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Économie - Rapport

Liban : Investissements et réformes feraient grimper la croissance à 4 % en 2023, estime le FMI

Le Fonds monétaire international a étudié quatre scénarios d’évolution de l’économie libanaise, selon que le programme d’investissement en infrastructures et les réformes structurelles promises durant la CEDRE seront mis en place ou pas.

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian (à droite) avec le Premier ministre libanais Saad Hariri le 6 avril. Photo AFP

Le Fonds monétaire international a réalisé dans son dernier rapport des simulations préliminaires sur le développement de l’économie libanaise sur la période 2019-2023, qui a été relayé cette semaine par le Lebanon this Week de Byblos Bank. Les simulations sont basées sur quatre scénarios : le premier part sur la base que les politiques demeurent inchangées; le deuxième prévoit un ajustement des politiques actuellement mises en place ; tandis que le troisième et le quatrième prennent en compte la mise en œuvre du programme d’investissement (Capital Investment Plan, CIP) en infrastructures, présenté le 6 avril par le gouvernement lors de la conférence de Paris. La communauté internationale s’est engagée lors de la CEDRE à octroyer plus de 11 milliards de dollars de prêts et de dons, destinés à financer la première phase du CIP dont le coût est estimé à 10,8 milliards de dollars. Le gouvernement s’est pour sa part engagé à mettre en place une série de réformes structurelles et budgétaires, et ainsi à faire baisser le déficit public annuel de 5 % sur les cinq années à venir.


(Lire aussi : Selon la Banque mondiale, les risques pour le Liban restent élevés)



Impact sur les finances publiques
Selon le scénario où les politiques demeurent inchangées, le FMI s’attend à un ralentissement des performances économiques et des flux financiers du Liban au cours des cinq prochaines années. Une reprise modérée de l’activité commerciale serait toutefois constatée. Mais la persistance des défis structurels et un enlisement du conflit en Syrie continueront de limiter le potentiel de croissance du pays. Dans ce contexte, le FMI table ainsi sur une croissance annuelle moyenne du PIB de 2,5 % sur la période 2019-2023, en partie soutenue par une demande extérieure plus élevée. Le taux d’inflation moyen serait de 4,3 % en 2018 et de 2,6 % en moyenne sur les cinq prochaines années. Sur le plan des finances publiques, le déficit budgétaire devrait représenter en moyenne 11,9 % du PIB par an sur cette période et atteindre 13 % du PIB en 2023 et les années suivantes. Le niveau de la dette publique devrait passer de 152,8 % du PIB à la fin de 2017 à 157,3 % fin 2018, avant d’atteindre les 177,8 % fin 2023. Les réserves en devises étrangères passeraient de 40,6 milliards de dollars fin 2017 à 37,5 milliards fin 2018 avant de chuter drastiquement à 18,6 milliards de dollars fin 2023. En outre, le FMI estime qu’en cas de solution rapide au conflit syrien, le Liban bénéficierait de la réouverture des routes commerciales et de l’amélioration de la confiance des investisseurs régionaux, et éventuellement des projets de reconstruction. Le FMI pense que cela aura un impact significatif sur la croissance et les finances publiques, mais que ça ne suffira pas à assurer la « viabilité » de la dette.

Dans son deuxième scénario, le FMI suppose que le gouvernement mettra en œuvre des réformes budgétaires, monétaires et structurelles afin d’améliorer les perspectives économiques et d’infléchir le niveau de croissance de la dette publique. Le gouvernement devrait donc introduire une série de mesures visant à réduire le déficit public, dont la hausse de la TVA, la suppression des subventions sur les carburants et une augmentation graduelle des tarifs de l’électricité. D’autres réformes structurelles devront aussi être mises en place en termes de lutte contre la corruption et le renforcement de la gouvernance en vue d’améliorer la compétitivité et de favoriser une croissance durable. Dans ce contexte, le FMI prévoit une croissance du PIB réel de 0,8 % en 2018 et de 2,2 % en moyenne sur la période 2019-2023. Le déficit public passerait à 8,9 % du PIB en 2018, à 5,2 % en 2023 et à 5,5 %, en moyenne, sur la période 2019-2023. Le niveau de la dette publique diminuera progressivement en passant de 155,2 % du PIB à la fin de 2018 à 145,8 % d’ici à la fin de 2023. Le FMI anticipe également une augmentation des réserves en devises étrangères, qui passeraient de 39,7 milliards de dollars fin de 2018 à 51,9 milliards fin 2023.


(Pour mémoire : CEDRE : la BM annonce l’octroi au Liban de quatre milliards de dollars de prêts concessionnels)


La situation économique en cas de mise en œuvre du CIP sans l’application des réformes précitées a fait l’objet du troisième scénario étudié par le FMI. Ainsi, le CIP soutiendrait la croissance mais aggraverait le creusement de la dette publique. La croissance du PIB réel serait alors de 2,3 % en 2018 et de 3 % en moyenne par an sur la période 2019-2023. Le déficit budgétaire représenterait 11,6 % du PIB cette année avant d’atteindre à 14,2 % en 2023, avec une moyenne de 13,4 % par an au cours de la période 2019-2023. En conséquence, le niveau de la dette publique passerait de 157,1 % du PIB fin 2018 à 181,4 % d’ici à la fin de 2023. Le FMI prévoit aussi une diminution des réserves en devises de 38 milliards de dollars fin 2018 à 22,1 milliards d’ici à la fin de 2023.
Enfin dans son quatrième scénario, le FMI part du fait que le CIP sera mis en œuvre parallèlement aux réformes structurelles et budgétaires, ce qui améliorera les perspectives de croissance du Liban, créera davantage d’emplois et stabilisera la dette publique avant d’en inverser la courbe de croissance. Une amélioration de la gestion des investissements publics influera aussi sur le rythme de croissance du PIB réel. Selon les prévisions du FMI, elle serait de 1,6 % en 2018 et de 3 % en moyenne au cours de la période 2019-2023. Le déficit budgétaire passerait de 9,9 % du PIB en 2018 à 6,4 % en 2023, avec une moyenne annuelle de 7 % sur la période 2019-2023. Le niveau de la dette publique passerait de 155 % du PIB fin 2018 à 148 % fin 2023. Enfin, les réserves en devises étrangères passeraient de 39,7 milliards de dollars fin 2018 à 53 milliards de dollars fin 2023.


Rq : cet article a été corrigé en date du 25/04. Une coquille s'était glissée dans le titre sur le pourcentage de croissance.


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