Deux mises en garde contre la construction d’un mur de séparation en béton le long de la « ligne bleue » ont été lancées hier à l’intention d’Israël : par le chef de l’État, Michel Aoun, d’abord, par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, ensuite. Ces avertissements suivent une première mise en garde lancée à partir de Téhéran par Nabih Berry.
Ces avertissements ont coïncidé avec des entretiens que le commandant en chef de la Force intérimaire de l’ONU au Liban (Finul), Michael Beary, a eus, séparément, avec le président de la République, le président de la Chambre et le Premier ministre. Des entretiens qui, selon un communiqué de la Finul, ont porté sur « la situation générale dans le champ d’opérations de la force internationale et le long de la “ligne bleue”, ainsi que sur le mode d’opération de la Finul, tel que défini par la résolution 1701 de l’ONU, et enfin sur l’importance de la conférence Rome 2 qui doit se tenir prochainement ».
Le général Beary a notamment insisté, selon un communiqué publié à cette occasion, sur le rôle joué par la Finul dans « le dialogue stratégique, destiné à faciliter le rôle de l’armée libanaise au Liban-Sud, en coordination avec le groupe de soutien international au Liban ».
« L’officier a assuré à ses interlocuteurs que la force internationale déploie des efforts constants pour préserver le calme le long de la ligne bleue », ajoute le texte.
À ce sujet, l’officier a insisté en outre sur « la nécessité que les deux parties (le Liban et Israël) bénéficient des arrangements de communication (indirecte) et de coordination définis par la force internationale provisoire au Liban, et notamment de la réunion tripartite destinée à trouver des solutions, empêcher les empiétements, réduire la tension et préserver la stabilité dans le champ d’opérations de la Finul ».
L’agence locale al-Markaziya croit savoir que l’officier a informé le président de la Chambre, qui l’a reçu à Aïn el-Tiné, qu’Israël a décidé d’interrompre les travaux d’érection d’un mur, « en attendant la réunion mensuelle, début février, de la commission tripartite Liban-Finul-Israël ». Une information qui laisse penser qu’un tel message est parvenu aux trois hommes, assorti d’un rappel de la mission de force tampon que joue la force internationale au Liban-Sud.
(Lire aussi : Nasrallah : Si Israël poursuit la construction du mur à la frontière, « la résistance prendra ses responsabilités »)
Les réserves du Liban
Selon un communiqué de presse de la présidence de la République, le président Aoun aurait informé le général Beary que « le Liban exprime des réserves au sujet de 13 points de la ligne bleue que le Liban ne considère pas comme des frontières définitives, mais un arrangement provisoire, adopté après la libération de la bande frontalière en 2000 et le retrait d’Israël de cette portion de territoire qu’il occupait ».
Le chef de l’État a répété ces propos à l’issue d’une réunion, à Baabda, du Conseil de sécurité, qui a suivi sa rencontre avec le commandant en chef de la Finul. Décision a été prise, au cours de ce conseil, « d’empêcher par tous les moyens et mesures la construction du mur israélien à la frontière libanaise ».
Selon la chaîne de télévision OTV, proche du chef de l’État, l’une des réserves principales du Liban concerne l’écart entre la ligne bleue et la frontière que le Liban revendique comme définitive dans la région de Naqoura. Selon la source citée, cet écart est à l’origine du litige opposant Israël au Liban, au sujet de la zone économique, maritime, exclusive qui relève de sa souveraineté, et dont l’angle d’ouverture, et donc la superficie finale, est calculé à partir d’un point fixe de la frontière terrestre.
Selon les autorités, le mur en béton que le régime israélien chercherait à dresser s’étendrait de Ras Naqoura à Alma el-Chaab, et de Adaïssé à Kfar Kila. Il doublerait la clôture de sécurité qui existe déjà. Les ouvrages d’excavation préparatoires pour sa construction ont même commencé, en certains points de la ligne bleue.
Israël, pour sa part, prétend que cette construction est destinée à « éviter des frictions à la frontière ». Haut de 7 mètres, la construction du mur avait été décidée après des menaces du secrétaire général du Hezbollah de lancer éventuellement des actions offensives en direction de la Galilée, en cas de nouveau conflit avec Israël.
Pour mémoire
Berry dénonce un projet de construction d’un mur israélien à la frontière avec le Liban
Aoun : Israël va construire un mur de séparation sur la ligne bleue
commentaires (4)
On ne nous distraira pas du marasme économique, de la dette abyssale, du coût exponentiel de la vie, des mafias diverses et variées, eau, électricités, ordures etc, des milices illégales, de la corruption généralisée en nous agitant un mur sous le nez, fut-il israelien... De l'art de noyer le poisson.
Christine KHALIL
23 h 00, le 20 janvier 2018