Rechercher
Rechercher

Culture - Événement

« Avengers Infinity War » : apothéose somptueuse et cataclysmique

Le troisième film choral des héros Marvel est un monstre de plus de deux heures trente d’une maîtrise impressionnante, par le nombre de personnages impliqués, la diversité des zones d’action et les enjeux dramatiques ambitieux et inattendus.

Ils sont venus, ils sont tous là. Photo DR

Avengers Infinity War est la preuve ultime de la mainmise du studio Marvel sur l’entertainment cinématographique moderne. S’appuyant sur des personnages iconiques et des succès continus et sans pareils, le studio s’emploie pourtant à se remettre toujours en cause, à créer et à fournir beaucoup plus que le minimum syndical en termes d’action. N’ayant peur de rien et surtout pas du gigantisme, les films Avengers sont des machines programmées pour atteindre le milliard de dollars de rentrées. Et les objectifs seront ici largement dépassés, au vu du démarrage record du film. Mais surtout au vu de la qualité générale de l’œuvre présentée.

Le 19e film de la collection, signé encore une fois par les frères Russo, est un film somme des 18 précédents. Rien n’a été laissé au hasard et on a clairement l’impression que la fin d’un cycle annoncé, avec le départ de certains des acteurs originaux, a donné une occasion en or au studio, mené de main de maître par son président Kevin Feige, de mettre les bouchées doubles. Film le plus long (2h39), il est celui qui est très certainement le plus rythmé, multipliant les scènes de combat, de destruction, de flash-back, les univers, les rebonds dramatiques et les surprises. On sait depuis longtemps que certains héros vont mourir, et le premier arrive dès la scène d’ouverture, posant tout de suite le ton de ce qui va suivre : Thanos n’est pas là pour rigoler. Il a une mission, et lui et ses horribles comparses (dont le génial Ebony Maw, interprété par Tom Vaughan-Lawlor et tué trop vite dans un délicieux clin d’œil à Ridley Scott et ses Alien) sont bien déterminés à la remplir. Sa mission est de rassembler les 6 pierres d’infinité dans son gant magique pour pouvoir détruire la moitié de l’univers et rétablir un équilibre.


(Lire aussi : Red Sparrow : le moineau Lawrence se déplume)

Hulk peine-à-jouir
On touche ici à une des grandes forces de Infinity War : la puissance dramatique de Thanos, une première pour un vilain de science-fiction. Il n’est pas qu’un géant vert qui veut tout détruire par besoin de puissance, il se considère comme un bienfaiteur de l’humanité, et son objectif eugéniste, aussi monstrueux soit-il, est en fait une sorte de guérison, de mal nécessaire. Le film récupère toutes les qualités des derniers opus, surtout les plus modernes, et s’en sert pour habiller le film, aussi bien dans la musique omniprésente et toujours changeante d’Alan Silvestri que dans l’utilisation de l’humour et des décors colorés des Gardiens de la Galaxie et de Thor Ragnarok. On a du mal à trouver des défauts au film, en tous les cas des défauts qui ne soient pas des conséquences de l’ambition des scénaristes. On pourra donc regretter que certains personnages ne soient pas plus développés, mais au moins ils participent à la fête. Le seul vrai défaut du film serait son utilisation de Hulk/Bruce Banner. Personnage d’habitude mélancolique et sombre, il est utilisé ici à contre-emploi et assez maladroitement. Son running gag de Hulk peine-à-jouir est lourd et donne lieu à des autodialogues assez pathétiques.


(Lire aussi : « Black Panther » : un coup de griffe dans l’eau)


Mais la vraie nouveauté de cet opus hormoné, c’est la place qui est donnée aux sentiments et à l’amour. Il y est beaucoup question de la perte des êtres chers, et l’amour est au centre des motivations et de la psyché de Thanos – amour pour sa fille adoptive Gamora et des sacrifices qu’il s’inflige. Grâce à une interprétation magistrale de Josh Brolin et de sa voix de mâle alpha, Thanos est un caractère complexe et effrayant, déterminé et doux, violent et responsable.
Enfin, la scène finale est une des plus grosses surprises de ce début d’année et ne manquera pas d’alimenter les conversations de cours d’école. Et il faudra attendre la fin du très long générique final pour visionner la désormais contractuelle scène postgénérique et obtenir un début de réponse à tout ce qui vient de se passer. Et d’espérer que l’oscarisée Brie Larson soit à la hauteur des expectatives de tous les amoureux de Marvel.
À voir absolument, en attendant Deadpool, AntMan and the Wasp, Venom, X-Men Dark Phoenix (en février 2019), Captain Marvel (en mars 2019) et… Infinity War II, en mai 2019. Dans un an…


Lire aussi

« The Post », chef-d’œuvre féministe sur la liberté de la presse

Kenneth Branagh se lance dans les travaux d’Hercule

Thor a enfin des raisons d’être apprécié

« Blade Runner 2049 » : Villeneuve s’approprie le mythe de Scott

Avengers Infinity War est la preuve ultime de la mainmise du studio Marvel sur l’entertainment cinématographique moderne. S’appuyant sur des personnages iconiques et des succès continus et sans pareils, le studio s’emploie pourtant à se remettre toujours en cause, à créer et à fournir beaucoup plus que le minimum syndical en termes d’action. N’ayant peur de rien et surtout pas du...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut