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Lifestyle - La mode

Le Starch nouveau est arrivé

Fondé en 2008, bien avant la prolifération à Beyrouth des structures de soutien aux start-up, par le couturier Rabih Kayrouz et la consultante en style et communication Tala Hajjar, l’incubateur de talents Starch vient de désigner sa promotion 2018. Elle comprend 7 talents, parmi lesquels trois créateurs de mode, un duo d’architectes, un illustrateur et un réalisateur-photographe. Qui est qui ?

Starch, la promotion 2018. Photo Tareck Raffoul

Dès le départ, Starch était un projet solide et parti pour durer, porté par la vision et la générosité de Rabih Kayrouz et Tala Hajjar. D’une promotion l’autre, les élus ont bénéficié d’une visibilité de plus en plus dynamique, entre un espace d’exposition à Saifi Village, une communication intensive dans les principaux médias qui en redemandaient et des participations à de grandes foires et expositions internationales, parmi lesquelles le Fashion Forward à Dubaï pour les jeunes créateurs de mode. Les talents prometteurs détectés par la fondation Starch ont toujours tenu leurs promesses. Suivis de près tout au long de la préparation de leurs projets, accompagnés dans toutes les étapes du processus, entre lancement, communication, financement et diffusion, ils ont déjà, à l’arrivée, de quoi tenir tout seuls, en vrais professionnels. 

Pour sa dixième promotion, la fondation a investi un nouvel espace en bord de mer, sur l’avenue du Parc, à Beyrouth, dans le prestigieux immeuble Karagulla. Cette nouvelle boutique a été décorée par le duo d’architectes et designers T&T, dans un esprit minimaliste et efficace où le blanc s’habille de textures. 


T&T, les designers

Thomas et Thea Billas se sont connus à l’atelier de fabrication de luminaires PSlab. Thomas est un designer industriel qui a fait ses études à La Cambre, en Belgique. Thea se situe, pour sa part, à la croisée de l’architecture et du design, ayant obtenu son diplôme d’architecte à l’AUB avant de se spécialiser en conception d’objets au Royal College of Art, à Londres. Conteurs nés, ces deux artistes étaient faits pour fusionner tant leurs sensibilités sont similaires. « Notre approche, confient-ils, est simple mais ne l’est pas. Nous intervenons sur des systèmes existants, espaces et objets dans l’espace. Nous analysons leurs histoires, nous les décrivons, les disséquons, les interprétons, les retranscrivons dans de nouvelles possibilités narratives qui soit les reflètent, soit les transforment. 

Pour le nouveau showroom de Starch, les deux concepteurs ont imaginé une boutique qui s’appellerait Alf Lira Wlira (Mille et une livres). Un espace modeste, représenté sur le carton d’invitation de l’inauguration par un billet de 1 000 LL, dans lequel sont invitées à se rencontrer « 1 000 idées documentées en 1 000 étapes, vendues et revendues 1 000 fois ; 1 000 styles, 1 000 matériaux et 1 000 architectures, 1000 créateurs qui n’en font qu’un ». Ce concept est représenté par les 1 000 hachures qui texturent les murs blancs. L’argent est ici un passeur de désir et un puissant réalisateur commun. 


Rafik el-Hariri, l’illustrateur

À 24 ans, ce jeune artiste, homonyme du Premier ministre assassiné mais qui distingue son prénom par un k final, se sert du dessin pour touiller en chacun l’émotion enfouie des premières fois. Concepteur graphique à la base, il a choisi par la suite de poursuivre la voie de sa passion pour l’illustration et la création d’images. Sélectionné par Starch pour la promotion 2018 de la fondation, il crée désormais une imagerie visuelle pour divers commandes et projets éditoriaux. Son travail reflète sa fascination pour l’hermétisme, la Terre nourricière et l’expérience humaine. À travers ses dessins qui vont droit au cœur, il s’efforce de réveiller la magie dans la banalité des choses ordinaires et de donner à apprécier les petits riens en s’attachant à l’univers de l’enfance. Son ouvrage Little Things a ce pouvoir de donner les larmes aux yeux avec, justement, trois fois rien. 


Tareck Raffoul, le documentariste et photographe

À 28 ans, et fort d’un master en film documentaire, Tareck Raffoul a déjà dans son escarcelle un prix de réalisation. Les photos qu’il prend en marge de ses tournages se distinguent par leur audace et leur onirisme. Le fantasme et le surnaturel irriguent ses créations. Son projet Ashes to Nature , exposé au nouvel espace Starch, déploie une conception très personnelle de la vanité, mêlant terre et chair, végétation et carnation. Dans ses images, le cadavre trouve sa finalité dans sa propre substance, délesté de l’âme et à nouveau infusé de vie par la nature elle-même qui s’en nourrit et l’intègre à son cycle infini. « Dans mes photos, souligne l’artiste, la mort est représentée comme une autre forme de vie. Mon objectif est de vous transporter dans un univers d’espérance et vous permettre de visualiser la vie tant dans la vie elle-même que dans l’après-vie. »


Salim Cherfane, styliste

Ce créateur, formé en design et direction artistique dans les ateliers de l’Académie libanaise des beaux-arts, a l’avantage de dépasser tout le monde d’au moins une tête. Sa grande taille est accentuée par ses cheveux teints en bleu, comme s’il avait, en passant, accroché un peu de ciel à sa tête. Rien ne le disposait vraiment à dévier vers la création de vêtements si ce n’est justement son amour fou des couleurs. Vibrantes, pulsantes, il voudrait en saturer son univers. Sa collection lancée dans le cadre de la promotion 2018 de Starch, sous l’étiquette Jeu de mains, décline des collages de couleurs audacieuses sur des silhouettes puissantes aux coupes nettes. Il crée ainsi un prêt-à-porter polyvalent, à la fois graphique et ludique. « La création me rend heureux, affirme-t-il, et je voudrais rendre ce bonheur en créant des pièces qui permettent à ceux qui les portent d’étinceler. » 


Rafah Seoud, styliste

Beyrouthine de source et de cœur, cette créatrice de mode a fait ses études à la LAU, brillant élément de la première fournée de stylistes formée en collaboration avec le London College of Fashion et parrainée par Élie Saab. Fait assez rare, elle s’est surtout intéressée, comme l’a fait Stella McCartney avant elle, à la couture masculine que seuls maîtrisent les grands faiseurs. C’est en se distinguant dans le « tailoring » et le travail artisanal qu’elle a obtenu, en juin 2017, le prix d’excellence en réalisation manuelle et attiré l’attention de Starch qui l’a aussitôt enrôlée dans ses rangs. Sa quête, désormais, consiste à créer une transition évidente entre le vêtement masculin et le vêtement féminin. Sa marque, Rafa Homme, est une plateforme dont l’objectif est de remettre en question les normes en mettant en avant les questions environnementales et sociétales à travers une nouvelle narration. 


Yassmin el-Saleh, styliste

Née à Beyrouth mais élevée à Abou Dhabi, Yassmin el Saleh a vécu sa période d’études à la LAU/London College of Fashion sous l’égide d’Élie Saab comme un retour aux sources. Son diplôme en poche, elle a été recrutée par la maison Élie Saab où elle a confirmé son apprentissage entre Paris et sa ville natale. Enrôlée par Starch, elle décide de raconter une histoire différente à travers chacune de ses collections dont l’identité sera résolument minimaliste avec un accent particulier sur l’artisanat et le travail de la main, entre textiles et couture. Hantée par la guerre du Liban qu’elle n’a pas vécue, mais dont elle perçoit les effets sur les femmes de son entourage, elle s’inspire de la poésie d’Etel Adnan et des photographies de cette époque pour exhumer le refoulé entre couleurs et textures. 

En somme, la nouvelle promotion de Starch, avec ses divers talents, converge vers une vision de plus en plus conceptuelle et profonde de la création artistique, révélant une génération d’artistes particulièrement mûrs, dont le geste est avant tout porteur de sens.


Pour mémoire

Starch à la conquête de Londres

Dès le départ, Starch était un projet solide et parti pour durer, porté par la vision et la générosité de Rabih Kayrouz et Tala Hajjar. D’une promotion l’autre, les élus ont bénéficié d’une visibilité de plus en plus dynamique, entre un espace d’exposition à Saifi Village, une communication intensive dans les principaux médias qui en redemandaient et des participations à de...

commentaires (1)

L'immeuble Karagulla de la photo resemble un peu le style moderniste de Oscar Niemeyer a Tripoli (la Rachid Karame foire internationale de Tripoli) ... Personellement je n'aime pas trop ce style mais apparement dans le monde de mode et style on aime ce decor.

Stes David

18 h 09, le 25 avril 2018

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Commentaires (1)

  • L'immeuble Karagulla de la photo resemble un peu le style moderniste de Oscar Niemeyer a Tripoli (la Rachid Karame foire internationale de Tripoli) ... Personellement je n'aime pas trop ce style mais apparement dans le monde de mode et style on aime ce decor.

    Stes David

    18 h 09, le 25 avril 2018

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