La campagne contre Ziad Doueiri se poursuit. Au cours du week-end dernier, de nombreux sites d’informations arabes, notamment libanais, palestiniens et irakiens, ont repris en arabe des propos attribués vendredi dernier au metteur en scène libanais par le quotidien israélien Yediot Aharonot sous la forme d’un entretien. Or le réalisateur de L’Insulte a formellement démenti hier à L’Orient-Le Jour avoir donné la moindre déclaration à un média israélien.
Selon l’article publié par le quotidien israélien, M. Doueiri aurait affirmé que « les Arabes devraient commencer par nettoyer leur propre maison », dans une attaque contre l’intégrisme. Toujours selon les propos attribués à M. Doueiri, est relevée l’affirmation selon laquelle « au Liban, les Palestiniens ont massacré des chrétiens ».
L’article publié par le Yediot Aharonot dans son supplément culturel est signé par un journaliste israélien, Amir Bogen, correspondant du quotidien à New York et qui s’occupe de la rubrique cinéma. Il y cite le réalisateur libanais, mais rien ne prouve dans l’article qu’il a vraiment interviewé M. Doueiri, d’autant qu’il a déjà tenu ce genre de propos publiquement et à plusieurs reprises. Son film L’Insulte, nommé aux Oscars dans la catégorie du meilleur film étranger, évoque d’ailleurs la question de la mémoire de la guerre et des massacres entre chrétiens et Palestiniens.
Joint par téléphone, Ziad Doueiri a affirmé à L’Orient-Le Jour qu’il a « été informé de cette rumeur alors qu’il était au Liban et qu’il recevait un prix ». « Je n’ai jamais donné une interview à un journaliste israélien. J’ai été très clair à ce sujet lors de la sortie de de mon film aux États-Unis. Mais, comme le film a été nominé aux Oscars, j’ai donné une conférence de presse à laquelle des centaines de journalistes ont assisté et où j’ai effectivement dit que les peuples arabes devraient commencer par faire le ménage chez eux et où j’ai déclaré que je suis contre le fondamentalisme », a poursuivi M. Doueiri. « Mais ce sont des propos que j’ai tenus publiquement, dans le cadre d’une conférence de presse », a-t-il souligné.
Ziad Doueiri fait l’objet depuis plusieurs années d’une campagne menée par les milieux pro-iraniens et les partisans du boycottage d’Israël, qui l’accusent de militer en faveur d’une normalisation des rapports avec l’État hébreu. Une plainte, soutenue par une campagne de presse agressive, avait été déposée contre lui devant le Tribunal militaire pour s’être déplacé en Israël lors du tournage de son précédent film The Attack (L’Attentat), sorti en 2012, mais il avait été entendu puis acquitté en septembre 2017 par cette instance.
À la question de savoir pourquoi cette campagne se poursuit contre lui, Ziad Doueiri répond : « C’est de la jalousie. Ces gens-là n’ont rien d’autre à faire de leur vie. »
Pour mémoire
Ziad Doueiri : Cette nomination a un goût de revanche et pour le Liban c’est un énorme cadeau
Après 3 heures au tribunal militaire, Ziad Doueiri bénéficie d'un non-lieu
Avant-première de L'Insulte, de Ziad Doueiri : Quand la culture obtient gain de cause
Ziad Doueiri fait entrer le cinéma libanais dans l’histoire
Le Hezbollah chahute un débat autour de Ziad Doueiri à l’USJ
commentaires (5)
Cette liberté ne fait pas de lui ni traitre, ni malsain et encore moins, moins humain que ses détracteurs ! Il doit aimer ses racines probablement plus que dautres, mais il le fait avec un esprit d'ouverture et plus d'humanité. Respects Monsieur
Sarkis Serge Tateossian
20 h 34, le 29 mai 2018