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Liban - Circonscriptions

Législatives 2018 : Anatomie du vote au Mont-Liban IV

Le scrutin consacre le leadership joumblattiste et met en relief une quasi-hégémonie du tandem CPL-FL sur la rue chrétienne.

La circonscription du Mont-Liban IV regroupant les cazas du Chouf et de Aley a été le théâtre d’une importante bataille électorale le 6 mai, même si cette circonscription est une « terre joumblattiste incontestée et incontestable », comme on le souligne dans certains milieux politiques. Un constat que confirment, d’ailleurs, les résultats du scrutin.

La bataille électorale y a opposé les trois pôles du leadership druze, en l’occurrence Teymour Joumblatt, Talal Arslane et Wi’am Wahhab, ainsi que les principales formations chrétiennes : le Courant patriotique libre, les Forces libanaises, les Kataëb et le Parti national libéral de Dory Chamoun, ces deux derniers étant sur une même liste face aux deux autres formations. Au Mont-Liban IV, la bataille concernait treize sièges : cinq maronites, quatre druzes, deux sunnites, un grec-catholique et un grec-orthodoxe.

Le Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt a mis de côté son différend avec le courant du Futur pour présenter une liste commune avec lui. Une alliance à laquelle les Forces libanaises n’ont pas tardé à se joindre, en dépit de leur récente querelle politique avec la formation de Saad Hariri.

En face, le Parti démocrate libanais, qui est parvenu à reconduire son chef, Talal Arslane, à l’un des sièges druzes de la circonscription, a tissé une alliance avec le CPL de Gebran Bassil. La liste ainsi formée a fait face à celle de l’alliance tripartite PSP-FL-Futur, mais aussi à deux autres : une liste parrainée par le tandem Kataëb-PNL et regroupant des personnalités indépendantes, et une dernière composée par le chef du parti Tawhid, Wi’am Wahhab. La société civile, elle, a présenté deux listes : la première baptisée Madaniya et la seconde placée sous le label Koullouna Watani.


(Lire aussi : Législatives libanaises : Anatomie du vote à Rachaya-Békaa-Ouest)


Les chiffres officiels
Selon les résultats officiels communiqués par le ministère de l’Intérieur, sur les 343 844 électeurs inscrits, seules 173 320 personnes ont pris part au scrutin. On compte 2 683 bulletins annulés et 1 498 votes blancs. Les suffrages exprimés s’élèvent donc à 170 637 répartis comme suit : 1 498 bulletins blancs, 98 967 voix pour la liste « La réconciliation » parrainée par le PSP, les FL et le Futur, 39 027 voix pour la liste née de l’alliance Arslane-CPL et baptisée « La garantie de la Montagne », et 12 796 pour « L’unité nationale » de M. Wahhab.

Pour ce qui est des opposants, leur liste, « La décision libre », fruit d’une alliance entre le PNL et les Kataëb, a remporté 5 446 suffrages, à l’heure où Koullouna Watani a obtenu 9 987 voix, contre 2 916 votes seulement pour la liste « Madaniya ». Le coefficient électoral qui n’est autre que le seuil d’éligibilité est donc de 13 125,923. Les listes « La décision libre », Koullouna Watani, « Madaniya » et « L’unité nationale », n’ayant pas atteint ce seuil, n’ont remporté aucun siège.

C’est à ce stade que l’on procède au partage des sièges entre les listes qualifiées. La liste « La réconciliation » a enregistré un score de 9,223, soit 9 sièges. Quant à « La garantie de la Montagne », elle a enregistré un score de 3,637, soit trois sièges. La place restante est accordée à la liste ayant la décimale la plus élevée, en l’occurrence « La garantie de la Montagne ». Elle a donc quatre sièges.


(Lire aussi : Législatives 2018 : Anatomie du vote au Akkar)


Le vote préférentiel
C’est grâce au vote préférentiel que l’on identifie les vainqueurs. Il s’agit de Teymour Joumblatt qui a obtenu 11 478 voix, et de son colistier Marwan Hamadé qui représentera le Chouf après avoir été crédité de 7 266 suffrages. Le député Mohammad Hajjar est reconduit pour un nouveau mandat avec 10 003 voix, à l’heure où son colistier Bilal Abdallah fait son entrée à l’hémicycle avec 8 492 votes. Le député Georges Adwan occupera un des sièges maronites du Chouf (9 956 voix), alors que Nehmé Tohmé occupera le siège grec-catholique du même caza. Trois candidats de la liste « La réconciliation » représenteront la région de Aley. Il s’agit de Henri Hélou (7 894 votes), d’Akram Chéhayeb (14 088 votes) et d’Anis Nassar (7 872 voix préférentielles).

Parallèlement, la liste « La garantie de la Montagne » a créé la surprise en opérant une percée significative dans cette circonscription. À la faveur de ce constat, Mario Aoun et Farid Boustani ont remporté la bataille au Chouf avec 5 124 et 2 657 voix respectivement. En outre, le ministre sortant de l’Énergie et de l’Eau, César Abi Khalil, a été élu grâce à 8 124 votes préférentiels. Il est désormais un des députés de Aley, tout comme Talal Arslane, élu avec 7 887 voix préférentielles.

Ainsi, les candidats aounistes du Chouf ont remporté 7 781 voix, alors que Georges Adwan a obtenu seul 9 956 voix. En revanche, César Abi Khalil (CPL) a obtenu un score plus élevé que celui d’Anis Nassar, candidat FL à Aley.


(Lire aussi : Anatomie du vote à Kesrouan-Jbeil)


Les leaderships druze et chrétien
Le scrutin du 6 mai 2018 a donc consacré le leadership joumblattiste dans le fief le plus important du PSP où Teymour Joumblatt s’est retrouvé en tête des scores individuels au Chouf, alors qu’Akram Chéhayeb (également joumblattiste) s’est positionné en tête de ces scores à Aley. La victoire de Talal Arslane ne semble aucunement menacer ce leadership, surtout si l’on tient compte du fait que Walid Joumblatt s’est toujours engagé dans la bataille électorale au Chouf par le biais de listes incomplètes, pour laisser une place vacante à M. Arslane. Selon certains, il cherchait ainsi à conserver à ce dernier sa place sur l’échiquier politique, par respect pour la tradition yazbakite ancrée dans l’histoire politique des druzes et du Liban. Sauf que, dans les milieux proches de Talal Arslane, on perçoit les choses sous un autre angle : M. Joumblatt a évité un partage des voix qui menacerait nombre de candidats de sa liste, note-t-on, en insistant sur le caractère « risqué » d’une telle « aventure ».

Interrogé par L’OLJ, un proche de Moukhtara semble réconforté quant aux résultats du scrutin, « surtout que le nouveau code électoral ne permet pas d’enregistrer de meilleurs scores », dit-il à L’Orient-Le Jour. Il note toutefois que le faible taux de participation « reflète un grave rejet populaire du discours politique actuel ».

Autre conclusion que l’on tire des législatives 2018 : les élections au Mont-Liban IV ont véritablement consacré l’hégémonie du tandem CPL-FL sur la représentation chrétienne, même si Henri Hélou et Nehmé Tohmé font exception et gravitent dans l’orbite joumblattiste. L’échec de Camille Dory Chamoun dans un fief historique du PNL en est la preuve la plus éclatante…



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