Le Premier ministre Saad Hariri a réclamé hier que le Liban soit tenu à l'écart de l'affrontement régional entre l'Arabie saoudite et l'Iran, louant le Hezbollah pour avoir contribué à désamorcer les tensions au pays du Cèdre.
Dans un entretien accordé mercredi au Wall Street Journal et publié hier, M. Hariri a affirmé qu'il était ouvert à la participation du Hezbollah au gouvernement après les élections législatives de mai prochain.
« Le Hezbollah a été membre de ce gouvernement. C'est un gouvernement inclusif auquel tous les grands partis politiques participent et qui apporte la stabilité politique au pays, a déclaré M. Hariri. Mon objectif principal est de préserver cette stabilité politique pour l'unité du pays. »
« Nous ne pouvons accepter l'ingérence de qui que ce soit dans la politique libanaise, a poursuivi M. Hariri. Notre relation avec l'Iran – ou avec le Golfe – doit être la meilleure, mais doit servir les intérêts nationaux du Liban. »
« Rester à l'écart du conflit sectaire au Moyen-Orient et maintenir la stabilité est essentiel pour relancer l'économie léthargique du Liban et permettre au pays d'atteindre une croissance annuelle comprise entre 4 et 6 %, contre 1 à 2 % aujourd'hui », a ajouté M. Hariri.
Le Premier ministre a refusé de discuter des détails de son séjour à Riyad, durant lequel il avait été contraint de démissionner, se contentant d'affirmer que « l'Arabie saoudite ne s'est jamais directement mêlée à la politique libanaise » et qu'il espère que Riyad va relancer son aide économique au Liban.
Cependant, il a balayé d'un revers de la main l'idée d'un conflit avec le Hezbollah, soulignant la volonté de ce parti de se conformer à une politique de distanciation du Liban vis-à-vis de la rivalité saoudo-iranienne, notamment en mettant fin à sa propagande contre l'Arabie saoudite et les autres monarchies du Golfe.
« Si vous avez vu, les attaques des médias contre le monde arabe, en particulier le Golfe, étaient extrêmement élevées, et aujourd'hui elles ont extrêmement baissé », a déclaré M. Hariri.
Concernant le retrait du Hezbollah des champs de bataille étrangers, le président du Conseil a indiqué : « Cela va prendre du temps, cela n'arrivera pas du jour au lendemain. Alors que le Hezbollah devrait réduire sa présence au Yémen et en Irak, la situation est plus complexe en Syrie. »
« Certains pays qui sont en Syrie aujourd'hui estiment que le Hezbollah est nécessaire. Les gens qui se battent avec Bachar el-Assad – la Russie et l'Iran – considèrent qu'il n'intervient pas dans les affaires syriennes mais qu'il fait partie de la solution représentée par le régime », a-t-il dit, avant d'ajouter : « Personnellement, je crois qu'il s'agit d'une ingérence. »
Pour M. Hariri, la question de l'avenir du Hezbollah est un problème régional qui ne peut être résolu par le Liban seul. « Des milices chiites similaires opèrent en Irak, a-t-il souligné, ce qui n'empêche pas le soutien américain au gouvernement irakien. »
Le Premier ministre a également mis Israël en garde contre toute opération militaire visant le Hezbollah, estimant qu'une telle guerre serait contre-productive.
« Mon problème avec les Israéliens est qu'à chaque fois, ils disent vouloir lancer une guerre dans le but d'affaiblir le Hezbollah. Et chaque fois qu'ils sont entrés en guerre avec le Liban, ils ont en fait renforcé le Hezbollah et affaibli l'État », a conclu M. Hariri.
commentaires (6)
Non mais, quelle marionnette que notre Hariri et quelle déception! Ça prendrait un bon psychiatre pour expliquer son comportement! Un homme aigri, vaincu, qui semble en vouloir aux Saoudiens qui l’ont mené à la faillite et n’acceptent pas sa politique de compromission et soumission aux diktats du Hezbollah et consorts, soi-disant pour préserver la paix civile et qui tient à son leadership sunnite à tout prix, même en acceptant la mainmise totale de ces derniers sur la politique et l’avenir du Liban: constat d’impuissance et de lâcheté et je ne pense pas que sa communauté lui pardonnerait ceci à long terme... Peut-être que d’aucuns diraient qu’il n’y avait plus d’autre choix: c’est cela où le chaos, la guerre civile, la faillite économique totale: en réalité, il semble qu’on a bien atteint le point de non-retour, et qu’il n’avait plus d’autre choix... Seul, l’avenir nous dira dans quelle catastrophe on s’embarque!
Saliba Nouhad
18 h 51, le 14 janvier 2018