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Moyen Orient et Monde - Focus

Les Palestiniens chauffés à blanc par la décision de Trump

Des manifestants palestiniens brûlant des posters du président américain, Donald Trump, hier à Bethléem. Musa al-Shaer/AFP

La menace d'une troisième intifada plane sur Jérusalem et la région : Donald Trump a reconnu hier la Ville sainte en tant que « capitale d'Israël » et annoncé le déménagement de l'ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem, impossible à concrétiser avant quelques années cependant. « Nous mettons en garde contre une telle mesure et appelons le peuple palestinien à relancer l'intifada si ces décisions injustes sur Jérusalem sont adoptées », avait déclaré le Hamas samedi dernier dans un communiqué sur la question de l'emplacement de l'ambassade américaine.


Les esprits étaient hier chauffés à blanc du côté palestinien dans la journée, alors que des centaines de manifestants ont pris la rue d'assaut suite à l'appel des leaders palestiniens à trois jours de « rage » dans les territoires palestiniens. Les dirigeants ont également appelé à protester devant les ambassades et consulats israéliens dans le monde. Affichant leur colère, les protestataires ont scandé « Mort à l'Amérique ! Mort à Israël ! À bas Trump ! », rapporte Reuters. Dans le même temps, le hashtag en arabe « où sont les Arabes? » a également circulé sur les réseaux sociaux hier pour dénoncer l'inaction des gouvernements de la région sur le dossier israélo-palestinien jusqu'à la montée des tensions sur la question de Jérusalem.
Les forces israéliennes avaient quant à elles déjà commencé à se mobiliser face à une potentielle escalade des tensions et de possibles manifestations à Jérusalem et en Cisjordanie, rapportait hier le Haaretz. Si aucun débordement n'a été noté hier, les craintes se portent pour les prochains jours sur de possibles incidents dans la Ville sainte autour de l'esplanade des Mosquées où se trouve la mosquée al-Aqsa, troisième lieu saint de l'islam, notamment après la prière de demain vendredi. Le lieu a déjà été le théâtre de protestations cet été suite à l'interdiction de son accès aux Palestiniens, cristallisant les tensions entre Israéliens et Palestiniens.

 

(Lire aussi : Les Palestiniens "prêts à se battre" pour Jérusalem)

 

« Capitale éternelle »
Car si de nombreuses dissensions existent au sein du camp palestinien, la question cruciale du statut de Jérusalem est l'une des rares qui ne fait pas débat, tant au sein de la population qu'entre les dirigeants des différentes factions. C'est notamment le cas entre le Hamas et le Fateh, branche de l'Organisation de libération de Palestine présidée par Mahmoud Abbas, récemment réconciliés. Le Hamas ne reconnaît cependant pas Israël et considère Jérusalem dans son ensemble comme capitale de l'État de Palestine, tandis que le Fateh ne prend en compte que Jérusalem-Est. Sur le réseau social Twitter, le hashtag « Jérusalem est la capitale de la Palestine » a été par ailleurs largement relayé.
En réponse à l'annonce officielle du président américain dans la soirée, Mahmoud Abbas a condamné et rejeté la décision de Donald Trump. L'annonce de Trump « ne changera rien à la situation de la ville de Jérusalem, la capitale éternelle de l'État de Palestine », a-t-il insisté. Le Hamas s'est également empressé de réagir au discours de Donald Trump, estimant que la décision du président américain « ouvre les portes de l'enfer » pour les intérêts américains et constitue « une agression flagrante à l'encontre du peuple palestinien ».


« Cette décision vient unifier des adversaires historiques : les sunnites et les chiites, Assad et Erdogan, les Saoudiens et les Iraniens », explique Karim Émile Bitar, professeur associé de relations internationales à l'Université Saint-Joseph de Beyrouth et directeur de recherche à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), interrogé par L'Orient-Le Jour. « Même Mohammad Dahlan, dirigeant palestinien (et ancien haut responsable du Fateh) réputé proche des thèses occidentales, a publié un tweet incendiaire appelant à la rupture de toutes les négociations et de toute la coopération sécuritaire avec Israël, cela est très significatif », ajoute-t-il.

