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À La Une - Election

Présidentielle au Honduras : le rival du journaliste d'origine libanaise Salvador Nasralla déclaré vainqueur

L'opposition, qui conteste la victoire du chef de l'Etat sortant, le conservateur Juan Orlando Hernandez, a appelé à manifester.

Le chef de l'Etat sortant, le conservateur Juan Orlando Hernandez, et son rival Salvador Nasralla, d'origine libanaise. Photos AFP

Le chef de l'Etat sortant, le conservateur Juan Orlando Hernandez, a été déclaré officiellement dimanche vainqueur de l'élection présidentielle controversée du 26 novembre au Honduras, a annoncé l'autorité électorale à l'issue d'un recomptage des votes, un résultat aussitôt contesté par le camp adverse.

"Le président réélu pour la période de 2018 à 2022 est le citoyen Juan Orlando Hernandez Alvarado", a déclaré le président du Tribunal suprême électoral (TSE) David Matamoros. Ces élections ont été "d'une transparence jamais vue au Honduras", a assuré M. Matamoros, souhaitant que "le calme règne".

Juan Orlando Hernandez, 49 ans, physique athlétique, cheveux poivre et sel et large sourire, a obtenu 42,95% des voix devant Salvador Nasralla (41,24%), 64 ans, d'origine libanaise et novice en politique, selon le résultat officiel.

Salvador Alejandro César Nasralla Salum est journaliste sportif et présentateur du programme télévisé le plus regardé du pays. A la fin de son parcours scolaire au Honduras, sa famille l'a envoyé chez des parents au Chili, où il a obtenu un diplôme en ingénierie civile et industrielle et un master en gestion de l'Université catholique du Chili. Au cours de sa formation universitaire, il a suivi des cours de théâtre et de télévision. De retour au Honduras après ses études, Salvador Nasralla est devenu PDG de la société Pepsi Honduras et a donné des cours de gestion et d'ingénierie à la National Autonomous University of Honduras.

M. Nasralla est un fervent critique du gouvernement hondurien depuis les années 80. Il a notamment accusé le gouvernement de corruption, qu'il considère comme la cause principale des problèmes du pays. C'est dans ce contexte qu'en 2013, avec plusieurs personnalités de la société civile, il a créé l'Alliance de l'opposition contre la dictature, une coalition de partis de gauche. La même année, cette nouvelle coalition a été admise par le Tribunal suprême électoral (TSE) du Honduras.

 

"Le peuple reconnaît comme président Salvador Nasralla"
Le verdict de l'autorité électorale a été immédiatement récusé par l'opposition: "Nous rejetons totalement la déclaration du Tribunal suprême électoral", "le peuple reconnaît comme président Salvador Nasralla", a annoncé lors d'une conférence de presse l'ancien chef de l'Etat Manuel Zelaya, à la tête de l'alliance de gauche opposée à Hernandez. Il a appelé ses partisans à redescendre dans la rue dès lundi, faisant craindre de nouvelles violences dans ce pays miné par les gangs criminels.

Depuis près d'un mois, les partisans du candidat de gauche Salvador Nasralla manifestent pour dénoncer une "fraude" supposée lors de ce scrutin. "Cette élection doit être annulée. Cette élection est nulle et nous n'allons pas en respecter" le résultat, a ajouté l'ancien président, lui-même destitué par un coup d'Etat en 2009.

 

L'OEA conteste aussi
Quelques heures avant l'annonce officielle du TSE, M. Nasralla s'est rendu aux Etats-Unis pour y rencontrer le secrétaire général de l'Organisation des Etats Américains, Luis Almagro, et être reçu au Département d'Etat.

S'il n'a pas obtenu l'adoubement qu'il espérait, il a tout de même reçu un soutien partiel de l'OEA, qui a estimé qu'il y avait trop de zones d'ombre dans cette élection pour qu'elle soit valable, et a appelé à un nouveau scrutin. "Les conditions (dans lesquelles s'est déroulé le scrutin) ne permettent pas d'affirmer que l'un ou l'autre des candidats est vainqueur, (...) contrairement à ce qui a été annoncé", a estimé le secrétaire général de l'OEA, Luis Almagro.  "La seule voie possible pour que le vainqueur soit vraiment le peuple du Honduras, c'est d'appeler à de nouvelles élections générales", a-t-il déclaré.

En revanche, le chef adjoint de la mission d'observation de l'Union européenne, Antonio de Gabriel, a assuré lors d'une conférence de presse que l'alliance d'opposition leur avait remis plus de 14.000 procès-verbaux (sur un total de 18.103) et que les résultats correspondaient avec ceux du tribunal électoral. Il a cependant souligné que le système électoral était "politisé" à tous les niveaux, ce qui pouvait engendrer une certaine méfiance vis-à-vis du processus.

De plus, la longueur du dépouillement avait nourri les doutes. Les premiers résultats donnaient en effet M. Nasralla en tête avec cinq points d'avance, mais au fil des jours le décompte de voix a finalement placé M. Hernandez devant. Cette inversion de tendance, combinée à une série de pannes informatiques jugées suspectes par l'opposition, a incité cette dernière à exiger un recomptage total des votes, puis une annulation pure et simple du scrutin.  M. Hernandez s'était par ailleurs prévalu d'une décision controversée du Tribunal constitutionnel pour se présenter à un second mandat, ce qu'interdit la Constitution. Le TSE étudie depuis le recours déposé par l'opposition.

 

Violence dans les rues
L'opposition a donc appelé ses partisans à descendre dans la rue pour contester le résultat annoncé, faisant craindre de nouvelles violences. Un rapport d'Amnesty International publié au Mexique affirme qu'au moins 14 personnes sont mortes dans les manifestations. Les autorités honduriennes ont confirmé seulement trois décès, tandis que Nasralla avance lui le chiffre de 20 morts.

M. Zelaya a également appelé l'armée et la police à "se mettre à la disposition" de Salvador Nasralla en tant que président élu. Début décembre, des centaines de policiers avaient manifesté leur refus de faire appliquer l'état d'urgence et de réprimer les manifestations de l'opposition.

Au siège du Parti national au pouvoir, l'ambiance n'était pas particulièrement festive, sans doute en raison du décès samedi, dans un accident d'hélicoptère, d'une sœur du président.

Le chef de l'Etat sortant, le conservateur Juan Orlando Hernandez, a été déclaré officiellement dimanche vainqueur de l'élection présidentielle controversée du 26 novembre au Honduras, a annoncé l'autorité électorale à l'issue d'un recomptage des votes, un résultat aussitôt contesté par le camp adverse.
"Le président réélu pour la période de 2018 à 2022 est le citoyen Juan...

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