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À La Une - Irak

Victorieux contre l'EI, Abadi tête de liste aux législatives

L'Iran "va jouer un rôle important" dans ce scrutin, selon un expert.

Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi, le 7 janvier 2018 à Najaf. AFP / Haidar HAMDANI

Fort de sa victoire contre les jihadistes et d'avoir fait avorter la tentative de sécession des Kurdes, le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a annoncé dimanche qu'il dirigerait sa propre liste aux législatives de mai, face à son prédécesseur Nouri al-Maliki.

Inconnu il y a trois ans, ce politicien chiite de 65 ans a été propulsé aux commandes de l'Irak en plein chaos, avec pour tâche de reconstruire une armée en débandade et de remettre sur pied un pays disloqué et miné par les querelles confessionnelles.

Sous son prédécesseur Nouri al-Maliki, issu du même parti chiite Daawa que lui, le groupe État islamique (EI) s'était emparé de près d'un tiers du pays. Il y a un mois, le Premier ministre annonçait lui solennellement la victoire contre les jihadistes et la "fin de la guerre" contre l'EI, un succès de taille pour cet homme râblé à la voix métallique.

Outre cette victoire, Haider al-Abadi peut se targuer aujourd'hui d'une autre carte de poids dans la campagne. Il a convaincu le Hachd al-Chaabi, une coalition de groupes armés et de civils ayant pris les armes contre l'EI, de rejoindre l'Alliance de la victoire, la liste à la tête de laquelle il entend gagner les législatives de mai.

 

(Lire aussi : 2017, année de l'effondrement du "califat" de l'EI)

 

Allié de poids
Dominé par des milices chiites soutenues par l'Iran voisin, le Hachd est un allié de poids. Après s'être rendu incontournable sur les terrains de bataille, le mouvement entend désormais l'être dans l'enceinte du pouvoir. Plusieurs de ses commandants ayant officiellement quitté l'habit militaire sont en lice pour les législatives prévues le 12 mai.

Le scrutin aura lieu à la proportionnelle dans les 18 provinces du pays pour élire 328 députés.

Ahmed al-Kinani, porte-parole de la liste menée par Assaïb Ahl al-Haq, l'une des milices du Hachd, a indiqué à l'AFP qu'"après de longues négociations", l'Alliance de la victoire de M. Abadi est parvenue à s'adjoindre 18 listes, dont deux emmenées par d'anciens importants commandants du Hachd, Hadi al-Ameri (Badr) et Qaïs al-Khazali.

M. Abadi, rare politicien chiite à obtenir un taux de satisfaction aussi élevé parmi la minorité sunnite du pays, a indiqué dans un communiqué vouloir présenter une liste "interconfessionnelle dépassant les divisions et luttant contre les inégalités". Il plaide dans cette profession de foi pour "protéger la victoire et les sacrifices", un appel du pied aux familles de combattants tués et blessés. Le texte promet encore "la lutte contre la corruption" et pour "l'unité de l'Irak", deux des chevaux de bataille de celui qui a envoyé les troupes reprendre aux Kurdes des zones disputées et a refusé catégoriquement le référendum d'indépendance de la région autonome.

De leur côté, les partis kurdes --qui comptent actuellement une soixantaine de membres au Parlement central de Bagdad-- partent divisés. Les deux mouvements historiques, le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) et l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), présentent chacun une liste, contrairement au scrutin de 2014. En revanche, les trois principaux partis d'opposition ont fait liste commune. Ils n'ont jusqu'ici pas indiqué avec qui ils pourraient s'allier mais, s'ils parviennent à réunir assez de voix, ils seront courtisés par les listes d'Abadi et de son rival Maliki. Handicap toutefois pour M. Abadi, plusieurs dirigeants kurdes ont exprimé un vigoureux rejet du Hachd.

 

(Lire aussi : Y aura-t-il un printemps kurde ?)

 

Rôle de l'Iran
La candidature séparée de M. Abadi marque une fracture sans précédent dans l'histoire de Daawa, l'opposition historique au dictateur Saddam Hussein renversé en 2003 lors de l'invasion emmenée par les Etats-Unis.

Issu lui aussi de Daawa, Nouri al-Maliki, 67 ans, présente une liste "État de droit". Il avait été écarté du poste de Premier ministre en 2014 après la débandade des forces irakiennes face à l'EI. Son porte-parole Abbas al-Moussaoui a affirmé à l'AFP que "le fait que deux listes se présentent ne montre pas un affrontement de personnes mais de visions, d'alliances et de projets différents". Daawa soutient les deux listes, a-t-il affirmé.

Le grand voisin iranien "va jouer un rôle important" dans ce rendez-vous électoral, souligne Essam al-Fili, professeur de sciences politiques à Bagdad. Car, ajoute-t-il, Téhéran "ne veut pas que les forces chiites se dispersent ou s'allient à d'autres".

 

 

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