En déplacement au Liban cette semaine, l’ambassadeur de France et délégué interministériel à la Méditerranée, Pierre Duquesne, s’est exprimé hier en marge d’une réunion à Beyrouth avec le Premier ministre Saad Hariri au sujet de la conférence du Cèdre programmée le 6 avril à Paris.
M. Duquesne est notamment en charge des préparatifs pour cet événement (aussi appelé Conférence économique pour le développement par les réformes et avec les entreprises ; ou conférence Cedre), qui doit rassembler institutions financières et pays donateurs pour organiser une levée de fonds afin de financer un large programme de modernisation des infrastructures libanaises. « Les préparatifs se passent bien », a encore assuré M. Duquesne, selon un communiqué de la présidence du Conseil des ministres. Il a en outre indiqué « qu’une cinquantaine de pays et organisation internationales (…) invités par le Liban et la France » sont en principe attendus à cette conférence.
Les pays du Golfe invités
« Je viens de voir le Premier ministre avec lequel les choses sont bien calées. Je vois aussi à la fois les autres pays, les organisations internationales, les ministères libanais, de façon que tout le monde soit à bord pour une préparation collective de cet événement important que la présidence française a souhaité pour aider à faire avancer le Liban », a poursuivi l’ambassadeur. M. Duquesne a également souligné l’importance du timing de la conférence, qui se déroule à un mois des élections législatives libanaises.
La Conférence du Cèdre fait partie d’une série de rassemblements de pays donateurs et d‘organisations internationales visant à soutenir le Liban avec celle de Rome 2 consacrée au soutien à l’armée et aux forces de sécurité (prévue le 15 mars) et celle de Bruxelles, consacrée à la prise en charge des réfugiés sur le territoire libanais (programmée les 24 et 25 avril). « La Conférence du Cèdre est axée sur le développement, donc nous allons examiner les problèmes à moyen et long terme du Liban, singulièrement son déficit en infrastructure physique et sociale, qui sont des goulots d’étranglement pour l’économie », a assuré d’entrée M. Duquesne, évoquant notamment des « réformes » dans les secteurs de l’eau, de l’électricité ou encore des télécommunications. « Nous ne traiterons pas seulement des problèmes d’urgence ou de crise, comme ce fut le cas lors des conférences de Paris I (NDLR : en 1998), Paris II (en 2002) et Paris III (en 2007) », a-t-il ajouté. Interrogé sur la participation des pays du Golfe à la conférence, M. Duquesne a répondu que ces derniers étaient « tous » invités. « Je ne suis pas capable de vous dire à ce stade, mais cela veut dire qu’ils n’ont pas dit non. Comme vous suivez mes voyages à la trace, personne n’a confirmé, puisque les invitations formelles n’ont pas encore été lancées (…) Nous sommes encore en février », a-t-il ajouté. Les relations entre le Liban et les pays du Golfe se sont tendues depuis la démission – avortée un mois plus tard – de M. Hariri depuis Riyad, dans des circonstances qui ont fait débat et sur fond de tensions régionales entre l’Arabie saoudite et l’Iran. M. Duquesne a également ajouté – en réponse à une autre question sur ce sujet – que les invités qui seraient éventuellement absents lors de la conférence allaient « rater une occasion d’aider un pays dont la stabilité est importante pour la région et pour le monde. »
Pas de conditions
S’agissant des exigences imposées au Liban en vue de garantir le succès de la conférence, M. Duquesne a indiqué qu’il n’y avait « pas de conditions », évoquant cependant la nécessité d’un « dialogue sur les politiques publiques » à mener. « Il y a éventuellement des signaux pas forcément très compliqués à donner avant les élections, il y a surtout des choses qui devront être faites après les élections. La réforme du secteur énergétique par exemple. Il n’y a pas d’économie qui fonctionne sans une infrastructure énergétique digne de ce nom, avec des tarifs qui correspondent aux coûts », a encore exposé M. Duquesne. Le coût de l’électricité au Liban est actuellement subventionné, tandis que la structure des tarifs n’a pas été révisée depuis des années.
Concernant enfin les difficultés auxquelles s’exposerait le Liban en cas de non-adoption du budget pour 2018 avant la Conférence du Cèdre, M. Duquesne a voulu se montrer confiant. « À la minute où je parle, rien ne permet de douter que le budget ne soit pas adopté (…) Ce gouvernement a déjà prouvé qu’il a avancé dans la bonne direction, et nul doute qu’il va continuer à le faire, donc pas de spéculations sur les choses qui ne vont pas se faire », a-t-il affirmé. Le gouvernement s’est réuni une première fois ce lundi pour examiner l’avant-projet de budget, avec plusieurs mois de retard sur le calendrier prévu par la Constitution. La précédente loi de finance – la première depuis plus de douze ans – avait été votée en octobre dernier avec dix mois de retard.L’ambassadeur délégué interministériel a par ailleurs rencontré plus tard dans la journée le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, pour aborder plusieurs dossiers également liés à la Conférence du Cèdre.
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