Un kamikaze à pied s'est fait exploser vendredi dans un quartier chiite de Kaboul, tuant au moins neuf personnes et en blessant dix-huit autres, a-t-on appris auprès du ministère afghan de l'Intérieur. Le groupe Etat islamique a revendiqué l'attentat dans un communiqué, selon le groupe Site Intelligence.
Deux policiers ont péri dans l'attaque, a déclaré Nasrat Rahimi, le porte-parole adjoint du ministère de l'Intérieur. Les sept autres morts sont des civils, a-t-il ajouté, le nombre de blessés s'établissant à 18. Un premier bilan officiel faisait état de 7 morts et 7 blessés.
L'explosion est survenue près d'un rassemblement pour marquer le 23e anniversaire de la mort d'Abdul Ali Mazari, un leader de la communauté chiite Hazara, tué par les talibans. Y participaient de hauts responsables afghans dont le chef de l'exécutif Abdullah Abdullah et son adjoint Mohammad Mohaqiq, lui-même hazara.
Le kamikaze a actionné sa charge "après avoir été identifié par la police à un check-point", a expliqué le chef de la police de Kaboul Mohammad Daud Amin à la chaîne de télévision Tolo news. Il "n'a pas réussi à entrer (dans le périmètre protégé) pour s'en prendre au rassemblement", a-t-il insisté, alors que les autorités sont pointées du doigt pour leur incapacité à protéger les chiites.
"Nous étions à l'intérieur de la mosquée quand une forte explosion a eu lieu. Les forces de l'ordre ne nous ont pas laissés bouger ensuite", a raconté à l'AFP Kazim Ali, qui participait à l'événement. D'après ce témoin, les vitraux du bâtiment ont été soufflés.
Depuis l'apparition de l'EI en 2015, la minorité chiite (environ trois millions sur quelque 30 millions d'Afghans) est régulièrement visée. Si les talibans, nettement plus nombreux que les combattants se revendiquant de l'EI, visent en priorité les forces de sécurité, locales et étrangères, les extrémistes sunnites sèment la terreur par des attentats dévastateurs contre des cibles chiites à travers le pays. Le dernier attentat anti-chiite, revendiqué par l'EI, avait fait au moins 41 morts fin décembre. Il visait un centre culturel à Kaboul.
(Lire aussi : Les Etats-Unis caressent l'espoir d'une issue politique en Afghanistan)
"Reddition"
L'attentat intervient alors que les talibans sont soumis à une pression croissante pour entamer des négociations de paix suite à une offre du gouvernement afghan.
Le président afghan Ashraf Ghani a proposé fin février des pourparlers de paix aux talibans, à condition qu'ils acceptent un cessez-le-feu et qu'ils reconnaissent la Constitution de 2004. Il leur a notamment offert d'être reconnus comme un parti politique. Mais dans une première réaction sur Twitter, ces derniers, qui considèrent le gouvernement afghan comme une "marionnette" des Etats-Unis, ont semblé écarter cette offre qui s'apparenterait à leurs yeux "à une reddition".
Les talibans avaient avant cela appelé les Etats-Unis à "discuter" directement avec leurs représentants basés au Qatar. Washington les a en retour poussés à accepter les pourparlers de paix.
L'attaque de vendredi fait suite à l'explosion d'une voiture suicide il y a une semaine au passage d'un convoi de l'ambassade d'Australie dans l'est de Kaboul, qui avait tué un enfant et blessé 22 personnes.
La capitale afghane est devenue l'un des endroits les plus meurtriers d'Afghanistan. Les talibans et le groupe Etat islamique y rivalisent de férocité, faisant de nombreuses victimes civiles.
Plus de 10.000 civils ont été blessés ou tués en Afghanistan en 2017 des suites du conflit, selon l'ONU. Près de 2.300 d'entre eux ont été tués ou blessés dans des attentats, le plus lourd bilan de ce type jamais enregistré.
Les talibans ont par ailleurs revendiqué d'autres attaques survenues dans la nuit de jeudi à vendredi et visant des check-points de l'armée et de la police afghanes dans la province de Takhar (Nord). Ces assauts ont fait 17 morts et 13 blessés parmi les forces de sécurité, a indiqué Mohammad Omar, le gouverneur du district concerné, à l'AFP.
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commentaires (2)
CONDAMNABLE SANS RESERVE LES ATTENTATS QUI VISENT LES CIVILS CHIITES PARTOUT !
LA LIBRE EXPRESSION
18 h 59, le 09 mars 2018