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À La Une - France

Regain de tension à Calais après un nouvel afflux de jeunes migrants

"Les migrants ont été très, très mal informés. Les annonces n'ont pas amélioré la situation, au contraire", dit un bénévole. 


Des policiers en train d'arrêter un migrant, le 25 janvier 2018, à Calais. AFP / PHILIPPE HUGUEN

Adam, 17 ans, vient d'arriver à Calais, au nord de la France. Comme une centaine d'autres mineurs étrangers, il pensait pouvoir aller en Angleterre rapidement après les annonces franco-britanniques sur les demandes d'asile. Un faux espoir, selon les associations, inquiètes d'un regain de tension parmi ces jeunes migrants.

"Je suis venu pour essayer d'aller en Angleterre", explique ce Tchadien de 17 ans, dans un français rudimentaire, en attendant l'arrivée quotidienne d'humanitaires pour la distribution de repas dans une zone industrielle. "J'étais à Paris depuis décembre. Je n'avais rien à Paris, où je vivais dehors", ajoute-t-il au milieu d'une centaine de jeunes hommes qui jouent au football sous la pluie ou se réchauffent près d'un feu.

Depuis le sommet franco-britannique du 18 janvier, portant notamment sur l'accélération du traitement des dossiers de demande d'asile par Londres, les autorités locales du nord de la France ont constaté un afflux d'environ 150 migrants à Calais, surtout des mineurs originaires de l'Afrique de l'Est, venus de Belgique et de Paris. 

Dès lundi, un centre d'hébergement d'urgence temporaire à ouvert à 70 km de là, pour accueillir 118 jeunes, revenus pour la plupart depuis à Calais où un immense bidonville de plus de 8.000 migrants, appelé la "jungle", avait été démantelé fin 2016. "Je ne veux pas l'asile en France, je veux aller en Angleterre, où j'ai un frère", assure Tesfazgi, un Erythréen qui dit avoir 14 ans, en buvant un bol de soupe accroupi dans la boue.


(Pour mémoire : France: un migrant gravement blessé à l'arme blanche près de Calais


'Incompréhension' et 'fausses rumeurs'

"Les migrants ont été très, très mal informés. Les annonces n'ont pas amélioré la situation, au contraire (...) Il y a eu un appel d'air", témoigne Yolaine Bernard, bénévole depuis dix ans pour l'association Salam.

Les autorités locales se défendent et assurent avoir "rapidement" rappelé, "notamment lors de maraudes sur le terrain", que l'identification des mineurs concernés par le rapprochement familial en vue de leur transfert outre-manche ne se ferait pas à Calais.

Le ministère britannique de l'Intérieur a promis d'accueillir légalement au moins 480 mineurs, précisant que seuls seraient éligibles à son nouveau programme les mineurs présents avant le 19 janvier en France, en Grèce ou en Italie.

L'accord prévoit, côté britannique, de réduire les délais de traitement des dossiers de demande d'asile des migrants, qui doivent passer de six mois à 25 jours pour les mineurs.

Depuis le début de 2017, seuls huit mineurs ont été acceptés par la Grande-Bretagne, selon l'association France Terre d'asile qui assure leur accompagnement. "Il y a eu des annonces disant que le regroupement familial serait plus facile", rappelle Sabriya Guivy, de l'association l'Auberge des migrants. "Ca crée de l'espoir mais il n'y a pas d'explication" sur les procédures à suivre. Du coup, "les gens sont frustrés", poursuit-elle, et les "conditions de vie et la pression policière" ne font qu'aggraver les choses.

D'après l'association Salam, il y aurait désormais 800 migrants, 600 selon les autorités. Cette semaine, des heurts entre migrants et policiers ont éclaté au moment d'une opération "anti-squats" des forces de l'ordre, qui ont enlevé tentes et cabanes dans un bois à proximité.

Quatre migrants ont dû être conduits à l'hôpital. "Il est évident que la tension, le stress, l'incompréhension d'éventuelles mesures, les fausses rumeurs, font que ce n'était pas le moment" d'envoyer la police, estime Jean-Claude Lenoir, président de Salam, qui assure, comme d'autres associatifs, qu'un Erythréen de 16 ans a été gravement blessé à un oeil.

Des violences dues "plutôt à l'emprise des passeurs", selon les autorités. "Les jeunes sont excédés", se désole Blandine Soleille, bénévole venue sur place au moment des violences. "Pour eux il n'y a pas d'issue".


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