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Liban - Citoyen grognon

Indignes de porter le nom d’écoles

Maintenant que les législatives sont terminées, il est largement temps de se pencher sur une consternante réalité. Celle de la grande vétusté des écoles publiques, de leur absence d’équipements, de leur extrême laideur, de leur saleté crasse, de l’état déplorable de leurs bâtiments. Une réalité que les électeurs ont eu tout le loisir d’observer, jusqu’aux coins les plus reculés du pays, lorsqu’ils ont fait la queue dans les étroits couloirs des institutions éducatives publiques, qu’ils ont emprunté leurs escaliers, qu’ils ont déposé leurs bulletins dans les urnes, qu’ils ont eu une envie pressante…

Indignes de porter le nom d’écoles. C’est le moins que l’on puisse dire de ces lieux sans âme, sans hygiène, sans culture, et si peu accueillants, où les élèves issus de milieux défavorisés passent la majeure partie de leurs journées… et de leur enfance.

Dans le meilleur des cas, lorsqu’elle n’est pas aménagée dans une cave ou une vieille bâtisse fatiguée, l’école de quartier n’est autre qu’un immeuble en béton de plusieurs étages, sans ascenseur, sans jardin, sans espace de jeu. Une boîte aux airs de prison, dotée d’une minuscule cour intérieure. Le bâtiment est souvent impersonnel, terne et sans couleur, malmené par le temps et les enfants eux-mêmes. Ici, les murs sont sales et décrépits. Le besoin de ravalement et de peinture est urgent. Ailleurs, les toilettes sont à refaire. Au mieux, elles manquent d’eau, de savon, de papier toilette, de poubelles. Encore plus loin, point de cour de récréation, mais un espace exigu intra-muros, parsemé de déchets, où il est difficile d’imaginer des hordes d’enfants criant et jouant lors de leurs moments de détente.

Entrons maintenant dans des salles de classe. Ici, le sol est si noir de crasse qu’on est en droit de se demander s’il a été savonné, ne serait-ce qu’une fois, depuis le début de l’année scolaire. Essayons de nous asseoir, dans cette autre pièce : mission impossible, vu le nombre de bancs cassés, juste bons à être brûlés. Ailleurs, les classes sont sombres, étriquées, mal aérées, sinistres. Non seulement la lumière du jour n’y pénètre pas, mais l’électricité n’y fonctionne pas. Une question brûle les lèvres : comment les élèves réussissent-ils à lire et étudier ? Une question qui, l’espace d’une journée, a taraudé l’esprit de responsables d’un bureau de vote, à Zahlé, visiblement fatigués par l’obscurité ambiante.

Et ce n’est pas fini. Dans ces bâtiments délabrés et mal équipés, peu ou pas d’espace pour les enfants différents, qui souffrent de handicap, qui sont cloués sur leur fauteuil roulant. Ils ne sont pas les bienvenus à l’école publique. Ou alors, ils n’ont qu’à grimper les escaliers comme tous les autres élèves.

Peu d’espace aussi pour la culture, pour le rêve, pour l’art et la technologie. Dans nombre d’établissements réquisitionnés pour les élections, pas le moindre panneau d’affichage sur un thème donné. Il en est de même dans les classes, où la décoration est spartiate, mis à part quelques rares affiches griffonnées par des élèves, arborant des slogans patriotiques. Mais le plus consternant, c’est l’absence de bibliothèques, de salles d’ordinateur, de laboratoires. Sans parler du manque criant de terrains de sport et de jeux pour développer l’activité physique, si vitale pour le corps et l’esprit.

Le dénuement total, quoi, dans ces institutions scolaires, qui limitent leurs équipements à des tableaux noirs, des pupitres d’enseignants et des bancs d’élèves. Comme au siècle dernier, quoi ! Sans parler du niveau de l’éducation, qui peine à évoluer. Une illustration pure et simple du peu d’importance accordée à l’enseignement au pays du Cèdre.

Le budget de l’éducation publique s’élève à près de 1,4 milliard de dollars, en cette année 2018. Ce qui n’est pas négligeable, compte tenu que le secteur étatique n’héberge que le tiers des élèves du pays. Mais demeure largement insuffisant pour moderniser le secteur, sur base d’une vision claire, étalée sur plusieurs années. Alors que certaines institutions éducatives publiques tirent leur épingle du jeu et offrent aux élèves défavorisés un environnement, des prestations et des services tout à fait honorables, informatique et activités extrascolaires y comprises, l’enseignement public dans sa globalité traîne toujours la patte.
Avec la hausse importante des scolarités des écoles privées, il est pourtant amené à jouer un rôle primordial très rapidement.

Maintenant que les législatives sont terminées, il est largement temps de se pencher sur une consternante réalité. Celle de la grande vétusté des écoles publiques, de leur absence d’équipements, de leur extrême laideur, de leur saleté crasse, de l’état déplorable de leurs bâtiments. Une réalité que les électeurs ont eu tout le loisir d’observer, jusqu’aux coins les plus...

commentaires (4)

C,EST UNE HONTE POUR LE LIBAN !

LA LIBRE EXPRESSION

17 h 37, le 11 mai 2018

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Commentaires (4)

  • C,EST UNE HONTE POUR LE LIBAN !

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 37, le 11 mai 2018

  • Le manque de finances publiques est criant dans tous les secteurs, mais surtout à l'école, dans l'eau et le ramassage des ordures. Pour la propreté des classe il est permis de croire que de temps en temps les élèves pourront faire un effort. Dans certains pays riches par exemple, à la fin de l'année scolaire, les élèves sont retenus toute une journée pour le grand ménage & le nettoyage des classes. Ce n'est pas honteux. Mon commentaire n'enlève bien entendu en rien de la justesse des propos de Madame El-Hage.

    Shou fi

    15 h 36, le 11 mai 2018

  • Bravo Bravo il faudrait envoyer cet article au ministre de l'education ...

    Soeur Yvette

    11 h 02, le 11 mai 2018

  • tres juste. sauf qu'il faudra certainement mettre le boeuf avant la charrette : toute la politique de ce ministere doit etre IMPERATIVEMENT assainie,s'agissant des ecoles publiques : -les programmes revus ET modernises -les directeurs/directrices : les obliger a des cours de formation - re-insertion etc. passer ensuite des examens d'entree(appelez cela comme vs voulez ) -les enseignants itou -le nombre de ces derniers revu a la baisse

    Gaby SIOUFI

    10 h 51, le 11 mai 2018

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