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Dandys des gadoues

Un reportage sur une chaîne de télévision française dénonçait une fois de plus, mardi soir, la violence faite à la Méditerranée par les responsables libanais. Il y était clairement montré que le refus implicite de trouver une solution durable à la crise des déchets n’avait d’explication que la réplication de ce projet pernicieux en deux phases inventé par la société Solidere et dont le joyau répond aujourd’hui au nom gommeux de Zaytunay Bay (ex-décharge Normandy). 1 : Laisser les déchets s’accumuler en bord de mer et la grogne monter sur terre ; déshabituer ainsi la plèbe de l’accès aux plages. 2 : Enfouir sur place, bétonner et gagner du terrain sur l’eau ; vue imprenable au premier rang/condamnée pour les malheureux à l’arrière; gazon, piscines, terrasses, couchers de soleil, « développement », tout va bien, ni vu ni connu. Avec 220km de côte, les déchets libanais ont de beaux jours devant eux. Vue sous cet angle, toute forme d’incinération, de triage, de recyclage ou de reconversion des ordures serait pour les promoteurs et leurs protecteurs un gâchis sans nom. Naturellement, les solutions de rechange proposées en haut lieu sont coûteuses, peu efficaces et… « polluantes », pour ne pas dire potentiellement cancérogènes. La prochaine fois que la société civile tentera de se rebeller, on la laissera macérer dans sa boîte de Petri et au moment où elle criera grâce, on lui sortira du chapeau, oh merveille, un projet immobilier auquel elle ne pourra pas dire non, tant l’alternative, se pincer le nez ou respirer du carbone, sera rebutante. De toute manière, la mer, elle en aura fait son deuil; autant préserver ce qu’il lui reste d’air. Une fois passées les pelleteuses et les grues, Beyrouth aura de quoi pavoiser à nouveau dans la presse internationale en tant que « destination touristique préférée » de ses lecteurs. Vu la souffrance des médias imprimés de nos jours, aussi prestigieux soient-ils, notre pauvre capitale offrira à ces journaux et magazines, en redorant ainsi son blason à leur chandelle, une petite période de sursis.

Du miracle de nos ordures surgira quelque « complexe balnéaire », cette pathologie mentale des pays méditerranéens. Celui-ci sera naturellement inaccessible au bourgeois ordinaire. Aux pauvres, laisse tomber. Sa conception sera confiée à quelque architecte étoilé, alchimiste de l’équerre qui se chargera de transformer l’ordure en or durable. On y organisera des fêtes clinquantes qui s’appelleront « events » et dont les orgies de nourriture et de fleurs coupées iront alimenter d’autres décharges, futures « marinas » en incubation. Y évoluera, ignorant les contingences, une jeunesse ivre d’elle-même et légère de sa propre vacuité, dandys élevés sous la mère et précieuses à papa. À quelques mètres sous l’esplanade engazonnée et sous les vagues résignées qui, à l’heure de l’apéritif, apporteront en lapant le belvédère les derniers reflets d’un coucher de soleil sans charme, seront entassés pêle-mêle les monstrueux reliquats de la vraie vie. À l’arrivée, responsables et promoteurs qui prennent au pied de la lettre et pour eux-mêmes l’expression « Mare Nostrum » transforment la Méditerranée, mer nourricière de tant de peuples, en un lac stérile et mortifère. L’avenir ne le leur pardonnera pas.

Un reportage sur une chaîne de télévision française dénonçait une fois de plus, mardi soir, la violence faite à la Méditerranée par les responsables libanais. Il y était clairement montré que le refus implicite de trouver une solution durable à la crise des déchets n’avait d’explication que la réplication de ce projet pernicieux en deux phases inventé par la société Solidere...

commentaires (2)

Oui nous sommes les vrais polluants de la Méditerranée et on continue à jeter la poubelle dans la mer sans aucun remord officiel ou non . La Honte .

Antoine Sabbagha

18 h 11, le 19 avril 2018

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Commentaires (2)

  • Oui nous sommes les vrais polluants de la Méditerranée et on continue à jeter la poubelle dans la mer sans aucun remord officiel ou non . La Honte .

    Antoine Sabbagha

    18 h 11, le 19 avril 2018

  • Vous Mme un plaisir a tous points de vues...la verite nous console...merci...

    Soeur Yvette

    09 h 15, le 19 avril 2018

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