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À La Une - Liban

Le gouverneur de Beyrouth suspend les travaux de démolition à Monnot

Les bâtiments situés sur la parcelle 1231/Achrafié avaient été classés en 2016, avant d'être déclassés par le ministre de la Culture, Ghattas Khoury, en mai 2018. 

Un des bâtiments de l'îlot Dergham (en jaune), vu de la rue Abdel Wahab, à Beyrouth. Photo Save Beirut Heritage

Après les remous et l'indignation provoqués au cours du week-end par les travaux de démantèlement de plusieurs bâtiments déclassés dans le quartier de Monnot - une campagne portée par L'Orient-Le Jour, le gouverneur de Beyrouth, Ziad Chbib, a décidé lundi de suspendre les travaux de démolition. 

Les bâtiments visés par la décision de M. Chbib, situés sur la parcelle immobilière 1231 dans le quartier d'Achrafié, sont connus sous le nom d'"îlot Dergham". Il s'agit de trois bâtiments et d'une petite maison, deux datant du mandat français et les autres de périodes antérieures.

Après avoir été placés sur la liste des bâtiments à préserver en 2016 par l'ancien ministre de la Culture, Rony Araïji, ils avaient été déclassés le mois dernier par le ministre sortant, Ghattas Khoury, au titre qu'ils ne présentaient pas d'intérêt architectural et patrimonial et qu'ils constituaient un danger public. Le propriétaire foncier, un promoteur irakien, avait donc commencé au cours du week-end les travaux de démantèlement de ces bâtiments, en préparation à une future démolition. 

La décision du ministre de la Culture de déclasser ces bâtiments, sur base de l'avis d'experts indépendants, avait provoqué l'indignation des associations de protection du patrimoine, tout comme les vidéos montrant des ouvriers travaillant au démantèlement des bâtiments, partagées sur les réseaux sociaux. 

Raja Noujaim, membre de l'Association pour la Protection du Patrimoine Libanais (APPL), contacté dimanche par L'Orient-Le Jour, avait estimé que "de nombreuses solutions" existaient sans pour autant recourir à la démolition des bâtiments. "On pourrait en faire un bel hôtel de charme, toutes les chambres sont présentes", avait-il relevé. Pour ce défenseur du patrimoine architectural beyrouthin, la démolition de l'îlot Dergham serait "une catastrophe", parce qu'elle ouvrirait la voie à d'autres projets de démolition visant à faire de la place à des projets immobiliers de grande envergure, et découragerait les initiatives de préservation d'autres bâtisses anciennes. 


(Lire aussi : Beyrouth, au fil des destructions et relookings)


Dimanche, Ghattas Khoury avait exercé son droit de réponse à ce sujet et affirmé avoir "reçu du mohafez de Beyrouth en date du 17 novembre 2017 un rapport de deux experts, Adnan Ahmad et Sami Awada, dûment notifié et portant le numéro 22017, qui conclut que les immeubles construits sur le lot sont menacés d’effondrement". Le ministère souligne avoir alors "informé les propriétaires du bien-fonds de la nécessité de le restaurer, mais en date du 27 mars 2018, ces derniers nous ont demandé, à travers une lettre écrite, soit de procéder à une expropriation du bien, soit de donner un accord pour sa démolition, motivant leur requête par un manque de moyens nécessaires à sa restauration".

"Le ministère de la Culture a alors répondu qu’il se trouve dans l’impossibilité d’effectuer une expropriation, d’autant que la commission des experts chargée d’inspecter les bâtiments construits sur le lot 1231 / Achrafieh nous a informés que ceux-ci ne comportent pas d’éléments patrimoniaux propres à être préservés et ne contribuent pas à aviver une mémoire collective dans la ville. Vu que ces immeubles constituent désormais une menace pour la sécurité publique et ne peuvent donc être préservés, nous avons demandé aux parties concernées de ne pas entraver la livraison d’un permis de démolition, à condition toutefois de sauvegarder la façade principale, notamment les balcons et terrasses, de sorte qu’elle soit intégrée dans le nouveau bâtiment", poursuit le texte.



Voir ici cette vidéo de nos archives : 


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commentaires (3)

"motivant leur requête par un manque de moyens nécessaires à sa restauration". Mais bien sur, les moyens necessaires a la construction d'une tour de 20 etages a la place, ils les ont.

Michel Fayad

21 h 24, le 04 juin 2018

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Commentaires (3)

  • "motivant leur requête par un manque de moyens nécessaires à sa restauration". Mais bien sur, les moyens necessaires a la construction d'une tour de 20 etages a la place, ils les ont.

    Michel Fayad

    21 h 24, le 04 juin 2018

  • IL FAUT UN TOLLE GENERAL POUR DES DECISIONS CONCRETES ! MAIS IL FAUT INVESTIGUER LE COMMENT ET LE POURQUOI ...

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 13, le 04 juin 2018

  • Merci pour M.Ziad Chbib une pierre à deux coups car Achrafieh change de couleur et de confessions .

    Antoine Sabbagha

    16 h 31, le 04 juin 2018

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