Les dépenses détaxées des touristes syriens, dont le séjour au Liban est limité à trois mois, sont en forte hausse au Liban, selon le rapport 2017 de Global Blue, une société suisse spécialisée dans la restitution de la TVA sur les achats. Leur augmentation de 32,1 %, devant celle des Koweïtiens (+28,5 %), contraste avec 2016, année où elles avaient progressé de 2 % seulement. « C’est la plus forte hausse des dépenses des touristes syriens depuis 2011 », confie Joe Yacoub, directeur de Global Blue au Liban, à L’Orient-Le Jour.
De manière générale, les dépenses détaxées ont connu une croissance de 5,5 % en 2017, alors qu’elles avaient diminué de 9 % l’année précédente. Selon les derniers chiffres du ministère du Tourisme, 1,7 million de touristes ont visité le Liban au cours des onze premiers mois de 2017, en hausse de 10,9 % en rythme annuel. Le nombre de touristes syriens n’est pas précisé par Global Blue.
(Pour mémoire : Tourisme : une saison des fêtes déjà décevante )
Beyrouth concentre 80 % des dépenses
Un bijoutier du quartier commerçant de Hamra affirme que sa clientèle syrienne est plus dépensière que la libanaise, qui se contente en général d’une pièce aux alentours de 100 dollars. « Rien qu’hier, une Syrienne a acheté pour 3 300 dollars de bijoux, qu’elle viendra récupérer demain », indique-t-il à L’Orient-Le Jour, sortant un petit sachet de derrière son comptoir qui contient trois bracelets et une bague scintillante. Les bijoux et les montres ont représenté 16 % des achats détaxés en 2017, selon Global Blue, derrière l’habillement (69 %). Beyrouth concentre 80 % de ces dépenses.
« Cela fait deux ans déjà que ma clientèle syrienne augmente », indique le bijoutier, qui a souhaité rester anonyme comme les autres commerçants interrogés. « Peut-être que les bijoutiers syriens n’ont pas la même offre. Ou peut-être que la situation sécuritaire permet aux Syriens de se déplacer plus facilement » depuis que le régime syrien et ses alliés ont pris le dessus dans le conflit, avance-t-il.
Comme les autres commerçants de Hamra interrogés, le bijoutier assure que plus de la moitié de ses clients sont syriens, résidant ou non au Liban. L’un d’entre eux indique également distribuer des formulaires de restitution de TVA à des touristes jordaniens ou irakiens. Les clients doivent dépenser au minimum 100 dollars pour pouvoir profiter de dépenses détaxées. Global Blue ne détaille pas les dépenses des Irakiens, mais celles des Jordaniens ont représenté 5 % du total, derrière celles des Syriens (6 %).
Ces achats sont toutefois dépassés par ceux des touristes saoudiens, qui représentent 14 % du total, émiratis (12 %) et koweïtiens (7 %). Les statistiques de Global Blue ne précisent pas la valeur de ces dépenses. Mais, selon Nicolas Chammas, président de l’Association des commerçants de Beyrouth, le pouvoir d’achat des visiteurs du Golfe est bien supérieur. « Ce sont les touristes les plus dépensiers, explique-t-il. Nous n’avons pas remarqué de hausse particulière des achats des Syriens. Peut-être parce que nous parlons de sommes relativement minimes (par rapport à celles dépensées par les touristes du Golfe, NDLR). »
Selon le gérant d’un magasin de vêtements pour hommes de Hamra, le retour des touristes syriens se fera progressivement. « Pour l’instant, ils font encore leurs courses dans des quartiers moins chers, comme la banlieue sud ou Tarik Jdidé. Mais j’espère que d’ici aux vacances d’été, ils seront plus nombreux à revenir à Hamra », dit-il. En 2017, les dépenses les plus importantes ont eu lieu en mars (+16,9 % en glissement annuel) et les contractions les plus fortes aux mois de novembre et de juin (-5,8 % chacun), selon Global Blue.
Pour mémoire
Le nombre de visiteurs en hausse de 11 % à fin novembre 2017
Les Franco-Libanais à Paris réfléchissent au tourisme vers le Liban
QUI LES CLASSIFIE EN TOURISTES OU REFUGIES ?
08 h 37, le 19 janvier 2018