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Campus - TABLE RONDE

L’évolution du système politique passée au crible à l’USJ

Le master en information et communication de l'USJ a organisé, en partenariat avec « L'Orient-Le Jour » et le site al-Modon, une table ronde sur le thème du changement du système politique au Liban.

De gauche à droite, M. Ahmad Fatfat, M. Michel Touma et Mme Rana Khoury. Photo Ahmad Rmayti, étudiant en Info Com

Un débat sur le changement du système politique au Liban a eu lieu à la faculté des lettres et des sciences humaines de l'Université Saint-Joseph (FLSH), à l'initiative du master en information et communication, en partenariat avec L'Orient-Le Jour et le site al-Modon. Ce débat a été animé par M. Michel Touma, rédacteur en chef de L'Orient-Le Jour. Les intervenants étaient le député et ancien ministre Ahmad Fatfat et Mme Rana Khoury, membre du collectif Beyrouth Madinati, qui ont débattu de la possibilité d'opérer un changement dans le système politique selon différentes perspectives.

Le changement serait possible

Chacun des intervenants a affirmé, de son point de vue, que le système politique au Liban est bien susceptible d'évoluer. D'emblée, M. Fatfat a souligné que le système politique actuel est lié à un ensemble géopolitique et historique. Il a insisté sur le rôle positif du multiconfessionnalisme qui a protégé le Liban face à la dictature : la coexistence islamo-chrétienne a permis de garder une certaine démocratie par rapport aux autres régimes de la région. Mais, d'autre part, le confessionnalisme a aussi des méfaits, dont le clientélisme confessionnel. Aujourd'hui, le Liban est en train de perdre les notions de l'État et de la souveraineté, ce qui mène à une détérioration sur le plan démocratique, a affirmé M. Fatfat qui a relevé que la seule solution pour lutter contre cette détérioration est de retourner à l'accord de Taëf et de l'appliquer correctement.

Bien que Mme Rana Khoury ait aussi parlé de la possibilité de changement, son point de vue était totalement différent de celui de M. Fatfat. Elle a souligné qu'on ne peut adopter une attitude de déni à l'égard du confessionnalisme qui existe au Liban, mais qu'il ne faudrait pas occulter aussi « une grande partie du pays qui est la communauté laïque ». Elle a donné pour exemple Beyrouth Madinati qui est un mouvement qui s'est fixé pour priorité « le citoyen, sa dignité et son bien-être ». Mme Khoury ne nie pas l'existence sur ce plan d'obstacles difficiles à surmonter. « Ce n'est pas uniquement un problème de religion, de géopolitique, de sectes ou de confessionnalisme, comme le dit M. Fatfat, mais c'est un problème de mauvaise gestion de la part des politiciens. » Beyrouth Madinati, a souligné Mme Khoury, est une preuve « qu'il y a une alternative, un respect des citoyens, un plan qui vise le changement et des réformes sérieuses pour une vie meilleure ». M. André Sleiman, membre de Beyrouth Madinati, présent dans la salle, ajoutera plus tard que les élections sont le seul moyen de changer le système politique au Liban.

Fatfat critique Beyrouth Madinati

En réponse au point de vue du mouvement Beyrouth Madinati, M. Fatfat a affirmé que l'expérience de ce courant est celle de la société civile à un niveau municipal et ne représente pas « une expérience politique ». Il a aussi ajouté que Beyrouth est seulement une partie du Liban « qui ne peut pas représenter la totalité du pays ». Ainsi, a-t-il relevé, « la nouvelle génération ne porte pas tellement d'idéaux qui font progresser vers la laïcité ». Afin d'améliorer la situation du pays, a déclaré en substance M. Fatfat, « il faut travailler sur le développement économique et non pas sur le changement des lois ». Il a aussi souligné que « le système politique confessionnel n'a pas échoué, il est toujours ancré dans la mentalité des Libanais », soulignant qu'il faut « être réaliste et accepter le confessionnalisme ».

La dernière phrase de M. Fatfat a été contestée par Mme Gisèle Eid, chargée de cours à l'USJ et journaliste. Pour elle, le système a lamentablement échoué parce que le confessionnalisme est de plus en plus important. Elle a affirmé que le changement aujourd'hui est beaucoup plus rapide avec les réseaux sociaux, contrairement au point de vue de M. Fatfat. Même si Beyrouth ne représente pas tout le Liban, le changement doit commencer quelque part, a-t-elle ajouté.
D'autre part, M. Maroun Salhani, citoyen d'Achrafieh, a critiqué Beyrouth Madinati, lui reprochant d'être « un mouvement antisystème, sans avoir un véritable programme à réaliser ».

Beyrouth Madinati répond aux critiques

Mme Khoury a répondu à M. Salhani, affirmant qu'il y a eu « un problème de communication » et que Beyrouth Madinati a bel et bien établi un programme d'action.
Répondant en outre à M. Fatfat, Mme Khoury a estimé que l'action municipale est « une action politique ». Elle a aussi affirmé que Beyrouth Madinati est une expérience réussie « parce qu'elle est arrivée à orienter les discours des politiciens vers des sujets liés à la vie quotidienne des citoyens et aux problèmes à résoudre ».

Sarah AKHRASS,
étudiante en master information et communication à l'USJ

Un débat sur le changement du système politique au Liban a eu lieu à la faculté des lettres et des sciences humaines de l'Université Saint-Joseph (FLSH), à l'initiative du master en information et communication, en partenariat avec L'Orient-Le Jour et le site al-Modon. Ce débat a été animé par M. Michel Touma, rédacteur en chef de L'Orient-Le Jour. Les intervenants étaient le député...

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