises de son poste de ministre lorsque ses projets étaient bloqués. Nommé ministre à cinq reprises sous les mandats des présidents Charles Hélou, Fouad Chéhab et Sleiman Frangié, il prendra en charge les portefeuilles du Travail et des Affaires sociales, du Tourisme, de l’Économie, de l’Éducation nationale et du Plan. L’une des réalisations majeures que le Liban lui doit, et qui est quelque peu chancelante aujourd’hui, est la mise en place du système de Sécurité sociale lorsqu’il était ministre des AS, dans les années 60. Il est également à l’origine de la préservation du sérail de Baabda lorsqu’il était menacé de démolition alors qu’il était ministre du Tourisme. Le pays lui doit aussi la mise en application du secret bancaire, lorsqu’il était ministre de l’Économie, ainsi que l’amélioration des conditions de vie dans les prisons libanaises. Ces réalisations témoignent aussi de son attachement au patrimoine libanais et elles constituent des étapes cruciales de son action visant à « élever le Liban au rang des grands pays occidentaux ».
« Le Liban est un refuge et un paradis, c’est là la raison d’être de son existence, une morale pour l’histoire », disait-il. Cet amour inconditionnel de sa patrie lui a valu d’être nommé maintes fois représentant du Liban à l’échelle internationale, que ce soit à l’ONU à New York ou encore à la Conférence des non-alignés au Caire, en 1964.

La revue « el-Foussoul »
Grand intellectuel et homme de pensée, il reflétait dans ses écrits ses réflexions et son expérience parlementaire, notamment dans ses ouvrages Sur les sentiers du Liban et J’ai cru en Dieu et le Liban. Il a fondé dans ce cadre, au début de la guerre, la revue trimestrielle à caractère académique el-Foussoul, avec ses partenaires du Front libanais, Jawad Boulos, Charles Malek et Fouad Ephrem Boustany, dans le but de véhiculer le savoir historique, sociologique et culturel qui sous-tendait les grandes options nationales et stratégiques du Front libanais.

Édouard Honein était un auteur renommé pour sa plume « facile en apparence », accessible à tous mais extrêmement difficile à retranscrire dans une autre langue, comme l’explique Salah Honein. Il était connu pour ses carnets de voyages dans lesquels, à la manière d’Ibn Batouta, il diffusait ses observations pour les mettre à la disposition des Libanais. En 1956, il fut élu à la tête de l’Association des hommes de lettres (Ahl al-Qalam), succédant à Salah Labaki, parallèlement à sa riche contribution au célèbre Cénacle libanais fondé par Michel Asmar, qui était un forum de réflexion et d’échanges sur les grands thèmes de l’actualité locale et régionale.
Brillant orateur et fier patriote, Édouard Honein, décédé en 1992, aura été un homme d’État, un vrai, un de ceux qui manquent cruellement au Liban d’aujourd’hui.

Une place au nom de feu Édouard Honein sera inaugurée demain samedi, à 18 heures, dans le secteur du Palais de justice de Beyrouth (en face de l’immeuble de la TVA). En hommage à l’ancien ministre et député de Baabda, qui fut l’un des principaux dirigeants du Bloc national dans les années 60 puis du Front libanais durant la guerre, une statue sculptée par sa fille Mireille sera...

commentaires (2)

IL N,Y A PAS DE PLUS SERIEUX PROBLEMES A DEBATTRE ET DECIDER DANS LE PAYS ?

LA LIBRE EXPRESSION

18 h 28, le 22 juin 2018

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Commentaires (2)

  • IL N,Y A PAS DE PLUS SERIEUX PROBLEMES A DEBATTRE ET DECIDER DANS LE PAYS ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 28, le 22 juin 2018

  • Emile Eddé, Raymond Eddé, Georges Zouein, Georges Akl, Kesrouan el-Khazen, Clovis el-Khazen, Mohsen Slim, Edouard Honein, Nouhad Bouez... tous symboles de l'intégrité, de la loyauté, du patriotisme... Le seul reproche que je formule à l'endroit d'Edouard Honein est que chaque fois que le Bloc national était représenté dans un ministère, c'était par Edouard Honein et jamais par mon homonyme Nouhad Bouez. Pourtant les deux étaient de l'Etat-Major de la "Ketlat el-Wataniyat", le parti dit des "awadem".

    Un Libanais

    12 h 44, le 22 juin 2018

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