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Lifestyle - Mode

Avec Ishtar, Jean-Louis Sabaji sort de l’ombre

À même pas 30 ans, Jean-Louis Sabaji, l’un des créateurs libanais les plus discrets de sa génération, voit sa carrière exploser en 2018 grâce à une constellation de stars qui ont toutes succombé, entre février et mars, à sa nouvelle collection, Ishtar.

Au Liban, un prénom n’est jamais anodin. Fils du grand couturier Jean Sabaji dont seule une poignée d’initiées connaissaient, dans les années 80, le nom et l’adresse, Jean-Louis est venu au monde marqué du sceau de la haute couture. Baptisé Jean-Louis comme Jean-Louis Scherrer, le créateur le plus plébiscité de cette décennie, il grandit entouré de tissus et de broderies, bercé par la quarantaine de petites mains formées par son père et presque entièrement dédiée aux commandes de la famille royale d’Arabie saoudite. Parmi ses frères et sœurs, il est le seul à avoir l’étincelle de la création. À la mort du père, la fratrie se partage les tâches.

Donner forme aux rêves les plus fous
C’est naturellement au tout jeune Jean-Louis que revient la responsabilité de la direction artistique. Après une formation à la LAU puis un master à Milan, il refonde la maison paternelle en 2012 et lance sa marque éponyme à même pas 25 ans. Au bonheur de se replonger dans l’atmosphère placentaire de l’atelier de Kaslik, s’ajoute celui de la fréquentation au quotidien de tous ces artisans à l’ancienne qui ont encore tant de choses à lui apprendre. Ils ont l’âge d’être ses parents, certains même ses grands-parents, et leur savoir-faire est irremplaçable. Très vite, il leur adjoint une petite équipe de jeunes passionnés pour assurer la transmission des techniques et la pérennité de la maison. C’est une force extraordinaire en vertu de laquelle son entière liberté de créer est accompagnée de l’entière certitude de voir ses rêves les plus fous prendre forme. Bien que libérée de l’exclusivité qui la dédiait à une clientèle privée, la maison Jean-Louis Sabaji continue à entretenir cette discrétion feutrée des grandes enseignes. C’est à peine si, de temps en temps, le jeune créateur s’entretient en privé avec les médias. Il montre presque timidement ses premiers modèles qui révèlent déjà son style à la croisée des cultures, entre surréalisme et romantisme gothique, d’une complexité qui le rend aussi unique qu’inimitable.

Ishtar, l’inspiratrice
On connaissait chez Sabaji une passion dominante pour le relief et la 4e dimension, des effets de végétation sauvage, lierre ou même champignons qui envahissent les robes et donnent parfois à un jupon une allure de rose postatomique. Sa nouvelle collection printemps été 2018, d’une sensualité ardente, inspirée d’Ishtar, déesse mésopotamienne de l’amour charnel et grande prêtresse du pouvoir politique, décline une iconographie aussi opulente qu’ésotérique, autour de l’astrologie babylonienne. Broderies d’animaux mythiques et d’êtres célestes, sphinges, lions, scorpions, serpents, aigles, chacun doté d’une vertu particulière, tous glorieusement et savamment ailés, transforment des robes fourreaux en armures virtuelles. Les plumes en mousseline et baleines, travaillées et repiquées une à une, escaladent les manches, les hanches, se transforment en capes et semblent prêtes à l’envol à tout instant. Il n’en fallait pas moins pour séduire Beyoncé qui portait le 17 mars une tunique de la collection, en soie fauve agrémentée d’une traîne, brodée main d’un patchwork imitant une fresque, au Wearable Art Gala. À la party de Vanity Fair, lors de la cérémonie des oscars, Allison Williams et Jasmine Tooks avaient choisi des fourreaux à plumes stylisées, tout comme Cheryl Cole aux Brit Awards 2018. En février, à la première de Black Panther à Londres, Danai Gurira portait déjà une robe longue de la collection Ishtar rebrodée d’un fabuleux Phénix en relief.
En cette année charnière pour l’autonomisation de la femme, Jean-Louis Sabaji triomphe avec une collection aussi glamour qu’enflammée, dotée de tous les pouvoirs. La discrète enseigne de haute couture est désormais dans tous les médias, mais pour la bonne cause.



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