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Nos Lecteurs ont la Parole - par Alain E. ANDREA

Le statu quo qui s’effondre...

Depuis l’aube des temps, l’humanité fut écrite en lettres de sang : Caïn tua Abel ! Cette référence biblique soulève des questions fondamentales qui touchent au cœur même de la nature humaine : la violence serait-elle le fruit de la sélection naturelle et par conséquent inévitable ou bien serait-elle la conséquence de notre civilisation et donc maîtrisable ? Entre ces deux théories, paléolithique et néolithique, on ne saurait trancher sans aboutir à des discussions chaotiques et à des querelles sans issue. En attendant, l’avion de la guerre a pris depuis longtemps son envol, faisant, de temps à autre, escale partout dans le monde : péril, souffrance, misère, l’engrenage semble sans fin. Par ailleurs, le cataclysme sans précédent qu’a connu le développement fatal des moyens de combat fut, sans aucun doute, l’introduction des armes de destruction massive qui constitue le point culminant de l’auto-anéantissement de notre humanité surtout après l’atterrissage fracassant de la physique nucléaire, par ses dimensions apocalyptiques, dans la réalité historique militaire.
 Tout a commencé en 1896 lorsque le physicien français Henri Becquerel découvre fortuitement la radioactivité en effectuant des expériences sur les sels d’uranium. Deux ans plus tard, Pierre et Marie Curie annoncent la découverte du polonium puis du radium, de loin plus radioactifs. Le progrès spectaculaire dans le domaine de la physique des particules va permettre au chimiste allemand Otto Hahn de décrire pour la première fois, en 1938, la fission nucléaire, un phénomène qui engendre un dégagement d’énergie très important. Partant du concept qu’il faut battre le fer pendant qu’il est chaud, les Allemands se lancent dans le « Projet Uranium » quelques mois après la grande découverte de Hahn, dans le but de fabriquer la grande bombe. Devant la situation terrifiante du pouvoir d’anéantissement dont l’homme vient de se doter, Albert Einstein envoie une lettre au président américain Franklin Roosevelt pour le prévenir que l’Allemagne nazie est sur le point de développer une arme nucléaire ; c’est ainsi que le projet Manhattan vit le jour suite à la signature de l’ordre exécutif en 1941.
 De cette gestation forcée, naîtra, en 1945, la première bombe atomique sous les mains du physicien américain Robert Oppenheimer qui se qualifie alors de « destructeur des mondes ». Devant la faillite des idéologies impuissantes à expliquer le massacre que pourrait engendrer cette arme aveugle, le président Harry Truman – successeur de Roosevelt – donne l’ordre de larguer « Little Boy » le 6 août 1945 sur la ville japonaise de Hiroshima, transformant ainsi la terre en préambule de l’enfer et faisant plus de 100 000 morts. Cette barbarie humaine ne s’arrête pas là, hélas ! Trois jours plus tard, le même sort est réservé à Nagasaki avec « Fat Man » qui transforme celle-ci en un gigantesque brasier faisant près de 70 000 morts. La ville n’est plus. Ces deux tragédies des plus effroyables que la mémoire humaine ait pu enregistrer ont permis, cependant, de mettre un terme à la Seconde Guerre mondiale et de créer un nouveau concept de dissuasion nucléaire, de « paix par la crainte », projetant le monde dans une nouvelle ère de statu quo militaire où faire la guerre devenait pure folie et pouvait provoquer la fin de toute vie sur terre.
 Dès lors, les résolutions internationales se succèdent. Le Comité international de la Croix-Rouge met en chantier la révision de la Convention de 1929, en affirmant que l’utilisation des armes de destruction massive est incompatible avec les fondements du droit de la guerre et de l’action secourable de la Croix-Rouge, aboutissant à la IVe Convention de Genève le 12 août 1949, qui constitue un progrès important du droit international écrit, en matière humanitaire de protection des civils durant les périodes de guerre. Ensuite, ce fut le tour du traité honteux sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) de 1968, élaboré à l’initiative des pays qui en étaient dotés, car il a été petit à petit démontré que posséder cette arme les mettrait progressivement à l’abri de toute domination : écœurant et incohérent de vouloir interdire aux autres ce que l’on se permet, encore plus quand l’histoire est contre ceux qui donnent des leçons. Ceci nous rappelle la célèbre phrase de Churchill : « Vous avez voulu éviter la guerre au prix du déshonneur. Vous avez le déshonneur et vous aurez la guerre. » Tous les pays qui s’insurgent contre l’accession au nucléaire de Pyongyang sont ceux qui y ont accédé mais ce n’est pas tout ! Ces mêmes pays – signataires du TNP – sont ceux qui ne respectent pas leurs propres engagements surtout concernant l’article I et VI du traité : si ces pays-là sont convaincus que la prolifération de cette arme stratégique ferait éclater la soi-disant paix internationale, pourquoi ne dénoncent-ils jamais le programme nucléaire ambigu d’Israël qui refuse de ratifier le traité ? Sont-ils trop occupés à violer les résolutions adoptées par l’Unesco concernant la ville sainte de Jérusalem ou bien ce qui s’applique aux poulains de la politique impérialiste ne s’applique pas à ses opposants ?
 Messieurs les dirigeants des soi-disant grandes puissances, « la puissance ne consiste pas à frapper fort ou souvent, mais à frapper juste », comme l’a si bien dit Balzac. Si la paix internationale vous préoccupe tellement, commencez par entrevoir des sanctions à l’encontre des pays et des entités qui entravent à sa mise en œuvre, à commencer par vos pays bien évidement, les seuls à avoir refusé de signer le traité d’interdiction des armes nucléaires adopté par l’ONU en juillet 2017, qui n’ont jamais élaboré « de bonne foi » des politiques visant à la « cessation de la course aux armements nucléaires » et au « désarmement général et complet » (article VI du TNP) car c’est bien à cause de vous que la Corée du Nord développe son arsenal nucléaire pour faire jeu égal avec vos empires, c’est bien à cause de vous et de vos politiques dévastatrices que le Moyen-Orient sombre dans l’injustice et c’est bien à cause de vous que « Liberté, Égalité, Fraternité » devient, de jour en jour, un « mythe de la caverne ». Mais savez-vous ? Aucun royaume ne dure longtemps et à bon entendeur salut !


Depuis l’aube des temps, l’humanité fut écrite en lettres de sang : Caïn tua Abel ! Cette référence biblique soulève des questions fondamentales qui touchent au cœur même de la nature humaine : la violence serait-elle le fruit de la sélection naturelle et par conséquent inévitable ou bien serait-elle la conséquence de notre civilisation et donc maîtrisable ? Entre ces...

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