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Culture - Design

L’insoupçonnable légèreté du marbre

À la galerie Joy Mardini, le marbre est à l’honneur. Il joue même la vedette, élégante et branchée, de trois séries mobilières conçues par Carla Baz.

Des tables en marbre et flaque de résine, signées Carla Baz, qui sortent du conventionnel.

Trop souvent victime d’une image un peu désuète, le marbre amorce ces dernières années son grand retour chez les jeunes designers libanais qui semblent apprécier son élégance et son intemporalité. Mais si la plupart d’entre eux l’utilisent de façon plutôt classique, en l’associant à d’autres matériaux nobles comme le laiton ou le bois, Carla Baz a, pour sa part, décidé de s’y attaquer d’une manière (relativement) inédite. En en bousculant les codes. En le décontextualisant. En l’allégeant même de sa propension à la lourdeur. Et en en faisant l’unique matière et source de son inspiration.

Et pourtant, à l’origine, la designer avait un a priori vis-à-vis de cette pierre qu’elle jugeait lourde et ringarde… Jusqu’à ce qu’elle se retrouve dans une marbrerie, pour les besoins d’une collaboration avec la marque Senteurs d’Orient, sur un projet de porte-savons en marbre. Là, elle découvre, avec étonnement, la beauté intrinsèque de cette roche aux couleurs qui varient en fonction de ses différentes provenances : verte du Guatemala, grise veinée de bleu du Brésil (Azul Macauba), blanche (Statuaro), grise et noire d’Italie (rosso du Vento) ou encore rose du Liban. Conquise par la délicatesse de ses veinures sous son apparente robustesse, elle décide de se lancer un challenge créatif en repensant le marbre dans des applications moins conventionnelles.

Exit donc le traditionnel plateau de commode ou de desserte en marbre, ce sont des pièces d’ameublement contemporaines et entièrement façonnées dans ce matériau qu’elle présente jusqu’à fin juin, chez Joy Mardini Design Gallery. Trois séries mobilières baptisées Stratagems en référence aux strates de cette roche veinée et à son aspect de pierre luxueuse. Et qui, outre le parti pris de la monomatière (relevé de touches de métal peint, de laiton ou encore, plus étonnant, de résine), jouent la carte de la fantaisie, de la couleur et du renouveau, sans se déparer de leur élégance.


(Pour mémoire : Starch, l’incubateur libanais de talents, vient de désigner sa promo 2018)



Résine transgressive
Ainsi, la jeune femme s’est amusée à transgresser la sacro-sainte splendeur intouchable du marbre (blanc, noir, vert, bleuté ou encore rosé) en ajoutant, au centre de ses tables, des flaques de résine colorée (en turquoise, vert, rose ou orangé…). Dans la série des luminaires, elle a joué le surprenant registre des découpages et collages de cette pierre dure sur les tiges (en métal coloré) des lampes de table ou sur pied. Et dans celle des bibliothèques, elle a travaillé sur un système de cloisons modulables (également disponibles dans différentes variétés) à l’épaisseur ordinaire amincie pour y intercaler les étagères en plaque de verre.
Liberté, modernité et légèreté caractérisent donc cette cuvée exclusivement « marbrée » de Carla Baz, mais à la patte néanmoins reconnaissable à ses lignes épurées et ses formes circulaires et organiques. « En retravaillant les épaisseurs, j’ai voulu introduire un esprit nouveau mais aussi faire en sorte que cette série, réalisée exclusivement dans un matériau considéré comme cher, luxueux et immuable, soit plus modulable et accessible au niveau du prix », signale cette trentenaire qui envisage le design comme une sculpture fonctionnelle et abordable.

* JOY MARDINI DESIGN GALLERY
406, rue Gouraud, Gemmayzé. Jusqu’au 20 juillet. Du lundi au vendredi, de 10h à 18h. Samedi de 12h à 17h. Tél. 01- 443 263.


Carla Baz, carte de visite
Diplômée de Penninghen à Paris en architecture d’intérieur et design de meubles, puis de l’ECAL en Suisse (l’École cantonale d’art de Lausanne), Carla Baz a fait ses classes sous les directions successives des frères Bouroullec, Humberto et Fernando Campana, d’Edward Barber et de Jay Osgerby, parmi d’autres... Elle a également fait des stages chez Burberry, Vivienne Westwood ou encore Zaha Hadid à Londres, avant de retourner au Liban, en 2013, année où elle décroche le prix de la Fondation Boghossian dans la catégorie design.


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