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À La Une - Liban

Hicham Haddad : Je serai encore plus virulent lors de mes prochaines émissions

Interrogations sur l'identité de la partie politique qui a demandé d'engager des poursuites contre l'humoriste libanais.

L'humoriste libanais Hicham Haddad lors de son émission "Lahon W Bass". Photo tirée de sa page Facebook

L'humoriste Hicham Haddad a assuré vendredi qu'il serait encore plus virulent dans ses prochaines émissions, alors qu'on s'interroge sur l'identité de la partie politique qui a demandé d'engager des poursuites à son encontre pour un sketch télévisé tournant en dérision le prince héritier saoudien, Mohammad Ben Salmane.

"Je serai encore plus virulent et plus fort lors de mes prochaines émissions, car cela est mon travail", a-t-il assuré dans des propos accordés à la LBCI et Al-Jadeed. Il a en outre appelé le procureur général à se saisir d'autres affaires, telle que la pollution et la gestion des déchets.

Pour sa part, le PDG de la LBCI, Pierre el-Daher, a exprimé vendredi son soutien à Hicham Haddad, lors d'un entretien à la chaîne Al-Jadeed. "Nous t'attendons mardi avec une émission encore plus percutante", a dit M. Daher à l'attention de M. Haddad. "Certains veulent distraire les Libanais des questions primordiales (...), surtout à l'approche des élections législatives", prévues le 6 mai prochain, a-t-il ajouté.

Jeudi, le procureur général, Samir Hammoud, avait demandé que des poursuites soient engagées contre Hicham Haddad qui s'en était pris lors de son émission "Lahon W Bass", diffusée tous les mardi soir sur la chaîne LBCI, au puissant prince héritier saoudien, MBS. Le procureur général du Mont-Liban, Ghada Aoun, a transféré la plainte devant le tribunal des imprimés.

Lors de l'émission, M. Haddad tournait en dérision les prévisions pour 2018 du voyant Michel Hayek, lui faisant dire qu'il conseillait au prince de "manger moins de fast food" avant de commenter: "Avec tout ce qui passe dans la région, il lui conseille de manger moins de hamburgers? Je lui conseille de mettre un terme aux campagnes, aux arrestations, aux frappes militaires...."


"Décision injuste"
"C'est le parquet général qui a engagé des poursuites contre Hicham Haddad car certains propos qu'il a tenus constituent une offense et une diffamation (à l'encontre du prince héritier saoudien) et portent atteinte aux relations du Liban avec un autre Etat", a expliqué le juge Hammoud à la LBCI vendredi.


Une version confirmée par le ministre de la Justice, Salim Jreissati, qui affirme que cette affaire est du ressort du parquet général, démentant avoir demandé au parquet de se mobiliser contre l'humoriste. "Lorsque le ministre de la Justice demande au parquet général d'engager des poursuites (...), il le fait ouvertement et ne s'en cache pas", a souligné M. Jreissati.

Ces justifications interviennent au moment où l'on s'interroge sur l'identité de la partie politique qui aurait réclamé des poursuites contre Hicham Haddad. Des sources proches de l'ambassade saoudienne ont assuré à la LBCI que le royaume n'était pas derrière ces poursuites. Une autre source proche du Premier ministre Saad Hariri, a également affirmé à la LBCI ne pas avoir réclamé de telles poursuites. M. Hariri est également tourné en dérision dans l'un des sketchs de M. Haddad, dans le cadre du même épisode.

L'ex-ministre Wi'am Wahhab (pro-régime syrien), qui était parmi les premiers responsables à afficher son soutien à Hicham Haddad, a appelé vendredi "le président de la République, Michel Aoun, et le gouvernement, à démettre de ses fonctions le procureur général", affirmant que "le juge Hammoud, depuis son arrivée à son poste, a paralysé le parquet général, et lorsqu'il s'active, il le fait au mauvais endroit".


