Le petit Rizk à son domicile. Capture d’écran de la chaîne MTV
Le petit Rizk, 1 an et 9 mois, est soudanais. Comme tous les enfants de son âge, sa principale préoccupation est de s’amuser avec d’autres enfants, sans souci aucun pour la couleur de sa peau ou celle de ceux qui l’entourent. Mais c’est justement à cause de la couleur de sa peau et fort probablement aussi de sa nationalité que Rizk a été refoulé il y a quelques jours d’une garderie du Mont-Liban. Relayé par les médias, l’incident a suscité de vives réactions d’indignation, ce qui a poussé le ministère de la Santé à adresser un avertissement à la garderie concernée. Si le petit garçon a fini par être accepté dans un autre établissement, il n’en demeure pas moins que cet incident met en exergue un racisme sous-jacent dans le pays et qui se manifeste périodiquement à travers de pareils événements.
Les parents de Rizk, un couple de réfugiés soudanais, avaient décidé de placer leur enfant dans une garderie pour que la mère puisse travailler et aider son mari à subvenir aux besoins de la famille. La garderie avait dans un premier temps accepté de s’occuper de Rizk, avant de se rétracter suite à la plainte d’une dame dont le fils fréquente le même établissement. Cette personne aurait menacé de retirer son enfant de la garderie et d’inciter d’autres personnes à le faire si Rizk était admis. « Au Soudan, on nous a appris à l’école que le Liban est le pays des poètes et des écrivains, le pays des civilisations (…). J’ai été très étonné de la réaction de la garderie », a confié Faouzi, le père de l’enfant, à la chaîne MTV samedi dernier. Les parents du garçon, qui ont entre-temps réussi à inscrire leur fils dans un autre établissement, n’ont pas porté plainte pour l’instant.
Le ministère de la Santé s’est empressé de réagir hier dans un communiqué, indiquant qu’il avait adressé un avertissement à la garderie « pour avoir manqué de respect aux règles les plus élémentaires des droits de l’homme et de l’enfant, notamment la loi 422/200 sur la protection des enfants ». « Le ministère de la Santé compte travailler de près avec le ministère des Affaires sociales pour effectuer une session de sensibilisation contre le racisme pour les parents qui ont refusé l’accès de l’enfant à la garderie et assurer un suivi auprès de la famille de l’enfant qui a été victime de violence morale », indique le communiqué. Le ministère a par ailleurs contacté hier les parents de l’enfant pour les informer qu’il était désormais possible d’intégrer la garderie, mais ces derniers ont inscrit Rizk dans un autre établissement entre-temps.
Le syndicat des propriétaires de garderies a pour sa part dénoncé hier le fait que la garderie se soit pliée « aux exigences de parents ignorant les règles les plus basiques des droits de l’enfant », rappelant par ailleurs que le Liban est signataire de la charte des droits de l’enfant de l’ONU. Le syndicat a appelé le ministère de la Santé à poursuivre les parents qui ont menacé de retirer leurs enfants de la garderie.
(Pour mémoire : Des garderies, où la mort est de garde, fermées par Bou Faour)
Des lois pour punir le racisme
Commentant l’incident, Wadih Asmar, directeur du Centre libanais pour les droits de l’homme, estime qu’il faut avant tout sensibiliser aux effets du racisme, mais également travailler sur l’aspect législatif de la question. « Au Liban, il n’y a pas vraiment de loi explicite qui définisse le racisme et qui condamne les actes et les paroles racistes (…). Il faut des lois pour punir le racisme », a déclaré M. Asmar.
« Cet enfant aurait eu un passeport étranger en plus de son passeport soudanais, il aurait été accueilli dans la garderie sans problème », a-t-il dénoncé, avant d’ajouter : « Il y a un problème de racisme au niveau de la couleur de la peau, de la nationalité et des moyens financiers des personnes concernées. »
« La volonté du ministère de la Santé de vouloir sensibiliser les parents est louable, mais il y a une question plus profonde qu’il faut se poser : quel genre de société veut-on avoir au Liban ? Est-ce qu’on accepterait qu’un enfant libanais soit refoulé dans une garderie en Europe par exemple? » s’est demandé M. Asmar.
« Pour le bien de l’enfant, il vaut mieux qu’il aille dans une garderie qui l’accepte dès le départ. Le geste politique qui consiste à obliger la garderie à l’accepter n’est pas ce qu’il y a de mieux pour l’enfant », a-t-il ajouté, appelant à ce que l’établissement soit sanctionné. « Il y a moyen de déposer plainte pour racisme et il faut tenter de le faire », a-t-il ajouté.
« Nous sommes malheureusement dans un pays qui suit le système de la kafala (parrainage des employées de maison), qui est de l’esclavagisme légalisé. Il faut commencer par abandonner ces pratiques », a souligné M. Asmar, dénonçant par ailleurs l’interdiction de l’accès aux piscines, boîtes de nuit ou salles de sport aux employées de maison ou aux Africains.
Le petit Rizk, 1 an et 9 mois, est soudanais. Comme tous les enfants de son âge, sa principale préoccupation est de s’amuser avec d’autres enfants, sans souci aucun pour la couleur de sa peau ou celle de ceux qui l’entourent. Mais c’est justement à cause de la couleur de sa peau et fort probablement aussi de sa nationalité que Rizk a été refoulé il y a quelques jours d’une...
commentaires (18)
Le syndicat a appelé le ministère de la Santé à poursuivre les parents qui ont menacé de retirer leurs enfants de la garderie. METTEZ LE NOM DE CES GENS A LA PORTEE DE TOUT LE MONDE C'EST EUX QUI SONT ENCORE PLUS IGNOBLE QUE LA GARDERIE QUI RAPPELONS LE A ACCEPTER CET ENFANT MAIS MALGRE TOUT AURA DES DIFFICULTES A SURVIVRE SI BEAUCOUP DE PARENTS ENLEVENT LEURS ENFANTS PREMIER IGNOBLE : CES PARENTS QUI ONT MENACES DE QUITTER LA GARDERIE ET D'INCITER D'AUTRES A FAIRE DE MEME NOMMEZ LES POUR QU'ILS AIENT HONTE ET NE RECOMMENCENT PAS
LA VERITE
15 h 25, le 20 juin 2018