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À La Une - Repère

Arabie saoudite : les premiers pas d'une libéralisation de la société

Réformes sociétales, allègement des restrictions imposées aux femmes, ouverture de l'économie aux divertissements...retour sur les réformes menées par MBS.

Des Saoudiens achetant des boissons avant la première projection de film à Riyad, en Arbiae saoudite, le 18 avril 2018. REUTERS/Faisal Al Nasser

L'Arabie saoudite, où a lieu vendredi la première séance de cinéma ouverte au public depuis 35 ans, a récemment lancé des réformes sociétales, allégeant des restrictions imposées aux femmes et ouvrant son économie aux divertissements.


"Détruire l'extrémisme"

En octobre 2017, le jeune prince héritier Mohammed ben Salmane affirme que son pays va renouer avec un islam "modéré et tolérant". "Nous n'allons pas passer 30 ans de plus de notre vie à nous accommoder d'idées extrémistes et nous allons les détruire maintenant".

L'Etat moderne saoudien est née au XVIIIe de l'alliance de la dynastie Saoud avec le prédicateur Mohammed Ibn Abdel Wahhab, fondateur du wahhabisme, version rigoriste de l'islam qui régit jusqu'à aujourd'hui le royaume. Dans les années 1960-1970, l'Arabie saoudite avait connu une période d'importantes réformes, malgré la résistance de milieux religieux conservateurs, avec l'ouverture de l'enseignement aux jeunes filles ou l'introduction de la télévision.

Mais en novembre 1979, un évènement secoue la monarchie saoudienne: un groupe de plus de 400 extrémistes islamistes occupent la Grande mosquée de La Mecque, révoltés par l'"immoralité" de la société qui, selon eux, s'occidentalise. L'assaut est lancé pour les déloger, au prix d'une transgression de l'inviolabilité de ce lieu de culte. L'Arabie saoudite voit alors la montée en puissance de courants religieux extrémistes.


Réformes économiques

Les réformes sociétales engagées au cours des derniers mois découlent d'un vaste plan lancé en avril 2016 et destiné à diversifier l'économie, trop dépendante du pétrole.

Initié par Mohammed ben Salmane, ce plan, appelé "Vision 2030", prévoit notamment la vente en Bourse d'une partie du géant pétrolier Aramco, ainsi qu'une série de méga-projets: cité de divertissements à Riyad, gigantesque zone de développement présentée comme l'équivalent de la Silicon Valley.


(Lire aussi : Le virage économique saoudien, une aubaine et beaucoup d'inconnues pour les patrons français)


Tourisme

Riyad annonce le lancement d'un projet touristique consistant à transformer une cinquantaine d'îles de la mer Rouge en stations balnéaires de luxe.

Le prince héritier dévoile aussi en octobre un méga-projet de zone de développement futuriste dans le nord-ouest du royaume, dont un volet touristique, nécessitant des investissements de 500 milliards de dollars.

En décembre, les autorités indiquent qu'elles vont délivrer des visas de tourisme à partir du premier trimestre 2018.


Divertissement

L'Arabie saoudite prévoit d'investir 64 milliards de dollars (environ 52 mds EUR) dans le divertissement avec des projets de construction de cinémas et d'un opéra -- pour lequel un accord est signé avec la France --, ainsi que de concerts d'artistes occidentaux.

Après des premiers concerts en décembre, les amateurs de musique goûtent au jazz en février à l'occasion d'un festival à l'hôtel Riyad Intercontinental et un opéra attire des foules à l'Université de Riyad.

Le pays vient aussi d'accueillir sa toute première "Semaine de la Mode", dans une version réservée à un public féminin.


(Lire aussi : Les Saoudiens goûtent à l'opéra et au jazz)


Évolution du statut des Saoudiennes

En septembre 2017, l'Arabie saoudite, dernier pays au monde interdisant aux femmes de conduire, annonce qu'elles pourront prendre le volant à compter de juin 2018.

En décembre, un premier concert est réservé aux femmes à Riyad, et en janvier 2018, celles-ci peuvent pour la première fois assister à un match de football dans un stade.

Les Saoudiennes sont autorisées à créer leurs propres entreprises sans solliciter le consentement d'un tuteur masculin, afin de stimuler le secteur privé.

En février 2018, un des membres de la plus haute instance religieuse du pays, le Conseil des hauts érudits, estime que les Saoudiennes ne devraient pas être contraintes de porter en public l'abaya, une robe ample destinée à masquer leurs formes. Il s'agit des premiers propos de ce type de la part d'un dignitaire d'un tel rang.

Mais les femmes sont encore confrontées à de nombreuses restrictions. Elles doivent ainsi obtenir la permission d'un homme de leur famille pour leurs études ou leurs voyages.



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