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Ces initiatives qui changent le monde - Belgique

Tale Me : l’économie circulaire pour enfants et futures mamans

Pour Anna Balez, la fondatrice de Tale Me, « les gens doivent intégrer l’idée que louer quelque chose ce n’est pas perdre de l’argent. Il ne faut plus penser comme ça ». Photo Olivier Polet

Chaque année, l’industrie textile génère 1,2 milliard de tonnes d’émission de gaz à effet de serre, soit plus que les vols internationaux et les transports maritimes réunis. C’est le désolant constat que livrait fin 2017 un rapport émis par la fondation britannique Ellen MacArthur.
Parallèlement, de grandes chaînes de prêt-à-porter sont accusées de détruire des milliers de tonnes de vêtements neufs qui n’ont pas trouvé acquéreur. Des invendus devenus des encombrants. Enfin, cinq ans après l’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh et le scandale de la fast-fashion que la mort de 1 135 personnes travaillant pour de grandes marques occidentales avait mis en lumière, on constate que peu de grandes enseignes ont renouvelé leur promesse d’assurer la sécurité élémentaire aux travailleurs locaux du textile.


En Belgique, plusieurs projets destinés à sensibiliser le consommateur aux problèmes éthiques et environnementaux liés à la production d’articles à usage limité ont fleuri ces dernières années. Une incitation à la réflexion qui s’inscrit naturellement dans la tendance « zéro déchet », mais qui ne touche encore essentiellement qu’une classe moyenne et/ou déjà conscientisée.
C’est le cas de Tale Me, une start-up bruxelloise qui, depuis quatre ans, propose de louer à prix raisonnables des vêtements pour futures mamans et jeunes enfants plutôt que de se ruiner dans des pièces qui, quelques mois après leur achat, seront déjà bannies du dressing. 


« Dès le départ, on avait un argument fort : proposer une alternative pour une période durant laquelle on porte des vêtements peu de temps », retrace Anna Balez, ingénieure spécialisée dans l’analyse des impacts de l’industrie sur l’environnement et fondatrice de Tale Me. « Les gens doivent intégrer l’idée que louer quelque chose, ce n’est pas perdre de l’argent. Il ne faut plus penser comme ça. D’ailleurs, les 25-30 ans, la génération Y, sont nos meilleurs ambassadeurs parce qu’ils adoptent des comportements de consommation différents. Ce sont eux qui vont amener ce changement de mentalité. Aujourd’hui, l’économie circulaire n’est plus un gros mot. » 
Comment ça marche ? L’abonné souscrit à un pack lui permettant de choisir trois à cinq vêtements de grossesse ou pour enfant (de 0 à 8 ans) parmi les milliers de pièces que compte le dressing virtuel de Tale Me, et reçoit sa sélection de vêtements quelques jours plus tard, chez lui ou dans un point relais. Un espace showroom est prévu pour les éventuels essayages. À l’expiration de l’abonnement mensuel, le ou la client(e) rend les pièces louées et refait son shopping.
Les prix des abonnements restent abordables : de 19 euros (22,5 dollars) pour trois vêtements pour enfants jusqu’à 45 euros (53 dollars) pour cinq pièces de grossesse, avec plusieurs options entre les deux. Pour ceux qui le souhaitent, la possibilité de créer un abonnement « sur mesure », pour louer plus de pièces, existe également.
Un trou, une tache indélébile ? Le risque que l’enfant use le vêtement ou qu’il l’endommage n’a pas échappé à la conceptrice du projet, elle-même mère de deux enfants, qui a donc décidé  d’inclure dans le forfait une assurance trous et taches. Sans quoi, les clients seraient restés réticents.


Des pièces de jeunes créateurs

Un système de location, avec échange illimité, qui profite tant aux parents en quête d’une autre manière de consommer (ou tout simplement fauchés) qu’à ces jeunes créateurs et créatrices qui peinent à se faire une clientèle capable de s’offrir des pièces chics et éthiques mais hors de prix. En effet, toutes les pièces mises en location sont achetées neuves. Elles ne sortent pas des usines produisant pour les grandes chaînes de magasins qui colonisent les artères commerçantes, mais sont fabriquées en Europe par des créateurs indépendants, dans des conditions de travail décentes et à partir de matériaux bio ou durables, assure-t-on chez Tale Me. Seuls deux fournisseurs « fair trade », dont les ateliers sont situés en Inde et à New York, dérogent à la règle.


La start-up propose aussi depuis peu ses propres créations. Les fibres des tissus déclassés sont par ailleurs envoyées dans des filières de recyclage. Car Tale Me joue aussi la carte de l’upcycling : rien ne se perd, tout se transforme.
Tale Me compte 2 000 abonnés et emploie une quinzaine de personnes. Elle assure la livraison en Belgique, en France, en Allemagne, en Angleterre, aux Pays-Bas et en Espagne. En juin 2017, la société a ouvert un showroom à Paris, dans le Xe arrondissement.
Pour 2018, Anna Balez vise plus haut. Elle espère convaincre de petites PME, mais aussi quelques grandes marques, de se lancer dans l’économie circulaire. « Les grandes enseignes savent qu’elles sont dans un engrenage. Elles ne font plus de marges et dépensent des fortunes en marketing. Aujourd’hui, nous sommes prêts à vendre notre concept et nos services. Nous avons l’expertise puisque nous avons tout inventé ! »




Chaque année, l’industrie textile génère 1,2 milliard de tonnes d’émission de gaz à effet de serre, soit plus que les vols internationaux et les transports maritimes réunis. C’est le désolant constat que livrait fin 2017 un rapport émis par la fondation britannique Ellen MacArthur. Parallèlement, de grandes chaînes de prêt-à-porter sont accusées de détruire des milliers de...

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