Le député Hassan Fadlallah, affilié au Hezbollah, virulent détracteur de l'Arabie saoudite, a lui aussi pris la défense de M. Haddad. "Ce qui est étonnant, c'est la rapidité des poursuites engagées contre un humoriste qui ne mérite pas cette décision injuste qui doit être revue immédiatement", a-t-il affirmé, dans des propos rapportés par la LBCI. "Cette politique de deux poids deux mesures est inacceptable. Nous vivons dans le pays de la diversité et des libertés responsables (...)", a-t-il ajouté.

Dans un entretien accordé à LBCI, le ministre de l'Information, Melhem Riachi, a également apporté son soutien à l'humoriste. "Les libertés de la presse sont sacrées. Toutes les plaisanteries ne doivent pas devenir prétexte à polémique", a déclaré M. Riachi, ajoutant que cette affaire était une "publicité gratuite" offerte à M. Haddad. "Je le remercie de son soutien mais il est bizarre que les responsables politiques apportent leur soutien alors qu'ils sont au pouvoir", a rétorqué l'humoriste.

De son côté, le député Boutros Harb a condamné les poursuites engagées contre M. Haddad qui constituent, selon lui, "une nouvelle atteinte à la liberté d'expression et une tentative de réduire au silence (...) un humoriste dont le but de faire rire les Libanais et atténuer leurs souffrances au quotidien". Il a dénoncé la "politique de répression" du gouvernement, "notamment celle du ministère de la Justice", qui "surveille les responsables politiques et les journalistes qui ne lui prêtent pas allégeance". 


Hicham Haddad avait été radié en août 2016 du Courant patriotique libre, rapporte le quotidien an-Nahar sur son site web. Cette mesure était motivée par des commentaires effectués sur sa page personnelle sur Facebook, et en raison d'une émission de son programme durant laquelle l'humoriste avait tourné en dérision Gebran Bassil, qu'il avait affublé du sobriquet de "Joujou".

Ces dernières semaines, plusieurs affaires, dont les poursuites judiciaires contre le journaliste vedette de la chaîne LBCI Marcel Ghanem, ont défrayé la chronique, faisant craindre aux yeux de nombre de Libanais un contrôle abusif par le pouvoir exécutif des libertés publiques. Au cours de son émission  Kalam el-Nass , M. Ghanem avait reçu deux journalistes saoudiens, Ibrahim el-Merhi et Adwan el-Ahmari, qui se sont livrés en direct à une critique virulente des plus hautes autorités libanaises. Au lendemain de cet épisode télévisé, le ministre de la Justice, Salim Jreissati, avait saisi le parquet, lui demandant d'enquêter sur ce qui s'était passé durant l'émission.


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commentaires (3)

hehehe et si Hicham s'en prenait au sayyed !?!?! (ce qui n'arrivera bien sur comme on le sait) mais .. et si !?

Bery tus

18 h 44, le 26 janvier 2018

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Commentaires (3)

  • hehehe et si Hicham s'en prenait au sayyed !?!?! (ce qui n'arrivera bien sur comme on le sait) mais .. et si !?

    Bery tus

    18 h 44, le 26 janvier 2018

  • LE DROIT DE LA LIBRE EXPRESSION S,ARRETE AUX BORNES DES DROITS DES AUTRES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 09, le 26 janvier 2018

  • Il y a une grosse différence entre une critique DE NOTRE politique et UN HUMOUR POLITIQUE . QUE DES ÉTRANGERS VIENNENT CRITIQUER NOTRE POLITIQUE EST INACCEPTABLE , MEME SI ELLE EST SUJETTE À CRITIQUE , ILS SONT CHEZ NOUS ILS NOUS RESPECTENT . MAIS EN CE QUI CONCERNE L'HUMOUR DE HICHAM , JE DIS BRAVO ET REBRAVO ET EN REDEMANDE QUAND IL S'AGIT D'HUMOUR SUR CES BARBARES DE WAHABITES BENSAOUDS , FUSSENT ELES CES CRITIQUES SADRESSER AU " PUISSANT" heritier bensaoud . Puissant chez lui , mais chez nous au Liban c'est un quelconque personnage qui a tenté d'enlever notre 1er Ministre .

    FRIK-A-FRAK

    13 h 49, le 26 janvier 2018

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