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Culture - Cinéma

Décryptage, en dix points, d’une religion : Star Wars

Il y a quarante ans, le 25 mai 1977 pour être précis, naissait sans doute la plus grande aventure du 7e art, « Star Wars ». Projet personnel de George Lucas refusé par presque tout le monde à l'époque, c'est aujourd'hui une référence multigénérationnelle qui se décline sous toutes les formes. Et même si son créateur n'est plus aux commandes, la barre est maintenue, la qualité est au rendez-vous, et le rythme de sortie des films de la trilogie est désormais bisannuel. Où en sommes-nous depuis que la Force s'est réveillée en 2015 ?

Copyright : Lucasfilm/The Walt Disney Company Film

Qui sont les gentils ?
Le trio Luke, Leia et Han Solo a été remplacé par la triplette Finn (jeune mâle), Rey (très jeune femelle) et Poe Dameron (mâle cool dans ses meilleures années). Les deux premiers sont de jeunes acteurs anglais; le troisième est un acteur reconnu, qui se fait plaisir tout en étant payé. Le destin les a fait se rencontrer à l'épisode 7, et leurs rôles sont plus ou moins clairs à la fin du film. Finn est une caution cool, et il est amoureux de Rey : les scénaristes auront du mal à nous faire croire qu'il est son frère. Rey est le personnage central des films en cours, avec, normalement, la révélation de son ascendance et son apprentissage de la force. Poe Dameron, quant à lui, est le remplaçant de Han Solo, plus vieux, sorte de grand frère. Il est le meilleur pilote à l'est de la galaxie, et ses dialogues oscillent entre « Delta bravo, je suis touché », « Laisse-le moi, je m'en occupe » et « Yiiihaaaaa ». Tant qu'il continue à dégommer des méchants en IMAX, les fans sont satisfaits.

 

Qui sont les méchants ?
Il est difficile de venir après le plus méchant des méchants du 7e art, Darth Vader. Statuesque, tout en noir, portant un casque qui fait passer les Daft Punk pour des stagiaires, armé d'un sabre laser trop cool et maîtrisant la Force comme personne, il n'a été vaincu que par son amour filial pour Luke. Le méchant du 7e épisode était plus attendu qu'un RER parisien un jour de grève, et il faut avouer que les attentes ont été déçues. Adam Driver, l'acteur de Kylo Ren, fait ce qu'il peut, mais son visage d'adolescent ne le rend pas spécialement effrayant. Ses crises de gamin trop gâté qui casse tout non plus – sans parler de sa voix. James Earl Jones, la voix de Darth Vader, était sourde, lourde, sombre et effrayante, c'était du Barry White ; désormais, c'est du Jimmy Sommerville avant la mue. Prions pour que ce soit une crise d'adolescence ou une grosse grippe.
S'ajoutent à Kylo le général Hux et le capitaine Phasma, dont les rôles sont appelés à prendre de l'importance, surtout pour la capitaine, interprétée par Gwendoline Christie, la Brienne de Tarth de Game of Thrones.

 

Que reste-t-il du trio originel ?
Dans la nouvelle trilogie, seul Han Solo est mort, tué par le combo fils + Œdipe. Il est fort probable que Harrison Ford ait fait part du manque d'originalité des scénaristes à son égard, puisque dans les reboots ou suites d'Indiana Jones, Star Wars ou Blade Runner, il est affublé d'un gamin plus ou moins insupportable. La princesse Leia, elle, est toujours là, même si l'actrice qui joue le rôle est partie. Sa coupe de cheveux s'est assagie et sa diction sent le très bon alcool galactique, mais c'est une princesse – et Carrie Fisher, une reine. Luke vit on ne sait comment sur une île irlandaise de 30 m2. Il doit sans doute se faire livrer par la Force. Et si on se fie aux images de fin de l'épisode 7, il a l'air d'en avoir gros sur la patate. Sa main de métal, son poncho de 8 tonnes et sa barbe made in Brooklyn ne présagent rien de bon. Chewbacca enfin, toujours interprété par le même acteur depuis 40 ans (mais cette info est invérifiable), aurait un rôle plus important dans cet épisode, et surtout, serait gratifié de sous-titres. Cela fait 7 films qu'on fait sans, mais pourquoi pas...

 

Yoda fait-il du yoga ?
Disparu, il a. Un grand vide laissé, il a. Ses combats au sabre laser des épisodes 2 et 3 étaient sans aucun doute les combats les plus impressionnants montrés dans la saga. La manière qu'il avait de se mouvoir, de rebondir, de manier le sabre était une trouvaille époustouflante. Le revoir, nous voulons. Il est apparu sous forme d'hologramme, mais ce que Jean-Luc Mélenchon peut, Disney le peut aussi. Plus et mieux. Ses aphorismes sont nécessaires à la saga, histoire de pouvoir en faire un livre plus tard. « Qui est le plus fou, celui qui suit ou celui qui est suivi ? » « Bonnes relations avec les wookies, j'entretiens » ou encore « Difficile à voir, toujours en mouvement, est l'avenir », et surtout, « Fais-le ou ne le fais pas, il n'y a pas d'essai ».

 

Han Solo est-il vraiment mort ?
Malheureusement, oui. Et heureusement aussi, car son rôle dans l'épisode 7 n'était pas à la hauteur de la place qu'il occupe dans la saga. Car plus que Luke, qui était fade, ado, sans personnalité, avec des vêtements trop grands, c'est bien à Han que tous les mâles voulaient ressembler, et dont toutes les femelles (et certains mâles) étaient tombées amoureuses. Supercool, avec un super pistolet, avec une super bécane, avec un super pote au poil, il était la raison d'aller voir la première trilogie (épisodes 4 à 6). Absent des épisodes 1 à 3, il était attendu dans l'épisode 7. Sauf qu'entre-temps, il s'est gentrifié, a eu un enfant, a raté son éducation et se fait marcher dessus par sa femme. Dur. Il finit sabré par son fils qui a donc passé ses 20 premières années à lui en vouloir et va passer les 20 prochaines à s'en vouloir. Harrison Ford n'ayant plus le physique pour pouvoir continuer, il valait mieux mettre un terme à la carrière de Solo.

 

Le Millenium Falcon a-t-il été réparé ?
Officiellement, le Millenium Falcon est un cargo corellien de type YT-13001. Avec ses 34 mètres de longueur, 20 mètres d'envergure et sa capacité de 100 tonnes de fret, il était apprécié des transporteurs de toute la galaxie. Son équipage maximal est de 6 personnes (2 pilotes, 2 navigateurs et 2 canonniers) et il peut embarquer 6 passagers. Le vaisseau spatial par excellence. Officieusement, c'est la Ferrari du futur. Il doit être de fabrication italienne, car il tombe tout le temps en panne. Mais quand il est en état, c'est un pur bonheur visuel pour tout le monde. Ses tourelles qui tournent, sa vitesse de la lumière, sa forme bizarroïde, son jeu d'échecs, ses coursives vides, son charisme. Le faire réapparaître lors de l'épisode 7 était une idée de génie que la génération X célébrait par des cris de joie. Toujours amoché, toujours réparé. La vision arrière de son réacteur qui s'enclenche est un must, elle vaut le « Bond, James Bond ». Ce vaisseau est un personnage à part entière. Disney serait bien inspiré de faire un film sur lui dans sa série de spin-offs.

 

 

Que sont les spin-offs ?
Justement. L'année dernière est sorti Rogue One, ou l'histoire des fameux plans envoyés à la princesse Leia à l'épisode 4. Réussite artistique et commerciale, le premier spin-off sera suivi l'année prochaine par un épisode sur Han Solo. Et cela continuera entre chaque épisode de la saga centrale. Pour répondre aux questions, pour se faire plaisir, et pour se faire un peu d'argent aussi. La production de Han Solo a été très problématique et plusieurs réalisateurs ont été renvoyés. La productrice, Kathleen Kennedy, gère son affaire avec une poigne qui ferait passer Poutine pour un marshmallow. Mais elle a été adoubée par George Lucas : c'est elle qui décide de tout. Tant que Star Wars rapporte, elle fera ce qu'elle veut. C'est donc finalement Ron Howard, un « oui monsieur » talentueux, qui a terminé le travail. Le troisième spin-off devrait porter sur le destin de Boba Fett, le chasseur de primes qui avait osé changer Han Solo en chocolat quand l'Empire contre-attaquait. Mais il se baladait aussi avec un armement et des gadgets dignes du Q de James Bond, et étant toujours casqué, les producteurs ont un budget acteur très réduit.

 

Star Wars vs Marvel
Les deux univers appartiennent à Disney. Et ce n'est que depuis le rachat à George Lucas que la décision d'y aller à fond a été prise. Marvel sort plusieurs films par an et réussit à les faire tous se relier entre eux, avec des apparitions d'autres héros dans les films de chacun, et régulièrement des films choraux (Avengers). Marvel est très à l'écoute de sa clientèle et n'hésite pas à changer son fusil créatif d'épaule. Les derniers films ont pris un virage humoristique et moins hautain qui a permis de relancer la machine et de se démarquer très fortement de la catastrophe industrielle des héros DC, Batman, Superman et la dame censurée, Wonderwoman. Star Wars se développe maintenant selon le même modèle, avec une sortie annuelle et la création d'un univers global et de films reliés entre eux. La différence notable est que là où Marvel se laisse un peu aller sur les effets spéciaux, Star Wars, lui, est toujours à la pointe, par respect pour son ADN, et aussi parce que ses fans sont intransigeants. Et la grande différence entre les deux franchises réside justement dans le rapport des fans aux films. Marvel est un divertissement, Star Wars une religion.

 

À qui appartient Star Wars ?
Quand on remonte le temps et la chronologie des films Star Wars, on se rend compte finalement que la légende s'est bâtie sur les deux premiers films. Le troisième film avait été attaqué pour la présence trop importante des ewoks, signe manifeste de l'importance que Lucas apportait aux enfants et aux produits dérivés, vente du mythe pour les fans hardcore. L'épisode 1, La menace fantôme, confirmait cette tendance avec un héros enfant et la présence insupportable de Jar Jar Binks, le lapin sous ecstasy. Ajoutez à ça des performances a minima de Liam Neeson, Ewan McGregor et Natalie Portman, et le spectateur se retrouvait devant un épisode très faible. Les deux épisodes suivants remonteront la pente et livreront une dramaturgie quasi shakespearienne, rehaussée par une maîtrise technique infaillible. Les palettes graphiques, les effets spéciaux, les combats spaciaux, les scènes d'ouverture, tout cela fera oublier les costumes ridicules et le jeu à la truelle de certains acteurs. George Lucas avait compris qu'il devait écouter les fans, mais souffrait de leur pouvoir, de leur trop grand respect pour les films originels et de leur volonté de ne pas toucher au mythe. En 2017, l'existence de multiples sites multimédias et la coexistence de plusieurs générations de fans ont un peu noyé les aficionados les plus anciens dans l'océan des actuels et la pression retombe. On ajoutera que le service marketing fait un sans-faute et que les repreneurs n'ont pas fait les mêmes erreurs que Lucas, qui a finalement bien fait de tout revendre.

 

Comment créer son nom Star Wars ?
Dans les nombreux secrets de fabrication de la saga, figure en haut de la liste les noms des personnages. Dans les making-of, sont présentés de grands savants qui nous expliquent la philologie et l'origine des mondes et des noms. OK, mais l'explication la plus plausible reste un bon vieux brainstorm entre amis où tout est permis en règle d'or. Pour nous, terriens du XXIe siècle, existe cette formule : prénom = 3 premières lettres de votre nom + 2 premières lettres de votre prénom, nom = 2 premières lettres du nom de jeune fille de votre mère + 3 premières lettres de votre ville de naissance.
Les derniers Jedi est le film qui sauvera l'année cinéma 2017. La pauvreté de la campagne estivale des blockbusters l'aura bien aidé. Son statut n'en ressort que plus renforcé. Quoi qu'il arrive, les différents clips et bandes-annonces sont alléchants et le marketing parfait. Il faudra attendre le 13 décembre pour savoir qui est ce dernier Jedi, même si l'auteur de ces lignes le sait et qu'il ne dira rien. En espérant que jamais la production n'engage Gal Gadot...

 

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Il y a l'art, l'histoire et la moralité Presque la perfection

Sarkis Serge Tateossian

01 h 58, le 15 décembre 2017

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Commentaires (1)

  • Il y a l'art, l'histoire et la moralité Presque la perfection

    Sarkis Serge Tateossian

    01 h 58, le 15 décembre 2017

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