Plusieurs milliers de personnes, dont de nombreux politiques et représentants de la société civile, ont défilé mercredi en France contre l'antisémitisme et en mémoire d'une octogénaire juive dont le meurtre à Paris a suscité une onde de choc.
A la mi-journée, le président français Emmanuel Macron avait assisté au cimetière parisien de Bagneux (région parisienne) aux obsèques religieuses de Mireille Knoll, 85 ans, tuée vendredi dernier. Son corps avait été retrouvé frappé de 11 coups de couteau et en partie carbonisé dans son modeste appartement incendié.
Mireille Knoll a été "assassinée parce qu'elle était juive", victime du même "obscurantisme barbare" que le colonel Arnaud Beltrame, tué par le jihadiste des attentats de vendredi dans le sud-ouest de la France, a déclaré mercredi M. Macron lors de l'hommage rendu au gendarme à Paris. Deux hommes, dont un voisin familier de Mme Knoll, ont été inculpés et écroués mardi pour "homicide volontaire" à caractère antisémite après la découverte du corps de Mme Knoll.
Mercredi soir à Paris, un cortège de plusieurs milliers de personnes a parcouru quelques centaines de mètres pour rallier l'immeuble de Mme Knoll, situé dans le XIe arrondissement de Paris. "La France contre l'antisémitisme", proclamait la banderole en tête de la marche.
D'autres rassemblements, réunissant plusieurs centaines de personnes à chaque fois, ont eu lieu dans de grandes villes de France (Marseille, Strasbourg, Lyon, Nantes et Bordeaux), selon des correspondants de l'AFP et la police.
En outre, sur la place de Paris à Jérusalem, des dizaines de membres de la communauté francophone d'Israël ont allumé mercredi des bougies à la mémoire de Mme Knoll, et entonné les hymnes israélien et français. Environ 80 personnes, dont nombre des juifs d'origine française ayant fait le choix de vivre en Israël, ont exprimé leur émotion devant la trajectoire d'une femme ayant survécu à la Shoah pour mourir assassinée 75 ans après à Paris "parce qu'elle était juive".
Mme Knoll avait échappé de justesse en 1942 à Paris à la rafle du Vél d'Hiv, la plus grande arrestation de juifs en France durant la Seconde Guerre mondiale.
(Pour mémoire : En France, l'incendie d'une épicerie casher ravive les craintes de la communauté juive)
Invectives
A Paris, dans le carré de tête de la marche parisienne, organisée par le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), plusieurs ministres avaient pris place, notamment Gérard Collomb (Intérieur) et Jean-Michel Blanquer (Education), ainsi que des élus, comme la maire socialiste de Paris Anne Hidalgo.
"Je suis là pour me battre contre l'antisémitisme et lutter contre toutes ces violences gratuites, notamment contre les femmes âgées", a déclaré à l'AFP une manifestante, Joséphine, professeure à la retraite.
"Lorsqu'il s'agit de lutter contre l'obscurantisme ou contre l'antisémitisme ou contre le fanatisme, tout ce qui rassemble grandit", avait déclaré le Premier ministre Édouard Philippe dans l'après-midi à l'Assemblée nationale.
Mais ce moment de recueillement a été terni par des incidents liés à la venue à la marche parisienne de Jean-Luc Mélenchon (dirigeant du parti de la gauche radicale, LFI) et de Marine Le Pen, présidente du parti d'extrême droite Front national - FN).
Leurs venues, qui n'étaient pas souhaitées par le Crif au nom du rejet des "extrêmes", a suscité invectives et bousculades, au point que les deux responsables ont dû quitter le cortège.
Dans cette polémique, un des fils de la victime, Daniel Knoll, avait appelé "tout le monde sans exception" à participer à la marche, ajoutant: "Le Crif fait de la politique et moi, j'ouvre mon coeur", avait-il dit.
A l'issue de la marche, une cérémonie de recueillement en mémoire de Mireille Knoll, organisée par le Consistoire israélite, est prévue dans une synagogue parisienne.
Les policiers français privilégient la piste d'un vol ayant ciblé vendredi la vieille dame, avant de virer au meurtre pour des raisons qui restent à éclaircir. La justice a retenu le caractère antisémite notamment parce qu'un des deux mis en examen connaissait la religion de la victime.
Un an après la mort, dans le même XIe arrondissement parisien, de Sarah Halimi, défenestrée par un voisin aux cris de "Allah Akbar", ce nouveau meurtre d'une femme juive a scandalisé bien au-delà de la communauté juive française, la plus importante d'Europe.
Statistiquement en baisse, le nombre d'actes antisémites reste élevé en France où la minorité juive, qui représente moins de 1% de la population, est la cible d'un tiers des faits de haine recensés.
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commentaires (2)
DEFILEZ CONTRE TOUS LES ANTIS !
JE SUIS PARTOUT CENSURE POUR AVOIR BLAMER GEAGEA
12 h 20, le 29 mars 2018