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Économie - Rapport

Croissance libanaise : l’Institut de la finance internationale optimiste

L’organisation qui rassemble plusieurs institutions financières dans le monde rappelle néanmoins que le Liban est un des pays les plus en retard de la zone MENA en matière de réformes.

Les auteurs du rapport de l’IFI ont « encouragé » les autorités libanaises à « maintenir une politique monétaire restrictive » afin de notamment soutenir l’arrimage de la livre libanaise au dollar. Jekaterina Saveljeva/Reuters

L’Institut de la finance internationale (IFI), une organisation qui rassemble environ 450 grandes banques et fonds spéculatifs dans le monde, a estimé dans son dernier rapport publié en février et relayé hier par le Lebanon this Week de Byblos Bank que la croissance au Liban avait atteint 2,2 % en 2017, contre 1,8 % en 2016.

L’IFI a également indiqué anticiper une croissance de 2,9 % en 2018, ajoutant que ce taux pourrait même atteindre 4,5 % en 2020 à condition que la situation politico-sécuritaire du pays reste stable, que les pouvoirs publics lancent des réformes structurelles et que le gouvernement arrive « à lever 16 milliards de dollars » pour investir dans ses infrastructures lors de la conférence du Cedre le 6 avril. Cet événement doit rassembler pays donateurs et institutions internationales à Paris pour financer le programme d’investissements préparé par le gouvernement libanais. Il reste, selon plusieurs sources diplomatiques et patronales concordantes, que le Liban ne devrait s’attendre à collecter dans le meilleur des cas pas plus de 7 à 8 milliards de dollars en prêts concessionnels.


Politique monétaire restrictive

L’IFI a en outre relevé dans son rapport une augmentation de la pression inflationniste, à +4,7 % en 2018 contre +4,5 % en 2017 et -0,8 % en 2016. Un phénomène que l’organisation lie à la hausse globale des prix des matières premières – les cours du brut, notamment, qui oscillent autour de la barre des 60 dollars depuis le début de l’année – et la dépréciation du dollar face à l’euro, qui augmentent la facture des importations.

Les auteurs du rapport de l’IFI ont ensuite « encouragé » les autorités libanaises à « maintenir une politique monétaire restrictive » afin de contenir la pression inflationniste, soutenir l’arrimage de la livre libanaise au dollar et attirer des capitaux étrangers. L’IFI a en outre appelé la Banque du Liban (BDL) à ne plus lancer d’opérations financières exceptionnelles pour doper les entrées de capitaux – comme celles menées en 2016 et 2017 – et l’a invitée à relever ses taux d’intérêt afin de s’aligner à terme sur ceux de la Réserve fédérale américaine – une exigence également imposée par le Fonds monétaire international (FMI). La Fed, qui a augmenté trois fois ses taux en 2017 (qui se situent entre 1,25 à 1,5 %), prévoit trois nouvelles hausses en 2018.

L’IFI estime enfin que la confiance dans la stabilité de la livre va rester « forte », soutenue par le niveau « élevé des actifs de la BDL en devises, qui atteignent 44 milliards de dollars », ainsi que les réserves d’or, à 13,5 milliards de dollars. Le gouverneur de la BDL, Riad Salamé, a affirmé dans la presse la semaine dernière que les réserves de la BDL avaient atteint 43 milliards de dollars sans préciser de date, assurant que le Liban avait définitivement passé le cap de la crise de novembre 2017. Provoquée par la démission surprise et avortée un mois plus tard du Premier ministre Saad Hariri depuis Riyad, sur fonds de tensions régionales entre l’Arabie saoudite et l’Iran, cette crise avait conduit des déposants inquiets à convertir l’équivalent de près de 3 milliards de dollars de dépôts en livres dans les banques libanaises, obligeant ainsi la BDL à puiser dans ses réserves.


(Pour mémoire : La croissance libanaise entre 2 et 3 % en 2017, selon Fransabank)


Endettement

L’IFI considère enfin, comme de nombreuses institutions internationales, que le Liban doit impérativement contrôler son déficit budgétaire, estimant qu’il devrait passer de 9,9 % en 2016 à 7,7 % en 2017, avant de repasser à 9 % en 2018. L’organisation anticipe de plus un recul du déficit de la balance courante du pays (solde des flux monétaires combinant balance commerciale, revenus et transferts courants) de 19,7 % à 19,2 % du PIB entre 2017 et 2018. L’IFI estime enfin que la dette publique du Liban qui a atteint 79,5 milliards de dollars fin 2017 (+6,2 % en un an) devrait atteindre 149,1 % du PIB en 2018, contre 149,6 % en 2017. L’organisation note en conclusion que le Liban est un des pays les plus en retard de la zone MENA depuis six ans pour ce qui est de la mise en œuvre des réformes structurelles, lesquelles sont indispensables pour contrôler l’endettement du pays, lutter contre la corruption et améliorer l’environnement des affaires. Qu’il soit justifié ou non, l’optimisme de l’IFI tranche également avec le ton alarmiste du Fonds monétaire international (FMI) qui avait estimé dans son rapport publié le 12 février que la croissance libanaise devrait se situer entre 1 et 1,5 % en 2017 comme en 2018. La BDL table toujours sur 2,5 % en 2017 ; tandis que la Banque mondiale avait quant à elle revu ses estimations à la baisse en janvier, à 2 % en 2017 (au lieu de 2,5 %) et 2,2 % en 2018 (au lieu de 2,5 %).


Pour mémoire

Le Liban plus fragile depuis la crise de novembre, selon le FMI

L’Institut de la finance internationale (IFI), une organisation qui rassemble environ 450 grandes banques et fonds spéculatifs dans le monde, a estimé dans son dernier rapport publié en février et relayé hier par le Lebanon this Week de Byblos Bank que la croissance au Liban avait atteint 2,2 % en 2017, contre 1,8 % en 2016.
L’IFI a également indiqué anticiper une...

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