Le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, en visite officielle à Beyrouth depuis lundi, s’est dit étonné des troubles sécuritaires qui ont secoué le pays peu après son arrivée. Des partisans du mouvement Amal étaient descendus dans les rues de Beyrouth et de sa banlieue, dans la Békaa et au Liban-Sud, coupant des routes avec des pneus incendiés, en guise de protestation contre les propos tenus par le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, qui a traité le président de la Chambre, Nabih Berry, de « voyou ».
Selon une source qui a suivi de près la visite de M. Steinmeier, le premier chef de l’État allemand à effectuer une visite officielle au Liban depuis plus de 110 ans, celui-ci aurait attendu que la situation se calme avant de se diriger du palais de Baabda à l’hôtel Phoenicia où il était descendu avec la délégation qui l’accompagnait. Ces mêmes milieux ont précisé que durant son entretien avec le chef de l’État, Michel Aoun, le président allemand a réitéré la position de son pays qui s’oppose au retour forcé des réfugiés en Syrie, même dans les zones dites sécurisées. Cela ne signifie pas pour autant, d’après cette source, que le président allemand n’est pas conscient du fardeau que représente pour le Liban la présence des réfugiés, affirmant que l’Allemagne poursuivra son aide financière au pays du Cèdre.
Toujours selon cette source, M. Steinmeier aurait expliqué à M. Aoun qu’il a tenu à visiter le Liban « pour prendre part aux efforts internationaux déployés pour trouver une solution à la crise des réfugiés et pour que les pays donateurs versent les sommes qu’ils avaient promises » dans ce cadre.
Concernant la décision du président américain Donald Trump de déclarer Jérusalem capitale d’Israël, M. Steinmeier a estimé « qu’il s’agit d’une mesure susceptible de compliquer la situation au Moyen-Orient et de paralyser tous les efforts déployés pour instaurer la paix ». Il a enfin promis à son homologue libanais de soutenir la position du Liban dans son opposition à la construction par Israël d’un mur en béton tout au long de la « ligne bleue ».
Chez Berry et Hariri
Hier, M. Steinmeier a été reçu par le président de la Chambre, Nabih Berry, qui a estimé que « la meilleure aide que l’Allemagne puisse apporter au Liban, c’est d’œuvrer à trouver une solution politique à la crise en Syrie » dont les répercussions se font ressentir au Liban et dans la région. M. Berry a, par ailleurs, insisté devant son visiteur sur l’importance des prochaines législatives prévues le 6 mai, affirmant qu’« il ne permettrait pas une quelconque menace contre la stabilité du Liban et des Libanais ».
Le président allemand a de même été reçu par le Premier ministre, Saad Hariri, avec qui il a discuté des moyens de renforcer les relations bilatérales et de la participation de l’Allemagne à la conférence de Rome II (le 28 février), consacrée au soutien à l’armée libanaise et aux forces de sécurité, et à celle du Cèdre à Paris (en avril prochain), dédiée au financement d’un large programme de modernisation des infrastructures libanaises, ainsi qu’à celle de Bruxelles (prévue pour le printemps) sur la crise des réfugiés syriens.
Selon la source précitée, M. Steinmeier aurait insisté devant le président du Conseil sur la nécessité de « maintenir la stabilité sécuritaire et politique » au Liban.
À Dar el-Fatwa
Le président allemand s’est par ailleurs rendu à Dar el-Fatwa où il a rencontré les principaux dignitaires religieux chrétiens et musulmans du pays. Le mufti de la République a mis l’accent devant ses hôtes sur l’importance de la coexistence au Liban, comme sur les « constantes de l’islam concernant le respect de la dignité de l’homme et la différence ». Saluant l’aide allemande pour le Liban, le cheikh Deriane a affirmé que « la stabilité dans la région ne pourra être instaurée qu’avec la fin de l’occupation (israélienne) de Jérusalem et de la Palestine ».
De son côté, M. Steinmeier a insisté sur le rôle des religions dans les sociétés, notamment au Moyen-Orient. « La paix religieuse est une acceptation de la pluralité et de la coexistence entre les différentes souches de la société », a-t-il affirmé, rappelant que « l’Allemagne avait déjà vécu cette expérience de coexistence et qu’elle est consciente de son importance pour maintenir la stabilité et la paix ».
Le président allemand avait entamé sa journée par une visite du contingent maritime de son pays au sein de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), au port de Beyrouth, avant de se diriger vers le centre-ville où il a déposé une gerbe de fleurs devant la statue des Martyrs. Accompagné des ministres de la Culture et de la Défense, Ghattas Khoury et Yaacoub Sarraf, il a ensuite effectué une marche dans le centre-ville de Beyrouth, puis s’est rendu au Musée national de Beyrouth. Il a conclu sa visite au Liban par une rencontre avec des étudiants de l’Université libanaise devant qui il a affirmé que « le Liban peut être le lieu où le dialogue peut réussir ». Il est à souligner que l’Université libanaise a décerné à M. Steinmeier un doctorat honorifique.
Liban - Liban-Allemagne
Steinmeier réitère l’opposition de son pays à un retour forcé des réfugiés syriens
Le président allemand a rencontré les chefs religieux des différentes communautés à Dar el-Fatwa.
OLJ / Par Khalil FLEYHANE, le 31 janvier 2018 à 00h00
commentaires (2)
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LA LIBRE EXPRESSION
13 h 16, le 31 janvier 2018