 

(Lire aussi : Les principaux extraits de l'annonce de Trump sur Jérusalem)

 

« Pari incalculable »
Peu avant l'officialisation de la reconnaissance de Jérusalem comme capitale israélienne par Washington, le dirigeant du Hamas Ismaïl Haniyeh a estimé que la décision américaine est « un pari incalculable qui ne connaîtra aucune limite à la réaction palestinienne, arabe et musulmane », dans un entretien accordé à al-Jazeera. Cela « marque l'annonce de la fin officielle du processus de paix », a-t-il ajouté. Le représentant diplomatique de la Palestine au Royaume-Uni, Manuel Hassassian, a par ailleurs déclaré à la BBC que Donald Trump « déclare la guerre à 1,5 milliard de musulmans, des centaines de millions de chrétiens, qui ni vont pas accepter que des lieux sacrés soient totalement sous l'hégémonie d'Israël, sans parler du fait que Jérusalem-Est a toujours été connue comme la future capitale de la Palestine et sans même mentionner qu'elle est sous occupation ».


Cette initiative unilatérale des États-Unis semble donc mettre un point d'arrêt au processus de paix israélo-palestinien, déjà au point mort ces derniers temps. « Cette décision n'aurait pas été possible si Trump n'avait pas eu le sentiment que la question palestinienne était secondaire aux yeux de nombreux dirigeants arabes », précise Karim Émile Bitar.
Mais elle remet surtout en question la relation entre Washington et les Palestiniens, par l'abandon de la neutralité, du moins affichée, des Américains sur le dossier. « Par ces décisions déplorables, les États-Unis sapent délibérément tous les efforts de paix et proclament qu'ils abandonnent le rôle de sponsor du processus de paix qu'ils ont joué au cours des dernières décennies », a estimé Mahmoud Abbas. Dans la même optique, Ismaïl Radouane, un haut responsable du Hamas, a appelé depuis Gaza les pays arabes et musulmans à « couper les liens économiques et politiques » avec les ambassades américaines ainsi qu'à expulser les ambassadeurs américains.


Alors que les précédents dirigeants américains s'étaient évertués à négocier une paix durable dans la région (Barack Obama avait même refusé, à la fin de son mandat, d'utiliser le veto US sur la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU demandant l'arrêt de la colonisation israélienne dans les territoires palestiniens), Donald Trump met un coup de pied dans la fourmilière, se mettant ainsi à dos l'ensemble de la communauté palestinienne. Une initiative qui pourrait avoir un coût non seulement politique pour la région, mais surtout humain, si la situation était amenée à dégénérer. La dernière intifada en date, déclenchée en 2000 suite à la visite d'Ariel Sharon, alors chef du Likoud, sur l'esplanade des Mosquées, avait fait plus de 1 000 morts du côté israélien et plus de 3 000 morts palestiniens.

 

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commentaires (2)

TOUTE REACTION SERAIT COMPRISE CAR L,OFFENSE EST DE TAILLE !

LA LIBRE EXPRESSION

16 h 20, le 07 décembre 2017

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Commentaires (2)

  • TOUTE REACTION SERAIT COMPRISE CAR L,OFFENSE EST DE TAILLE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    16 h 20, le 07 décembre 2017

  • y aura que khamenai qui a les outils necessaires a re-chauffe reelle. bien entendu ses sbires d'ici risquent de recevoir l'ordre de s'y meler aussi. pas grave puis qu'a l'interieur de nos murs C la paix totale dus aux compromissions generales. RIEN ne peut ebranler notre paix, l'amour des uns pr les autres .

    Gaby SIOUFI

    14 h 50, le 07 décembre 2017

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