Rechercher
Rechercher

À La Une - Irak

Sans aide de Bagdad, des commerçants reconstruisent eux-mêmes le Vieux Mossoul

Le marché du Sérail, dont une partie date de l'époque des Omeyyades, il y a 13 siècles, porte les stigmates de neuf mois de combats de rue d'une violence inouïe qui ont abouti à chasser en juillet les jihadistes de l'EI.

Des volontaires nettoyant la zone du quartier de Sérail, dans le Vieux Mossoul, en Irak, le 16 décembre 2017. AFP / Ahmad MUWAFAQ

Las d'attendre une aide de Bagdad qui ne vient pas, des commerçants du marché du Sérail, dans le vieux Mossoul, ont décidé de reconstruire eux-mêmes leurs échoppes, une tâche titanesque au regard de l'ampleur des destructions.

Après des mois d'un silence lugubre, le quartier résonne depuis peu du bruit des marteaux piqueurs, tandis que des bulldozers dégagent des gravas dans un décor de désolation.

"J'ai été le premier à ouvrir mon magasin il y a deux mois après l'avoir nettoyé avec l'aide d'autres commerçants", indique Zanoun Younès Rajab, ferronnier de 44 ans.

Pour dégager les gravats dans sa rue, ce père de cinq enfants a déboursé, comme chacun de ses collègues, 25.000 dinars, soient 20 dollars. Il en est de même dans les rues avoisinantes, celle des menuisiers ou celle des épiciers, où là aussi, aucune aide de l'Etat n'est arrivée.

 

(Lire aussi : Irak : après Bagdad, Mossoul fête la victoire sur l'EI)

 

Toujours dangereux
Le marché, dont une partie date de l'époque des Omeyyades, il y a 13 siècles, porte les stigmates de neuf mois de combats de rue d'une violence inouïe qui ont abouti à chasser en juillet les jihadistes du groupe État islamique (EI) de leur bastion en Irak. Devantures brisées, plafonds effondrés, poutres en bois disloquées, ruelles obstruées par des carcasses en fer et des marchandises hétéroclites pillées dans les magasins: il ne reste plus grand chose de ce qui fut avant la guerre un des quartiers les plus animés de la seconde ville du pays. Le marché est situé sur la rive ouest de Mossoul --cité coupée en deux par le Tigre--, la partie la plus endommagée à cause des bombardements aériens.

Le quartier du Sérail est un enchevêtrement de ruelles où sont installés les différents métiers comme les dinandiers ou les vendeurs d'épices, de café, de charbon, de vêtements ou de douceurs. Les portes qui donnaient accès au marché ont été pulvérisées et il est difficile et même dangereux d'y pénétrer, même si des officiers de sécurité assurent que le secteur est sûr. Des mines et autres engins explosifs se trouvent toujours sous les décombres où des corps sont en état de putréfaction.

Mais cela n'a pas arrêté les commerçants du coin, décidés à faire revivre leur quartier, l'un des derniers reconquis par les forces gouvernementales durant l'été. Déjà, certains reconstruisent. Ici, des ouvriers armés de masses tentent de trouer un toit en béton affaissé. Là, d'autres mettent en place une armature de fer avant de couler du béton pour reconstituer un trottoir devant un magasin.

"Nous n'avons pas attendu la mairie parce qu'elle est extrêmement lente et qu'elle va encore sûrement mettre des mois" à adopter un plan pour Mossoul, explique à l'AFP Abou Ahmed, vendeur d'épices de 33 ans.

 

(Lire aussi : Irak : Mossoul répond aux lettres d'amour du monde entier)

 

'Notre âme'
Le maire, Zouhair al-Araji, se défend en disant devoir faire "avec le peu de moyens" dont la municipalité dispose, ses équipements ayant été en grande partie volés ou détruits par les jihadistes. "Nous ne comptons que sur nous-mêmes car le gouvernement central n'a jusqu'à maintenant aucun plan pour la reconstruction de Mossoul", dit-il à l'AFP.

Alors que l'approvisionnement en électricité et en eau fait encore défaut dans certains secteurs et tandis que certaines routes sont encore impraticables ou barrées, M. Araji assure par exemple manquer de véhicules nécessaires au travail des employés municipaux. "Sur 1.800, il n'en reste plus que 300", explique-t-il.

Dans le marché du Sérail, ce sont donc des volontaires à pied qui déambulent dans les ruelles, devenues un chantier à ciel ouvert. Abou Nabil a 65 ans et presqu'autant d'années passées dans la plus vieille échoppe de tapis du Vieux Mossoul, transmise de père en fils. Fatigué d'attendre depuis l'annonce en juillet de la "libération" de Mossoul, il a pris les choses en main. "Je n'imagine pas ma vie sans mon travail et ma boutique alors aujourd'hui, je la nettoie et je commence à y ramener tout ce que j'avais mis à l'abri avant les combats", affirme-t-il à l'AFP. Car pour lui, comme pour ses voisins, assure-t-il, "notre boutique, c'est notre âme, on ne peut pas vivre sereins sans elle".

 

 

Lire aussi

Irak : premier "marathon de la paix" dans Mossoul dévastée

Des mois après la "libération", ruines et explosions dans le Vieux Mossoul

Las d'attendre une aide de Bagdad qui ne vient pas, des commerçants du marché du Sérail, dans le vieux Mossoul, ont décidé de reconstruire eux-mêmes leurs échoppes, une tâche titanesque au regard de l'ampleur des destructions.
Après des mois d'un silence lugubre, le quartier résonne depuis peu du bruit des marteaux piqueurs, tandis que des bulldozers dégagent des gravas dans un décor...

commentaires (2)

L,HOMME SUR LES DECOMBRES DES HOMMES (?) IL REBATIT !

LA LIBRE EXPRESSION

12 h 09, le 24 décembre 2017

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • L,HOMME SUR LES DECOMBRES DES HOMMES (?) IL REBATIT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 09, le 24 décembre 2017

  • La vie reprend ses droits

    Sarkis Serge Tateossian

    02 h 31, le 24 décembre 2017

Retour en haut