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Liban - L’œuvre d’orient

Les défis de la formation de professeurs de français au Liban et dans la région

L’absence de lois et les coûts élevés mis en relief par des pédagogues locaux, de Syrie, d’Égypte, du Maroc et de Terre sainte.

De gauche à droite, Léon Kilzi, le père Boutros Azar et Michel Petit de La Perelle de L’Œuvre d’Orient

L’importance de la formation des enseignants mais aussi les défis qui lui sont liés ont été longuement discutés lors du colloque sur l’enseignement catholique et la francophonie au Proche et Moyen-Orient, organisé par L’Œuvre d’Orient.

Celui-ci, rappelle-t-on, s’était tenu au siège du secrétariat général des écoles catholiques au Liban (SGEC-L). Des intervenants de plusieurs pays avaient fait le déplacement pour discuter des attentes et des perspectives des enseignants et du personnel pédagogique francophone au Liban, en Syrie, en Égypte, au Maroc et en Terre sainte.

Des membres des corps des enseignants rattachés aux congrégations religieuses locales et régionales, des représentants des établissements scolaires catholiques mais aussi des acteurs agissant dans le secteur public et laïc faisaient partie des participants à la journée consacrée à la formation. Le dialogue qui a eu lieu a mis en évidence des problématiques communes à tous.

Les deux précédents colloques parisiens qui s’étaient tenus sur le même thème en 2014 et 2016 ont montré que le manque de formation des professeurs explique pour une grande part la baisse constatée de l’utilisation du français dans les établissements scolaires au Liban et dans la région. Les défaillances linguistiques observées chez les enseignants ou bien l’absence d’homogénéité dans les formations initiales ont aussi des répercussions sur l’enseignement de la langue française.

Doyenne de la faculté pédagogique de l’Université libanaise, Thérèse Hachem insiste sur le dysfonctionnement législatif en rapport avec le recrutement des enseignants. « La législation libanaise n’exige aucune formation pédagogique des professeurs, qui peuvent enseigner dès l’obtention de leur licence », précise-t-elle. Elle met l’accent sur la nécessaire professionnalisation des enseignants, et ce pour toutes les disciplines. La langue française est d’autant plus concernée, en tant que discipline et langue d’enseignement, selon elle.

D’autres difficultés ont été mises en relief : celles des coûts. Depuis que la loi relative à la majoration des salaires des enseignants a été promulguée, en juillet 2017, les établissements scolaires se plaignent des frais supplémentaires qu’ils se voient contraints d’assumer. Or les formations, disponibles en plus grand nombre dans le privé, ont un prix parfois élevé pour de petites structures éducatives. Les bureaux pédagogiques des congrégations, les universités, l’Institut français... proposent tous des formations et rencontrent eux aussi des difficultés. Sœur Mirna Farah, directrice de l’école Sainte-Anne des sœurs de Besançon au Liban, énumère quelques-unes de ces difficultés rencontrées au sein des bureaux pédagogiques, comme celle de l’absence d’une politique linguistique dans une société plurielle. « Faut-il enseigner le français en réalisant le transfert d’une langue à une autre ou bien de manière cloisonnée sans passer par la traduction ? Faut-il étudier le français comme langue ou bien comme culture à la fois ? » s’interroge-t-elle.

Sœur Farah témoigne tout de même d’une façon nouvelle, plus positive, d’aborder les formations chez les professeurs. Toutefois, dans la culture du pays, fait remarquer une sœur dans l’assemblée, « il est encore difficile de s’absenter un jour de travail pour effectuer une formation ».


(Lire aussi : Les trois défis qu’Œuvre d’Orient veut relever)


Défis pour le maintien de l’enseignement de la langue française
L’utilisation de la langue française est aussi questionnée là où la langue anglaise gagne de plus en plus de terrain dans les établissements scolaires au Liban et dans les pays voisins comme en Syrie. Élias Nseir, représentant de l’école des sœurs de Besançon à Damas, constate le déclin de la langue française et le manque d’opportunités pour la pratiquer. « Il n’y a pas d’ambiance francophone. Seule une élite parle encore le français », témoigne-t-il. Les conflits régionaux noircissent un peu plus le tableau avec le départ des enseignants et des élèves pour l’étranger. Sœur Monique, responsable de l’école des filles de la charité à Damas, rappelle tout de même qu’avant la guerre en Syrie, l’apprentissage du français était « porté par une certaine dynamique : des formations efficaces et diverses activités extrascolaires organisées par les écoles, comme les classes vertes ».

D’autres défis, propres à chaque pays, sont aussi évoqués comme celui de former des laïcs là où le personnel religieux commence à manquer, même dans les établissements catholiques comme c’est le cas en Terre sainte, confie le frère Raphaël Gonzales. Quant à l’Égypte, elle sera le premier pays arabe à accueillir des assistants de langue française dans quelques-unes de ses 50 écoles bilingues, à partir de la rentrée prochaine.



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Les ressources multiples de la langue française

L’importance de la formation des enseignants mais aussi les défis qui lui sont liés ont été longuement discutés lors du colloque sur l’enseignement catholique et la francophonie au Proche et Moyen-Orient, organisé par L’Œuvre d’Orient. Celui-ci, rappelle-t-on, s’était tenu au siège du secrétariat général des écoles catholiques au Liban (SGEC-L). Des intervenants de...

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