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Liban - Législatives 2018 - Interview express

Riad el-Assaad : Je veux rendre l’espoir à Tyr-Zahrani

Riad el-Assaad. Photo Facebook

Opposant acharné au président de la Chambre Nabih Berry, Riad el-Assaad, entrepreneur de profession, a formé avec le Parti communiste libanais des indépendants de gauche et un indépendant que le Courant patriotique libre (CPL) affirme soutenir, la seule liste qui rivalise avec celle de Amal et du Hezbollah à Tyr-Zahrani. Une liste qui ressemble dans sa configuration à celle qu’il avait formée lors des législatives de 2005, pour être l’embryon d’une opposition de principe, un combat hérité de son père, l’ancien député Assaad el-Assaad, qui avait coupé les ponts avec Nabih Berry en 1996.

Quel est votre positionnement sur les grands dossiers politiques, précisément la question du Hezbollah ?
En l’absence d’un État ayant des armes, l’arsenal du Hezbollah est nécessaire, non seulement pour protéger les chiites, mais l’ensemble du pays. De 2006 à ce jour, le Sud est sécurisé, mais une nouvelle guerre peut ressurgir à tout moment. Certes, il faut rendre à l’armée sa capacité de nous protéger. Mais l’idée, plutôt le rêve, d’un État tout puissant est encore loin. En effet, le pillage du pays par les mafias politiques régissant la corruption est une entrave directe et indirecte à l’équipement de l’armée en matériel qualitatif.

De plus, il y a comme une décision internationale pour que le Liban n’ait pas d’armée. Pourquoi sinon l’aide militaire saoudienne n’a pas été mise en œuvre, sachant que l’Iran et la Russie ont, eux aussi, proposé leur soutien qui, lui, a été décliné par certaines composantes du Liban? La tenue de la CEDRE, que je préfère nommer Younan (la Grèce en arabe, en référence au scénario grec de faillite que certains craignent de se voir rééditer au Liban, NDLR), n’est pas dans notre intérêt, mais dans l’intérêt des Occidentaux : ils veulent garder les réfugiés syriens sur notre territoire ; ils sont certains que nous sommes prêts à payer les taux d’intérêt élevés qu’ils nous imposent ; et nos ressources gazo-pétrolières exaspèrent leurs convoitises.
La seule chose qu’il nous reste à notre actif, ce sont les armes de la résistance. Si une solution à ces armes doit être trouvée, elle ne se fera que de l’intérieur du pays, pas l’inverse. Et par le moyen d’un nouveau Taëf. Aujourd’hui, l’État, l’armée et le Hezbollah se doivent de penser un nouveau contrat politique, un Taëf II. L’objectif n’est pas l’instauration de la répartition par tiers, peu garante des droits des Libanais, mais la sortie progressive de l’équation communautaire, au profit d’un engagement national, que Taëf n’a pas réussi à instaurer. Du reste, je ne suis pas avec les armes du Hezbollah en Syrie, mais je comprends pourquoi il s’y est rendu, de la même manière que je soutiens le régime syrien dans sa lutte contre les fondamentalistes. Oui, je suis avec le régime syrien dans cette lutte.


(Lire aussi : Antoine Habchi : Briser le monopole du Hezbollah est dans l’intérêt de ses partisans)


Avec quel(s) camp(s) ou bloc(s) parlementaire(s) comptez-vous coopérer au Parlement et sur quelles bases ?
Je souhaite m’engager dans une opposition nationale contre l’équation confessionnelle qui définit la gouvernance du pays. Je soutiendrai ou m’engagerai avec toute initiative ou position qui va à contre-courant du confessionnalisme. Nous avons choisi de mener la bataille à Tyr-Zahrani pour dire que quelque chose de nouveau attend le Sud. C’est la seule circonscription où une seule liste rivalise avec la liste du pouvoir. Je ne sépare pas le Hezbollah du pouvoir, mais à Tyr-Zahrani, le pouvoir est incarné par Nabih Berry, le président de la Chambre, qui y a son fief. Du reste, ce n’est pas lui qui me fait peur, mais l’absence d’espoir dans le Sud. On me pose souvent la question de savoir si je voterai pour une reconduction du président de la Chambre si je suis élu. Je réponds que je voterai pour l’un de mes colistiers, si l’un d’eux est élu. Sinon, pour un non-chiite.

En dehors du champ politique, quel est le domaine que vous envisagez de privilégier dans votre action parlementaire ?
Je compte œuvrer pour mettre en branle le mécanisme d’abolition du confessionnalisme. Étant par ailleurs très impliqué dans le développement durable, j’ai en tête la relance du projet du barrage de Litani, pour fournir l’eau et l’électricité qui manquent drastiquement à Tyr et Zahrani. Je compte aussi réclamer des comptes au Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) pour les projets qui n’ont été exécutés qu’à moitié.


(Lire aussi : Les priorités de Nehmat Frem : création d’emplois, neutralité armée et décentralisation administrative)



La question du lecteur : Samir Geagea a annoncé vendredi dernier la décision de son parti de boycotter les élections à Tyr-Zahrani, après avoir « tenté par tous nos moyens de communiquer avec nos amis du CPL et le candidat Riad el-Assaad (…) qui nous ont bloqué toutes les voies de participation au scrutin ». Comment expliquez-vous ces propos ?
Il veut lancer une fleur à Nabih Berry. Sinon pourquoi n’a-t-il pas cherché à former une autre liste, à défaut de se joindre à nous ? Du reste, personne n’a bloqué les FL. J’ai tenu à ce que le candidat au siège grec-catholique soit un indépendant cautionné par tous les partis chrétiens (FL, CPL, Kataëb). La candidate des Kataëb, Mira Wakim, pourtant exemplaire, n’a pas été retenue parce qu’elle est partisane. C’est le problème de M. Geagea, pas le mien, s’il n’a pas réussi à s’entendre avec le CPL autour d’un candidat indépendant. Nous avons fini par retenir Wissam el-Hajj, un candidat qui a été soutenu a posteriori par le CPL.


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UN CANDIDAT DU COMME-CI ET DU COMME-CA... PAS SERIEUX DU TOUT !

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 39, le 24 avril 2018

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  • UN CANDIDAT DU COMME-CI ET DU COMME-CA... PAS SERIEUX DU TOUT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 39, le 24 avril 2018

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