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À La Une - Iran-USA

Washington promet de "traquer les agents iraniens et leurs supplétifs du Hezbollah pour les écraser"

Présentant une nouvelle stratégie de pression maximale sur Téhéran, le chef de la diplomatie US a énuméré douze conditions pour conclure un "nouvel accord" avec l'Iran.

Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo, présentant la nouvelle stratégie américaine après le retrait de l'accord sur le nucléaire iranien, le 21 mai 2018 à Washington. REUTERS/Jonathan Ernst

Les Etats-Unis ont menacé l'Iran de sanctions "les plus fortes de l'Histoire" si Téhéran ne se plie pas à leurs conditions draconiennes pour conclure un "nouvel accord" beaucoup plus vaste, après le retrait américain controversé du texte sur le nucléaire iranien.

"L'Iran n'aura plus jamais carte blanche pour dominer le Moyen-Orient", a déclaré lundi le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo en présentant la "nouvelle stratégie" des Etats-Unis après la décision fracassante annoncée le 8 mai par Donald Trump.

"Qui êtes-vous pour décider pour l'Iran et le monde? L'époque de telles déclarations est révolue", a réagi le président iranien Hassan Rohani -- un modéré que le secrétaire d'Etat américain a tenu à mettre, dans son discours, sur le même plan que les durs du régime.

Dans son discours, le secrétaire d'Etat américain a également promis de "traquer les agents iraniens et leurs supplétifs du Hezbollah à travers le monde pour les écraser".Mercredi, le Bureau du contrôle des avoirs étrangers (Office of Foreign Assets Control – OFAC) du département du Trésor américain, en coopération avec l'Arabie saoudite et plusieurs pays du Golfe, avait ajouté sur leur liste de personnalités reconnues comme terroristes et frappé de sanctions financières le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah et neuf autres cadres du parti chiite, dont le secrétaire général adjoint Naïm Kassem, ainsi que Mohammad Yazbeck, Hussein Khalil et Ibrahim Amine el-Sayyed.

Les Etats-Unis ont placé le Hezbollah sur leur liste d'organisation "terroriste" et lui impose, ainsi qu'à ses cadres, des sanctions économiques et bancaires. Depuis 2013, l'Union européenne considère aussi la branche armée du mouvement comme une organisation "terroriste". En 2016, les six pétromonarchies sunnites du Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Qatar et Oman) et la Ligue arabe ont également classé le Hezbollah chiite comme "terroriste".


(Lire aussi : L'Iran dénonce les sanctions de Washington et des pays du Golfe contre le Hezbollah)


Douze conditions

Dans son discours, l'ex-directeur de la CIA a assuré que les Etats-Unis allaient exercer une "pression financière sans précédent sur le régime iranien", avec "les sanctions les plus fortes de l'Histoire". Les récentes annonces ne sont "que le début". Le ministère américain de la Défense a parallèlement envisagé de prendre de "nouvelles mesures" pour contrer l'influence iranienne au Moyen-Orient.

Mike Pompeo a toutefois affiché une possible ouverture à l'égard du régime iranien, se disant prêt à négocier avec lui un "nouvel accord" beaucoup plus vaste et beaucoup plus strict pour qu'il "change d'attitude". "En échange de changements majeurs en Iran, les Etats-Unis sont prêts" à lever, à terme, leurs sanctions et à "rétablir l'ensemble des relations diplomatiques et commerciales". Mais cela n'interviendra qu'après des "évolutions concrètes, prouvées et sur la durée" sur douze conditions draconiennes présentées par le secrétaire d'Etat.

Sur le volet nucléaire, les demandes américaines vont bien au-delà de l'accord de 2015: l'Iran doit reconnaître la dimension militaire passée de son programme; cesser tout enrichissement d'uranium et fermer son réacteur à eau lourde; donner aux inspecteurs internationaux accès sans conditions à tous les sites du pays. Téhéran, a-t-il poursuivi, doit aussi mettre fin à la prolifération de missiles balistiques et aux développement et essais de missiles à capacité nucléaire. Enfin, la République islamique doit se retirer de Syrie où elle soutient le régime de Bachar el-Assad, cesser de soutenir des groupes "terroristes" (Hezbollah, Jihad islamique palestinien, talibans afghans et el-Qaëda), de s'ingérer dans les conflits ou les affaires de ses voisins (au Yémen, en Irak ou au Liban), ou d'en menacer d'autres, comme Israël ou l'Arabie saoudite, a énuméré Mike Pompeo.

"L'idée d'un traité iranien géant me semble très difficile" et "pas très facile à réaliser dans des délais vaguement raisonnables", a prévenu son homologue britannique Boris Johnson depuis une réunion du G20 en Argentine.

Ces douze conditions "peuvent sembler irréalistes", a reconnu Mike Pompeo, mais ce sont des demandes "basiques". "Au bout du compte, le peuple iranien devra faire un choix sur ses dirigeants", a-t-il lancé.

Ces derniers propos "soulignent à quel point la stratégie américaine est explicitement celle d'un changement de régime", a commenté Suzanne Maloney, chercheuse à la Brookings Institution. Selon elle, l'administration Trump "pense pouvoir obtenir des concessions maximalistes en utilisant, de manière unilatérale et malgré l'opposition de nos alliés, les mêmes outils déployés avec un vaste soutien international" avant 2015.

Au contraire, cette "pression maximale", qui rappelle la stratégie pour la Corée du Nord, a été saluée par des analystes conservateurs comme Mark Dubowitz, du think tank Foundation for Defense of Democracies.


(Lire aussi : Trump, l’Iran, l’Europe : la révolte des agneaux ?)


"Soutien"
Le "non" américain à l'accord conclu en 2015 par les grandes puissances (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) avec le régime de Téhéran pour l'empêcher de se doter de la bombe atomique a suscité la colère des Européens, qui avaient tenté, en vain, de négocier avec Washington des solutions pour le "durcir" et s'attaquer aux autres comportements iraniens jugés "déstabilisateurs" dans la région.

Cette décision induit le rétablissement total des sanctions américaines, avec un effet collatéral dénoncé par le Vieux Continent: les entreprises européennes devront abandonner leurs investissements iraniens si elles veulent garder l'accès au marché américain.

L'Union européenne attendait donc le discours de Mike Pompeo. Or le secrétaire d'Etat américain, connu pour sa ligne dure, ne leur a pas vraiment tendu la main. Il a réclamé le "soutien" des alliés des Etats-Unis à sa stratégie, et, tout en reconnaissant les difficultés des entreprises européennes, il a fermement prévenu: celles qui continueront de faire affaire en Iran dans des secteurs interdits par les sanctions américaines "seront tenues responsables".



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commentaires (3)

ON VA ASSISTER A DES DECULOTTAGES AYATOLLAHIENS ACCELERES DANS LE PROCHE ET MOYEN AVENIR LORSQUE LES SANCTIONS FERONT TRES MAL ! L'UE NE SERVIRA A RIEN.

LA LIBRE EXPRESSION

18 h 04, le 21 mai 2018

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Commentaires (3)

  • ON VA ASSISTER A DES DECULOTTAGES AYATOLLAHIENS ACCELERES DANS LE PROCHE ET MOYEN AVENIR LORSQUE LES SANCTIONS FERONT TRES MAL ! L'UE NE SERVIRA A RIEN.

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 04, le 21 mai 2018

  • Qu'on le veuille ou non, il est plus que certain que rien ne resistera à l'étau financier.

    Remy Martin

    17 h 49, le 21 mai 2018

  • J'ignorais totalement que l'Iran NPR et le hezb resistant libanais avait carte blanche par le passé, POUR DOMINER au M.O. MER.E ALORS L'AXE DE LA RÉSISTANCE AURAIT MIEUX FAIT D'EN PROFITER . HAHAHAHA....

    FRIK-A-FRAK

    17 h 36, le 21 mai 2018

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