Le président américain a annoncé mardi dans un tweet qu'il couperait les aides financières annuelles américaines destinées « aux Palestiniens » s'il n'obtenait pas l'accord de ces derniers de revenir à la table des négociations afin de relancer le processus de paix avec Israël. Le chef de la Maison-Blanche a laissé entendre, dans son message, qu'il allait réduire le financement de l'Autorité palestinienne, mais aussi celui de l'Unrwa, l'agence des Nations unies qui s'occupe des réfugiés palestiniens. Mais Donald Trump n'a pas désigné précisément sa cible dans son message, ce qui laisse une certaine incertitude concernant la mise en œuvre pratique de sa menace. L'information a été ensuite reprise lors d'une conférence de presse de l'ambassadrice américaine aux Nations unies, Nikki Haley. Cette dernière avait, suite au vote à l'Assemblée générale de l'ONU le mois dernier contre la reconnaissance par M. Trump de Jérusalem en tant que capitale d'Israël et le transfert de l'ambassade américaine, promis que les États-Unis « se souviendraient de ce vote ». La promesse semble tenue et met de l'huile sur le feu après la crise survenue suite à la reconnaissance de Jérusalem comme capitale de l'État hébreu par Washington le 6 décembre.
Après l'annonce de cette reconnaissance, l'Autorité palestinienne avait déclaré qu'elle n'accepterait plus aucun plan de paix américain, tout en soulignant qu'elle était disposée à négocier sous le parrainage d'autres acteurs internationaux comme l'Union européenne et/ou la Russie. Dans son tweet de mardi, le président Trump semble donc conditionner le maintien de l'aide financière américaine à un retour de l'Autorité palestinienne à de meilleures dispositions envers Washington. Dans ce contexte, l'avertissement de Donald Trump a l'allure d'un chantage envers Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne, déjà en grande difficulté après l'épisode de la reconnaissance américaine de Jérusalem.
(Lire aussi : Les Palestiniens outrés par les menaces de Trump de couper l'aide américaine)
Unrwa ou Autorité ?
Avec 360 millions de dollars d'aide annuelle en 2016, les États-Unis sont le premier donateur de l'Unrwa. Un soutien financier qui représente un tiers de l'aide globale fournie à cet organe. Perdre cette source de financement serait donc un revers de plus pour les dirigeants palestiniens.
Mais que se passerait-il si la menace était mise à exécution ? De nombreux services assurés par l'Unrwa, comme les programmes d'éducation et de santé destinés aux populations palestiniennes, seraient réduits et fortement perturbés. Cela pourrait entraîner la fermeture des établissements et laisserait une population sans éducation, sans emploi et sans soins. De quoi rendre la situation encore plus désastreuse qu'elle ne l'est actuellement pour les Palestiniens.
Par contre, l'aide directe américaine à l'Autorité palestinienne est déjà relativement faible, son gel ne devrait pas constituer un problème majeur pour le gouvernement de M. Abbas.
Ainsi, si l'aide financière américaine venait à être coupée, les Palestiniens ne manqueraient pas de chercher à combler ce manque ailleurs. L'UE, deuxième source d'aide financière des Palestiniens en 2016 avec 160 millions de dollars, ou encore l'Arabie saoudite avec 150 millions de dollars, pourraient être mises à contribution. Mais d'autres pays ne sont pas exclus. « Toutes les options sont possibles en matière de financement », affirme à L'Orient-Le Jour Salman el-Herfi, représentant de la mission de Palestine en France. « Si les États-Unis coupent les financements, ça ne sera pas la fin de la lutte du peuple palestinien. Et il vivra sans l'aide des États-Unis », assure-t-il.
(Pour mémoire : Les Palestiniens chauffés à blanc par la décision de Trump)
Mais même si les représentants palestiniens ont indiqué mercredi qu'ils ne céderaient pas « au chantage » américain, ils sont néanmoins en position de faiblesse et font face à un dilemme. Il s'agit soit d'accepter de rejoindre les États-Unis à la table des négociations et ainsi revenir sur leur décision de refus de travailler avec Washington quitte à jouer leur crédibilité diplomatique et politique, soit prendre le risque de voir les aides financières fortement réduites. Ce qui impliquerait de devoir trouver de nouveaux bailleurs de fonds.
Par ailleurs, si l'Unrwa est ciblée par les réductions budgétaires, c'est le peuple et les réfugiés qui vont en payer le prix. Mais si c'est l'Autorité palestinienne qui est visée, celle-ci verra sa crédibilité et sa légitimité auprès du peuple grandement amoindrie. « La nouvelle stratégie sera déterminée le 14 janvier 2018 lors de la réunion de la direction palestinienne », déclare M. Herfi.
Pour mémoire
Israël adopte une loi visant à compliquer le partage de Jérusalem
MÈCHE DORÉE ET TOUFFE D,HERISSON DEUX CLOWNS QUI S,EXHIBENT SUR LA SCENE DU THEATRE INTERNATIONAL !
21 h 22, le 05 janvier 2018