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À La Une - Terrorisme

Attentat en France: "On a l'impression de faire un mauvais rêve": un village sous le choc

"Ça fait 40 ans qu'on vit là, on n'a jamais fait parler de nous, que ce soit le village ou les Marocains qui vivent là."

Dans la petite commune de Trèbes, près de Carcassonne dans le sud de la France, les mines étaient défaites samedi, au lendemain de la prise d'otages meurtrière dans un supermarché par un jihadiste. Photo AFP / PASCAL PAVANI

"C'est affreux, on a l'impression de faire un mauvais rêve": dans la petite commune de Trèbes, près de Carcassonne dans le sud de la France, les mines étaient défaites samedi, au lendemain de la prise d'otages meurtrière dans un supermarché par un jihadiste.
"On ne s'attendait pas à ça...", poursuit, hagard, Hamid, 53 ans, restaurateur dans cette commune paisible traversée par le très touristique Canal du Midi.
"Voir des choses comme ça arriver dans un petit village, c'est effrayant", ajoute cet homme d'origine marocaine. "Ça fait 40 ans qu'on vit là, on n'a jamais fait parler de nous, que ce soit le village ou les Marocains qui vivent là."
La veille, il faisait "le plein d'essence sur le parking du supermarché Super U. "Quand les gendarmes sont arrivés avec leurs armes, j'ai cru que c'était un braquage qui avait mal tourné", souffle-t-il. 
En réalité, à l'intérieur se joue une prise d'otages menée par un Franco-Marocain de 25 ans se réclamant de l'organisation Etat islamique, Radouane Lakdim. 
Vendredi, Radouane Lakdim a tué le passager d'une voiture qu'il a volée à Carcassonne avant de tirer sur des policiers puis de s'en prendre à un supermarché au cours de laquelle il a tué trois personnes, dont un gendarme, qui avait pris la place d'un otage. Il a été abattu dans l'assaut des forces de l'ordre.





Samedi matin, le Super U de Trèbes situé dans une zone d'activité était fermée. Quelques voitures et camionnettes stationnaient encore sur le parking, interdit au public et contrôlé par deux gendarmes, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Alors que les commerçants ont rouvert samedi, habitants de la commune et salariés du Super U défilent depuis vendredi à la mairie pour répondre aux questions des enquêteurs ou bénéficier de l'écoute des psychologues. "C'est horrible, à l'intérieur, tout le monde pleure", a témoigné une habitante, sous couvert de l'anonymat.
"Nous avons vécu quelque chose de terrible. Il y aura un avant et un après", déplore le maire de Trèbes, Eric Ménassi.


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"Paris, Nice,... Trèbes"
Parmi les personnes qui viennent à la mairie, "beaucoup ont besoin de parler, de s'exprimer sur le drame", a-t-il déclaré devant la presse. "Nous vivons dans une petite bourgade d'un peu moins de 6.000 habitants et nous sommes tous convaincus que ces atrocités ne se passent pas chez nous, que c'est chez le voisin et hier (vendredi, ndlr), nous avons mesuré combien le fanatisme peut toucher n'importe qui."
Venue acheter un bouquet de fleurs "pour le gendarme décédé", Monique, 73 ans, dit "vivre très mal les événements". "C'est une petite commune, on se connaît tous", décrit cette retraitée.
"Après Paris, Nice, Marseille... A Trèbes, on se disait qu'on n'avait rien à craindre", confesse avec une voix chevrotante Khadija, 52 ans. "On se disait que ça n'arrive que dans les grandes villes", ajoute cette femme fébrile. D'autant que "le Super U est situé dans un coin perdu, c'est la campagne ici!".


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Pour une fleuriste de la commune, qui souhaite garder l'anonymat, "ce n'est pas une surprise, ce qui s'est passé". "Je pensais que Carcassonne serait visée, parce que c'est une grande commune qui accueille beaucoup de touristes", explique cette sexagénaire.
Cette femme dit "ne pas être à l'abri ou épargnée, même à la campagne". Il y a quelques mois, "la police a arrêté un jeune qui voulait s'en prendre aux touristes à Carcassonne". 
Ce jeune homme radicalisé, soupçonné de vouloir commettre une "action violente" contre des touristes américains et russes, avait été arrêté en gare de Carcassonne, inculpé et écroué en 2016.
"Depuis, je n'ai pas arrêté de penser que ça pouvait arriver ici aussi", dit-elle. 
"Ne nous laissons pas gagner par l'émotion qui est immense", a appelé de ses voeux le maire de Trèbes, appelant les habitants à "se rassembler et, avoir une cohésion encore plus forte. Evitons les amalgames, tous les amalgames".




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