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Économie - Télécoms

Fibre optique : au Liban, les premiers tests ont commencé

Si le déploiement du nouveau réseau était déjà programmé avant les élections, les professionnels locaux du commerce en ligne préfèrent rester prudents.

Les professionnels libanais du commerce en ligne espèrent que les annonces concernant le déploiement de la fibre optique seront rapidement suivies d’effets. Igor Stevanovic/Bigstock

Les opérateurs chargés du déploiement de la fibre optique – les sociétés à qui Ogero a attribué ce marché public en février, ainsi que les fournisseurs de données (Data Service Provider – DSP) à qui le ministère des Télécoms a donné son feu vert en avril – ont entamé les premières opérations préalables au déploiement de la fibre optique.
« Les premiers tests et projets pilotes ont été lancés d’un côté comme de l’autre, notamment à Achrafieh, Hamra et Ras-Beyrouth en ce qui concerne la capitale, ou encore à Tripoli-Bahsas ou encore Tyr. Les premières offres commerciales devraient être lancées en juin », confirme à L’Orient-Le Jour Habib Torbey, le PDG du DSP Globacom Data Service (GDS).
Pour sa part, Ogero a indiqué fin avril le lancement de la première phase du déploiement dans la capitale ainsi que dans plusieurs autres localités. L’office a mis une carte en ligne sur son site internet désignant les régions concernées.


(Pour mémoire : GDS, Waves et Trisat vont louer la fibre optique d’Ogero)


« Multiplié par vingt »
La modernisation du réseau internet au Liban fait partie des engagements du gouvernement sortant du Premier ministre Saad Hariri formé en décembre 2016, qui avait promis quelques jours après sa création de « multiplier par vingt » la vitesse de connexion, actuellement de 4 mégabits/seconde (Mb/s) en moyenne. Le gouvernement devrait en principe démissionner d’ici au 21 mai, le Parlement ayant été renouvelé lors des élections législatives de dimanche.
Mais le déploiement de la fibre optique avait été mis sur les rails quelques mois avant le scrutin, en deux temps. En février, Ogero a ainsi confié, via un appel d’offres, le déploiement de la fibre sur l’ensemble du territoire au chinois Huawei (avec la société libanaise Serta Channels), au finlandais Nokia (Powertech) et à l’américain Calix (BMB), pour 283 millions de dollars. La répartition des opérateurs et le choix des technologies utilisées doivent en principe varier d’une région à l’autre : FTTH (la fibre jusqu’à l’appartement) ; FFTB/FFTO (jusqu’à l’immeuble ou le bureau) ou FTTC (jusqu’à l’armoire de rue).
Un mois plus tard, le ministère des Télécoms a ensuite autorisé GDS ainsi que deux autres DSP, Waves (propriétaire du service Connect) et Trisat, à louer le réseau déployé par Ogero jusqu’à leurs abonnés respectifs. Il leur a également permis d’étendre le leur jusqu’aux utilisateurs qu’Ogero ne prévoit pas de raccorder en FTTH, contournant ainsi la suspension par le Conseil d’État en janvier de précédentes autorisations qui avaient été délivrées.
Le gouvernement sortant a entériné cette décision fin avril, selon M. Torbey, mais rien n’a encore été publié au Journal officiel.


(Lire aussi dans Le Commerce du Levant : Imad Kreidieh : « 85% des internautes verront leur vitesse de connexion multipliée par dix en 2018 »)


Garder les pieds sur terre
Face à cette effervescence, les professionnels du commerce en ligne, qui espèrent depuis des années voir le Liban se doter d’une infrastructure internet fiable et compétitive, préfèrent garder les pieds sur terre.
« Je suis heureux d’apprendre que les choses progressent mais je ne sais pas si cela va pouvoir se faire rapidement », estime Julien Fayad, associé-gérant de Shopbuilder, la première plateforme lancée au Liban pour livrer des sites web professionnel clés en main. En ligne depuis 2014 (shopbuilder.me), le site propose aux commerçants une plateforme avec les fonctionnalités nécessaires – ainsi qu’une identité visuelle – pour leur permettre de vendre eux-mêmes leurs produits en ligne, soit moyennant le paiement d’un abonnement, soit contre un pourcentage de leurs ventes selon une formule qui a été récemment lancée. Karim Saïkali, fondateur notamment de la plateforme de commerce en ligne buyLebanese.com, qui livre des produits libanais dans le monde entier, préfère lui aussi rester prudent. « J’espère que c’est sérieux, mais je suis généralement sceptique face à ce genre d’annonce », concède le pionnier, qui a lancé sa plateforme en 2000.
Les acteurs libanais du commerce en ligne ont globalement du mal à être satisfaits de la qualité des services internet dans le pays, 55e sur 143 au dernier classement de l’indice 2017 sur le commerce électronique d’entreprise à consommateur (B2C) de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced). « Pour l’instant, on ne relève en tout cas aucune amélioration notable », note-t-il. « Ailleurs, on fait des annonces lorsque le chantier est terminé. Au Liban, si le gouvernement est très fort pour annoncer de grands projets, il est toutefois beaucoup moins bon quand il s’agit de les livrer », affirme Julien Fayad. Plusieurs acteurs du secteur interrogés craignent en outre que le déploiement de la fibre optique, qui doit en principe couvrir l’ensemble du territoire, ne se limitera pas finalement pas à quelques régions où les loyers seront hors de prix.

Débit, prix et stabilité
Outre la vitesse de connexion, les professionnels se plaignent aussi de l’instabilité du débit et le rapport qualité prix des formules proposées. Ces aléas sont autant d’obstacles qui ralentissent le développement du commerce en ligne au Liban, même si les entrepreneurs jonglent avec les moyens du bord pour minimiser leur impact.
« Pour Shopbuilder, nous avons dû passer d’un abonnement à 60 dollars à une connexion dédiée à 300 dollars qui nous assure une connexion stable à une vitesse de 4 mb/s en moyenne, sans plus. Pour comparer, en Europe vous pouvez avoir la fibre optique (qui offre une vitesse de connexion qui grimpe à plusieurs dizaine de mb/s) pour 30 euros (35,7 dollars) », poursuit Julien Fayad. « De plus, nous avons dû opter pour une connexion via réseau micro-ondes pour garantir une technologie qui a sa part d’inconvénients par rapport à la fibre optique », ajoute-t-il, citant par exemple les interférences qui peuvent survenir en cas de mauvais temps. Karim Saïkali, lui, préconise de cumuler plusieurs souscriptions à l’internet fixe et mobile, afin de pouvoir en changer selon les fluctuations de la connexion.
 « Et encore, cela ne garantit pas une connectivité sans faille 24 heures sur 24, ce qui peut poser problème quand il s’agit de télécharger d’importantes bases de données », précise-t-il. Pour Shopbuilder, c’est lors du développement des plateformes, une opération qui se fait en ligne, que l’instabilité de la connexion pose le plus de problèmes.


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