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Culture - Photographie

La si dure intimité d’un Yémen oublié...

Jusqu’au 23 mars, le photographe libanais Ralph el-Hage présente son reportage « Yemen Today » sur les murs du Dar al-Moussawir. Face à face avec une triste et âpre réalité.

Jamila, 7 ans, morte quelques jours après la photo. © Ralph el-Hage

Pays le plus pauvre de la péninsule Arabique, le Yémen souffre depuis bientôt trois ans des ravages de la guerre. Un conflit qui oppose le gouvernement du président Hadi, soutenu par la coalition arabe menée par l’Arabie saoudite, aux rebelles houthis. Montée en puissance des groupes jihadistes, famine, choléra, le Yémen est aujourd’hui le théâtre d’une des plus grandes crises humanitaires au monde.
C’est ce que Ralph el-Hage, porte-parole de la Croix-Rouge au Proche et Moyen-Orient, veut montrer avec ces photographies qu’il a prises à Sanaa, la capitale, et à Hodeida, ville située près de la mer. Une réalité qu’on a oubliée. Une réalité qu’on a voulu nous faire oublier. Ces clichés en noir et blanc « parlent d’eux-mêmes », résume-t-il, interrogé par L’Orient-Le Jour.
C’est peu dire : il suffit de plonger dans l’immense regard de Jamila, 7 ans, morte du choléra quelques jours après que l’image ait été prise, pour que la colère gronde et submerge un spectateur impuissant, et voyeur malgré lui. Ses grands yeux intimidants racontent une histoire. Atroce. Celle d’une petite fille de 7 ans s’apprêtant déjà à partir, sans qu’on lui ai laissé le temps de vivre.
Ralph el-Hage a été dans quelques-uns de ces hôpitaux de fortune – plus de la moitié des centres de santé du pays ne sont plus en état de fonctionnement – pour montrer ce qui s’y passe. Les malades y sont entassés, et le manque d’espace d’accueil par rapport à l’afflux de personnes qui demandent à être sauvées est impressionnant. Là-bas, la maladie se propage et la mort évacue. À Sanaa par exemple, le personnel soignant, manquant d’effectif, se voit accomplir des tâches qui ne sont pas censées être les siennes.
Ralph el-Hage évoque aussi Hodeida, cette ville dont l’accès à la mer pourrait signifier une relative bonne santé économique. Mais face à l’image de ce pêcheur, prise devant la maigre carcasse de sa barque, il explique que la guerre et cette épidémie foudroyante empêchent la population de pêcher et rendent donc impossible tout échange avec les pays voisins, sachant que 90 % des Yéménites en dépendent pour subvenir à leurs besoins vitaux.
Même si Ralph el-Hage se dit « amateur » dans le domaine photographique, la qualité de ses clichés est incontestable. Mais ce qui fait que cette poignante exposition est absolument à voir, c’est qu’elle rappelle à tous ceux qui seraient tentés de l’oublier un drame humanitaire sans précédent.

 « Yemen Today » jusqu’au 23 mars.
Dar al-Moussawir, Wardiyé, Hamra.

Pays le plus pauvre de la péninsule Arabique, le Yémen souffre depuis bientôt trois ans des ravages de la guerre. Un conflit qui oppose le gouvernement du président Hadi, soutenu par la coalition arabe menée par l’Arabie saoudite, aux rebelles houthis. Montée en puissance des groupes jihadistes, famine, choléra, le Yémen est aujourd’hui le théâtre d’une des plus grandes crises...

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