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Liban - Déplacés

Liban : Faute de place au cimetière, des cadavres de réfugiés syriens attendent dans les morgues

Depuis plus de trois ans, les Syriens ont du mal à enterrer leurs morts. Les Libanais sont réticents à les enterrer à proximité de leurs tombes.

Ouvert il y a un an et huit mois, ce cimetière à proximité de Saïda est déjà plein. Près de 400 réfugiés y ont été enterrés.

« Je souhaite que tous les Syriens meurent en même temps, que le monde ait leurs cadavres sur les bras. Peut-être à ce moment, on leur trouvera une place au cimetière. » Mohammad Abdelwahab el-Sayed est fossoyeur. Il enterre depuis un an et huit mois, dans un terrain acheté par des donateurs syriens, à Daraya, non loin de l’Iklim el-Kharroub, les réfugiés syriens décédés au Liban.
En un an et huit mois Mohammad el-Sayed a enterré 400 personnes dans un lopin de 1 500 mètres carrés, utilisant ainsi tout l’espace du cimetière qui accueille des cadavres de réfugiés syriens habitant notamment le Chouf, l’Iklim el-Kharroub, Saïda et Beyrouth.

Jusqu’à hier, il y avait 14 cadavres de réfugiés dans les morgues des hôpitaux de Beyrouth et de Saïda. « La situation est intenable. Les cadavres de réfugiés syriens s’accumulent dans les morgues depuis la semaine dernière. J’ai essayé d’enterrer les morts au-dessus d’autres mis en terre plus tôt, mais quand j’ai donné quelques coups de pioches aux tombes les plus anciennes, j’ai vu que les cadavres ne s’étaient pas encore décomposés », explique à L’Orient-Le Jour Mohammad el-Sayed. « La semaine dernière j’ai lancé un appel sur Facebook pour voir s’il est possible de collecter des fonds afin d’acheter un terrain situé à côté du cimetière actuel. Nous avons besoin de 50 000 dollars. Hier, j’ai tenté de trouver une solution en creusant huit tombes en bord de route, dans le prolongement du cimetière. J’attends que la terre sèche pour pouvoir y enterrer des morts », poursuit-il.
 « Certains parents ont décidé de ramener les cadavres en Syrie pour les ensevelir. D’autres ont trouvé de la place dans un cimetière de Tyr », note-t-il.
 « La semaine dernière, j’ai entrepris des contacts avec des cimetières qui accueillent des morts syriens dans la Békaa et à Tripoli, mais en vain », ajoute-t-il.
Depuis plus de trois ans, les ressortissants syriens ont du mal à enterrer leurs morts, faute de place dans les tombes libanaises.


(Lire aussi : Clandestins syriens morts à Masnaa : « Si la guerre ne s’arrête pas, on continuera à voir pareilles tragédies », avertit Merhebi)



Rapidement saturés
Partout dans le pays, les habitants des villages qui accueillent des Syriens sont réticents à enterrer des réfugiés chez eux, de peur que leurs cimetières soient rapidement pleins et cela vu le nombre de Syriens que le Liban accueille par rapport à la population locale. Dans plusieurs villes, des cimetières destinés aux étrangers existent mais avec l’arrivée des réfugiés dès 2011, ils ont rapidement été saturés.

Le Liban accueille 1,5 million de déplacés syriens. Il n’existe aucune statistique concernant les décès survenus au Liban.
Interrogé sur ce point, Mohammad el-Sayed indique qu’en un an et huit mois il a enterré 400 cadavres. » Il y a au moins un mort par jour. On compte parmi les décès de nombreux enfants. Sur les 14 cadavres qui attendent dans les morgues depuis la semaine dernière, trois sont des corps d’enfants. Parmi ces morts également, un homme d’une trentaine d’années victime d’un accident de travail, un autre, un peu plus jeune, tué dans un accident de la route, un homme de 42 ans mort d’une crise cardiaque ainsi que des hommes et des femmes de plus de soixante ans dont la mort est due à diverses maladies », explique-t-il.

Même si quelques cimetières ont été construits à Tripoli, dans la Békaa et dans le Akkar, il y a un peu plus de 18 mois, la mort d’un réfugié syrien a posé un problème logistique à sa famille. Où peut-on l’enterrer le plus rapidement possible quand peu de place est disponible dans les cimetières libanais ? Conformément aux us et coutumes de la communauté musulmane, un mort devrait être enterré rapidement après sa mort – sauf exception –, idéalement au moment de la prière qui succède le décès.


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« Je souhaite que tous les Syriens meurent en même temps, que le monde ait leurs cadavres sur les bras. Peut-être à ce moment, on leur trouvera une place au cimetière. » Mohammad Abdelwahab el-Sayed est fossoyeur. Il enterre depuis un an et huit mois, dans un terrain acheté par des donateurs syriens, à Daraya, non loin de l’Iklim el-Kharroub, les réfugiés syriens décédés...

commentaires (5)

Une tragédie humaine ... Comment ne pas penser à la vulnérabilité et à la fragilité de ces populations qui souffrent de la guerre, de l'éloignement de leurs terres et famille, C'est un devoir moral que nous avons envers les plus fragiles, nous libanais que nous avons connu et nous connaissons les mêmes soucis, le gout de ces souffrances de la guerre et de l'éloignement de notre patrie. Une raison de plus pour tout mettre en œuvre afin de résoudre le problème des réfugiés syriens et faire en sorte qu'ils puissent regagner en toute sécurité leur pays. Oh oui c'est une vraie tragédie humaine La communauté internationale doit s'impliquer

Sarkis Serge Tateossian

14 h 24, le 24 janvier 2018

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Commentaires (5)

  • Une tragédie humaine ... Comment ne pas penser à la vulnérabilité et à la fragilité de ces populations qui souffrent de la guerre, de l'éloignement de leurs terres et famille, C'est un devoir moral que nous avons envers les plus fragiles, nous libanais que nous avons connu et nous connaissons les mêmes soucis, le gout de ces souffrances de la guerre et de l'éloignement de notre patrie. Une raison de plus pour tout mettre en œuvre afin de résoudre le problème des réfugiés syriens et faire en sorte qu'ils puissent regagner en toute sécurité leur pays. Oh oui c'est une vraie tragédie humaine La communauté internationale doit s'impliquer

    Sarkis Serge Tateossian

    14 h 24, le 24 janvier 2018

  • Ça nous ramène à la guerre, où des Libanais, faute d’accès à leurs cimetières et faute de places, sont enterrés dans des tombes communes (pour ne pas dire fosses communes, plutôt réservées soit aux pauvres, soit aux non identifiés, les anonymes). Vivement la culture de l’incinération… C’est cela oui, au Liban c’est le perpétuel retour à l’anormal…

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    14 h 16, le 24 janvier 2018

  • Même les cimetières ne suffisent plus aux libanais , alors comment enterrer les syriens qui sont devenus plus nombreux que les libanais , ils doivent donc être vite rapatriés quelque part en Syrie vingt fois plus grande que le Liban .

    Antoine Sabbagha

    11 h 59, le 24 janvier 2018

  • ENVOYEZ-LES CHEZ BACHAR ILS NE RISQUENT PLUS D,ETRE LIQUIDES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 10, le 24 janvier 2018

  • CA SUFFIT... On en a par-dessus la tête de ces articles visant à nous faire pleurer toute la journée sur le sort des réfugiés syriens...

    NAUFAL SORAYA

    06 h 45, le 24 janvier 2018

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