Les femmes de Roger (Moukarzel) et les fragments de Robert (Bared)

« Paris Fragments » de Robert Bared
Libanais natif de Byblos, Robert Bared vit à Paris depuis 1975. Responsable de projets éditoriaux (au sein de l’équipe de l’encyclopédie Hachette, notamment), il a aussi à son actif des ouvrages personnels dans lesquels il traite souvent de la rhétorique de l’image et des liens entre la littérature et les arts. « Si je garde une tendresse infinie pour la ville où j’ai ouvert les yeux, j’aime passionnément celle qui depuis quarante ans ne cesse d’impressionner à la fois ma rétine, mon esprit et mon cœur », dit cet auteur et essayiste. Également photographe à ses heures perdues, il a perfectionné sa technique et exercé son œil, pendant plus de dix ans, avant de se lancer dans le circuit des expositions à partir de 2011. Actuellement, il participe à un accrochage collectif organisé par la galerie Chris Boïcos Fine Art, justement intitulé « Paris Fragments ». Cinq photographes y présentent leur perception de la capitale française. Celle de Robert Bared exprime une sensibilité romantique. Et pour cause, il capte les rues et les façades de Paris les jours de pluie à travers le pare-brise de sa voiture. Les édifices, les illuminations nocturnes et les passants sont déformés et métamorphosés par le prisme constitué de coulées de pluie sur la vitre. Il en résulte une beauté délicate, composée d’images fragmentaires et furtives dans un équilibre précaire entre photographie et peinture impressionniste. « Un certain idéal d’harmonie m’éloigne de toute réalité trop brute ou trop névralgique, comme de toute recherche purement mentale », affirme ce Parisien d’adoption, qui offre ainsi sa vision personnelle, poétique et contemplative de la Ville Lumière, jusqu’au 18 mars au Studio Olivier Placet.

Studio Olivier Placet
15, rue Bouchardon 75010 Paris

« Des femmes dans la photographie » de Roger Moukarzel
Dans le cadre de la grande exposition qu’il consacre ce printemps à la photographie française, Jean-Luc Monterosso, directeur de la Maison européenne de la photographie, a souhaité réserver une place toute particulière aux « femmes qui font la photographie française contemporaine ». Pour l’occasion, c’est à Roger Moukarzel, dont il apprécie particulièrement le talent de portraitiste, qu’il a fait appel pour réaliser une série de portraits de quelques-unes des femmes qui ont collaboré avec la MEP au cours de ces dernières années.
Il s’agit bien sûr d’artistes et de photographes, à l’instar de Marie-Paule Nègre, Diana Michener, Anne Claverie, Barbara Luisi, Yuki Onodera, Sophie Elbaz, Patrizia Mussa, Catherine Ikam, Eugenia Grandchamp des Raux ou Olivia Gay… Mais aussi de « collaboratrices de l’ombre » : commissaires d’exposition, éditrices, chercheuses, journalistes, critiques d’art, historiennes de la photographie, conservatrices du patrimoine, dont la fameuse Anne Cartier-Bresson…
Une sélection pointue de quelque vingt-sept Femmes dans la photographie que Roger Moukarzel a choisi de faire poser « chez elles, dans leur univers, en utilisant différentes techniques de réflexion pour obtenir un côté graphique », indique-t-il. « Shootés en caméra argentique, à l’ancienne, pour mieux faire ressortir les expressions », ces portraits en noir et blanc sont d’autant plus éloquents qu’ils capturent l’image même des faiseuses d’images, « toutes ces femmes qui font vivre et exister l’art photographique » . Une série réalisée au cours des deux derniers mois et qui confirme, s’il en faut, la subtilité de la maîtrise technique et artistique du photographe-star du Liban. Présentée à la Maison européenne de la photographie, jusqu’au 20 mai, une exposition à découvrir si vous êtes à Paris…

Maison européenne de la photographie
5/7 rue de Fourcy 75004 Paris

Pour mémoire

Roger Moukarzel version Jean-Pierre Coffe