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Liban - Circonscriptions

Législatives 2018 : Anatomie du vote au Akkar

Les élections dans cette lointaine contrée, privée de développement par le gouvernement central, ont pourtant favorisé les grands partis traditionnels.

Deux listes se sont partagé les sept sièges de la circonscription du Akkar (trois sunnites, deux grec-orthodoxes, un alaouite et un maronite) : celle du « Futur pour le Akkar », liste du courant du Futur avec un candidat Forces libanaises, et celle du « Akkar fort », avec des candidats du Courant patriotique libre, la Jamaa islamiya et des indépendants. 

Le courant du Futur s’est taillé la part du lion dans ces élections du Akkar, puisque sa liste a récolté 76 452 voix, lui permettant de rafler cinq sièges : les sunnites Mohammad Sleimane (14 911 voix), Mohammad Tarek Merhebi (14 145 voix), Walid Baarini (20 426 voix), le candidat grec-orthodoxe FL, le général à la retraite Wehbé Katicha (7 911 voix), le député sortant maronite Hadi Hobeiche (13 055 voix). 

Notons que deux de ces candidats élus sont des fils d’anciens députés, Talal Merhebi et Wajih Baarini. Pour ce second, la campagne électorale avait une saveur particulière puisqu’il se présentait contre son propre fils dans une liste rivale : « La décision pour le Akkar », qui a récolté en tout 14 449 voix et 0 sièges (M. Baarini père n’a eu que 665 voix). 


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L’autre liste gagnante avec deux sièges a été celle du « Akkar fort », qui a permis au CPL de se faire représenter pour la première fois dans ce mohafazat, avec le grec-orthodoxe Assaad Dergham (7 435 voix) et le alaouite Moustapha Hussein (1 353 voix). La liste a réussi en tout à séduire 34 430 électeurs. 

À savoir que le coefficient électoral de cette circonscription était de 15 960 voix. Quatre listes ont été éliminées, celle du « Liban souverain », « la décision pour le Akkar », « la décision du Akkar » (avec des personnalités issues de la société civile) et, enfin, celle qui était la seule liste exclusivement formée de femmes dans tout le pays, « les femmes du Akkar » qui avait suscité un certain engouement auprès de l’électorat). 

Les élections au Akkar, une région traditionnellement oubliée du gouvernement central et nécessitant un plan de développement qui tarde à se concrétiser, ont donc consacré la victoire de grands partis : le courant du Futur qui a pu garder un nombre honorable de sièges malgré le passage au système proportionnel, réussissant notamment à maintenir en son bloc les trois sièges sunnites, et le CPL qui a réussi à ouvrir une brèche dans cette circonscription. Les FL ont, eux, réussi à faire élire leur candidat sur la liste du Futur. 


(Lire aussi : Législatives libanaises : Anatomie du vote à Baabda)


Non-homogénéité des listes ? 

Antoine Daher, médecin, militant écologiste et habitant du Akkar, observateur attentif des élections, précise à L’Orient-Le Jour avoir perçu « une nette crainte du Futur de perdre des sièges, d’où la tournée du Premier ministre Saad Hariri qui a ravivé, entre autres, le souvenir de son père, tout en faisant des promesses pour l’avenir ». « Pour moi, les natifs du Akkar, surtout les sunnites, votent le plus souvent avec leur cœur, poursuit-il. Ils ont choisi l’affection qu’ils portent pour Saad Hariri, d’autant plus qu’il n’y a pas d’autre leader sunnite qui a su les toucher de cette même manière. » 

Une autre observation d’Antoine Daher fondée sur les résultats détaillés des régions : le CPL a prouvé non seulement qu’il avait une présence dans la circonscription, mais qu’il est le principal pôle qui attire les voix chrétiennes en particulier, même si deux sièges chrétiens, un maronite et un grec-orthodoxe, ont été gagnés sur la liste du Futur, l’un d’eux par un autre parti chrétien, les FL. 

Par ailleurs, le militant note un taux d’abstention qui, sans être supérieur à la moyenne nationale, est quand même non négligeable : près de 137 000 votants pour presque 300 000 inscrits. « Les électeurs se sont plaints en particulier de la non-homogénéité des listes, d’où le fait qu’ils ont parfois réfréné de voter pour leur candidat préféré afin de ne pas favoriser d’autres qui ne les représentent pas du tout », explique-t-il. 


(Lire aussi : Législatives 2018 : Anatomie du vote à Tyr-Zahrani)


Cette non-homogénéité se reflète surtout par la présence de figures qui ne s’insèrent pas toujours dans l’histoire d’un parti donné, comme Walid Baarini, qui était jusque-là l’ombre d’un père à l’opposé de la politique du Futur, et qui se retrouve sur la liste de ce parti. Antoine Daher donne aussi l’exemple de la liste rivale où l’élu alaouite Moustapha Hussein a, à une époque, été un député du Futur avant de déserter ce camp. D’un autre côté, le CPL avait noué une alliance avec la Jamaa islamiya pour former cette liste, ce qui a peut-être renforcé les chances des candidats sunnites du Futur, préférés pour leur modération. Enfin, même entre les candidats chrétiens, Assaad Dergham qui a été élu et Jimmy Jabbour qui ne l’a pas été, malgré ses 8 667 voix – le nombre le plus élevé de la liste – il y aurait eu une répartition des voix qui a réduit les chances du second, pourtant militant chevronné, de battre son rival Hadi Hobeiche. 

Les résultats des élections sont tombés, et avaient été annoncés avec un certain retard, pour un décompte de voix supplémentaire, rappelons-le. Pour le quotidien des Akkariotes, cela changera-t-il grand-chose ? Malgré le bénéfice du doute naturellement accordé aux nouveaux venus, Antoine Daher se demande si une nouvelle vision pour le développement de cette région, et la protection de son environnement, sera apportée par les élus, et si ceux-ci sauront être à l’écoute de la population de cette lointaine contrée. 



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