Le gouvernement israélien s'est extirpé d'une crise aiguë qui menaçait son existence, mais doit se préparer à de nouveaux remous si le Premier ministre Benjamin Netanyahu est inculpé pour corruption présumée.
La coalition sur laquelle repose le gouvernement considéré comme le plus à droite de l'histoire a balancé pendant des jours sur un fil au-dessus de la dissolution et de la convocation d'élections anticipées. Mardi soir, un compromis a finalement été trouvé sur le sujet qui accaparait toutes les énergies politiques: l'exemption de service militaire des étudiants ultra-orthodoxes. Le gouvernement formé en 2015 reste en place. M. Netanyahu, au pouvoir depuis près de 12 ans au total et sur la voie de battre le record de longévité de l'historique David Ben Gourion, demeure à sa tête.
Les commentateurs désignent à présent les gagnants et les perdants. Beaucoup estiment que M. Netanyahu, soupçonné de s'être livré à une partie de poker, a pas mal perdu à la table: la plupart de ses partenaires de coalition sortent renforcés de la partie, lui-même a dilapidé la carte des législatives anticipées.
M. Netanyahu est largement soupçonné d'avoir cherché la tenue d'élections en juin, bien avant l'échéance prévue de novembre 2019, pour se prémunir politiquement contre l'inculpation qui pèse sur sa tête.
La police a recommandé en février son inculpation dans deux dossiers de corruption présumée. Un troisième, l'affaire dite Bezeq, du nom du grand groupe israélien de télécommunications, pourrait se révéler encore plus dangereux.
Les chefs de file de sa coalition se sont gardés jusqu'alors de se dissocier de lui. Mais ils ont dit attendre la décision du procureur général d'inculper ou non le Premier ministre. Cette décision devrait prendre encore plusieurs semaines. Des sondages indiquent que le Likoud, le parti de M. Netanyahu, arriverait largement en tête si les Israéliens étaient appelés aux urnes en juin. S'il était inculpé, M. Netanyahu pourrait se prévaloir de la confiance renouvelée des électeurs pour conserver son poste et imposer la solidarité gouvernementale face aux appels à la démission. Seulement, très peu des partenaires de M. Netanyahu avaient un intérêt à ces élections, soit parce qu'ils pouvaient difficilement espérer une coalition plus favorable, soit parce qu'ils menaceraient de disparaître du Parlement.
(Pour mémoire : Affaire de corruption présumée : les Netanyahu longuement interrogés)
Craquera, craquera pas ?
Tous les chefs de la coalition, et même certains de l'opposition "lui ont signifié clairement qu'il n'y aurait pas d'élections en juin", écrivait le quotidien Maariv. "Netanyahu était furieux. Il se rendait compte que juin lui glissait entre les doigts, et qu'il avait perdu la bataille".
M. Netanyahu lui-même a constamment assuré vouloir préserver la coalition. "J'ai tenu ma promesse", s'est-il rengorgé mardi soir devant la Knesset tout en raillant l'opposition. "Vous avez eu peur, hein", lui a-t-il lancé, proclamant lui avoir épargné "l'amère désillusion" d'une campagne électorale perdue.
"L'issue (de la crise) était indifférente au Premier ministre", a déclaré mercredi un fidèle, le ministre de la Coopération régionale Tzachi Hanegbi, "en cas d'élections, les sondages lui souriaient. D'un autre côté, qui est mieux placé que le Premier ministre pour savoir que, quand vous commencez une campagne électorale, il n'y a aucun moyen de savoir quelle en sera l'issue".
En bout de crise, M. Netanyahu a obtenu des partenaires de la coalition l'engagement de voter le budget 2019 et de réfréner les propositions de loi sur des questions sensibles touchant à la religion et à l'Etat.
Ils s'engagent aussi à œuvrer à la "stabilité" du gouvernement et à travailler de concert "pour que le gouvernement continue à opérer sur la durée", a rapporté le Likoud.
M. Netanyahu devrait avoir besoin d'un tel engagement alors qu'il va au-devant de mois tumultueux.
"Il va peut-être craquer", dit Abraham Diskin, professeur de sciences politiques, "mais si Netanyahu reste le Netanyahu que nous avons suivi ces derniers jours et ces dernières années, il ne craquera pas, et il continuera même s'il est inculpé". "Netanyahu doit à présent être attentif aux petits partis (de sa coalition), beaucoup de petits partis peuvent altérer l'équilibre interne", écrit Maariv. "Une fissure s'est formée dans la coalition", ajoute-t-il.
Le système politique israélien est notoirement volatil. Aucune mandature n'est allée à son terme depuis 1988. Peut-être, ce gouvernement fera-t-il exception, dit M. Diskin, "mais si j'avais de l'argent à jouer, je ne le miserais pas là-dessus".
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commentaires (2)
NETANYAHU COMME LE PREMIER MINISTRE AVANT LUI ET LE PRESIDENT PEUT ALLER EN PRISON COMME CORROMPU... CHEZ NOUS ILS S,ENORGUEILLISSENT D,ETRE INTOUCHABLES ET DE RETOURNER A LEURS POSTES PAR LES VOIX DES MOUTONS DE PANURGE !
LA LIBRE EXPRESSION
12 h 53, le 15 mars 2018