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Culture - Sortie

« La nomination de “L’Insulte” est méritée et le succès assuré »

Le public parisien découvre le dernier opus de Ziad Doueiri.

Avant-première du film « L’Insulte » à Paris, en présence du réalisateur Ziad Doueiri, de la coscénariste Joëlle Touma et de l’actrice Rita Hayek. Photo J.H.

Mardi 30 janvier, Ziad Doueiri et son équipe étaient présents pour présenter L’Insulte à l’UGC des Halles. Une foule de spectateurs se pressait devant l’entrée, mais tous n’ont pas pu entrer. Dans une salle comble et silencieuse, découverte d’un long-métrage nommé pour l’Oscar du meilleur film étranger.

« On est fragiles et mon film montre cette fragilité. » C’est en ces termes que s’ouvre le discours de Ziad Doueiri avant la projection de L’Insulte . « J’ai écrit ce film avec ma partenaire après un incident banal entre un ouvrier palestinien et moi : je l’ai insulté. Puis j’ai eu peur. Dans notre pays, les mots pèsent, on doit faire attention, il y a des lignes rouges à ne pas franchir : la religion, la nationalité des gens. »

Le cinéaste revient sur les péripéties de son œuvre depuis sa sortie : « On est nominés, c’est une belle nouvelle. Quand je l’ai appris, j’ai été surtout touché car nous avons été énormément attaqués et accusés de collaboration. Certains croient qu’une campagne négative est bénéfique pour le film, mais c’est faux. À Beyrouth, elle a polarisé le peuple. » Rita Hayek, l’actrice principale, remercie chaleureusement le réalisateur : « Merci de t’être battu pour nous. Tu as changé l’histoire du cinéma libanais avec la présentation aux Oscars. » Toute l’équipe franco-libanaise du film est présentée sous le regard impatient des spectateurs, en grande majorité français.


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Victimes et bourreaux
L’histoire se déroule en 2016. Suite à un malentendu autour d’une gouttière, un réfugié palestinien (Yasser) insulte Toni, libanais chrétien et phalangiste fervent. Le conflit dégénère physiquement et verbalement pour se terminer au tribunal. Le procès qui suit va soulever de vives tensions et largement dépasser l’objet de la plainte. Les deux protagonistes échangent des propos extrêmement violents tout en révélant à quel point les notions de victime et de bourreau sont variables selon la perspective choisie. Chacun reproche à l’autre de s’attribuer le monopole de la souffrance. L’intrigue est policière et psychologique, et les cicatrices multiples de la guerre refont douloureusement surface par les mots et les retours en arrière.

La réaction des artistes à chaud
À la sortie de la salle, Joëlle Touma, coscénariste du film, se réjouit que le public ait été aussi impliqué et touché durant la présentation : « Ça dépasse toutes mes espérances que les spectateurs non libanais s’identifient et adhèrent au film. » Et Ziad Doueiri de rappeler que « si on est là, c’est parce qu’on a sorti le film à Beyrouth ». « Il faut lutter contre l’obscurantisme et continuer à se battre pour la liberté d’expression, c’est tout ce qui nous reste », souligne-t-il. Pour Mike Massy, présent à l’avant-première, « ce film est très intelligent, il mérite amplement sa nomination aux Oscars. Les acteurs sont merveilleux et ont réalisé un travail remarquable, je suis ému ».


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Un public varié et convaincu
C’est le langage qui est l’acteur principal de ce film, il noue et dénoue le conflit. L’insulte le déclenche, les excuses (presque impossibles) l’apaisent. L’enjeu est linguistique : où est la limite de ce qu’on peut dire ou pas ? Malgré le filtre des sous-titres, la force des dialogues est pleinement rendue par le jeu des acteurs, et le public, essentiellement français, réagit aux traits d’humour, aux détournements lexicaux, aux situations parfois cocasses qui sont le contrepoint d’une haine viscérale. « C’est très bien filmé, la thématique est magnifique et politiquement intelligente. La nomination est méritée et le succès assuré », remarque un spectateur français d’une cinquantaine d’années, en sortant de la salle. Marc, un jeune étudiant, a apprécié le « thème de la réconciliation ». Une jeune Syrienne est moins convaincue par le dénouement : « Les acteurs jouent très bien, mais la fin du film avec les excuses et le sourire échangé, c’est comme un paradis, ce n’est pas le réel. »

Emilio el-Dib, auteur du Liban expliqué à mes proches, explique ce qui lui a plu dans le film : « Je suis né après la guerre civile et le film m’éclaire sur la société libanaise d’aujourd’hui. Il y a un écho évident avec la crise syrienne actuelle, on retrouve aussi les vifs affrontements de rue liés à des tensions politiques. Dans l’imaginaire collectif, tout va bien au Liban, mais la réalité est une société fracturée. L’Insulte s’adresse à chaque être humain et questionne ses doutes, ses choix et sa responsabilité dans le choix de ses mots. »



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Mardi 30 janvier, Ziad Doueiri et son équipe étaient présents pour présenter L’Insulte à l’UGC des Halles. Une foule de spectateurs se pressait devant l’entrée, mais tous n’ont pas pu entrer. Dans une salle comble et silencieuse, découverte d’un long-métrage nommé pour l’Oscar du meilleur film étranger. « On est fragiles et mon film montre cette fragilité. »...

commentaires (2)

Vu le film en Belgique, je lui souhaite beaucoup de succès, atmosphère pesante du debut à la fin, félicitations à Ziad Douieri de montrer un certain Liban et ses blessures, tout cela soutenu par des comédiens brillants ! Ce film mérite sa nomination aux Oscars !

Coeckelenbergh Cartenian

11 h 27, le 01 février 2018

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Commentaires (2)

  • Vu le film en Belgique, je lui souhaite beaucoup de succès, atmosphère pesante du debut à la fin, félicitations à Ziad Douieri de montrer un certain Liban et ses blessures, tout cela soutenu par des comédiens brillants ! Ce film mérite sa nomination aux Oscars !

    Coeckelenbergh Cartenian

    11 h 27, le 01 février 2018

  • Dans l'espoir qu'il aura beaucoup de succès. C'est un film méritant, bravo

    Sarkis Serge Tateossian

    03 h 31, le 01 février 2018

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