Le dossier des déchets ménagers n'a jamais vraiment cessé de faire parler de lui depuis la crise de 2015, et pourtant le rapport de Human Rights Watch (HRW) sur l'incinération sauvage et ses impacts sur la santé et les droits des citoyens, rendu public vendredi, a fait l'effet d'un pavé dans la mare. Or, même ce texte fait remarquer, dès les premières lignes, que le problème de l'incinération sauvage en plein air est loin d'être nouveau, qu'il dure même depuis des dizaines d'années dans les régions les plus défavorisées du pays, dans le plus grand silence (voir L'OLJ du 2 décembre). Suffira-t-il d'un cri d'alarme lancé par une organisation internationale, faisant prévaloir le droit à un environnement propre et à la santé, pour changer quoi que ce soit dans un dossier sclérosé depuis des décennies, miné par les scandales et l'incertitude de l'avenir de plans d'urgence successifs ?
Le rapport détaille, rappelons-le, les polluants graves auxquels sont exposées les personnes habitant près de décharges sauvages régulièrement brûlées, soulignant que 150 des près de mille sites sont régulièrement en feu, notamment dans les régions les plus défavorisées du pays. La nouveauté de ce document, c'est qu'il traite cette question de la pollution sous l'angle des droits.
Le premier à réagir à travers Twitter a été le député Walid Joumblatt, chef du bloc de la Rencontre démocratique et du Parti socialiste progressiste (PSP). « Alors que les problèmes se succèdent de toutes parts, et en attendant que certains de nos alliés historiques nous comprennent et épargnent le Liban, il est nécessaire de régler la question des déchets, a-t-il écrit. Le rapport de Human Rights Watch explique clairement que l'incinération des déchets provoque une mort lente. Il suffit de ne plus gaspiller les budgets des municipalités sur la construction de murs, il faut se focaliser sur la réhabilitation des décharges sauvages. »
L'ancien ministre de la Santé Waël Bou Faour, lui-même député du même bloc, a rappelé samedi « avoir déjà mis en garde, au ministère, contre les violations des engagements du Liban envers la loi internationale au sujet de l'incinération sauvage des déchets et de la multiplication des dépotoirs incontrôlés dans le pays ». « Ce que nous disions alors a été confirmé aujourd'hui par le rapport de HRW, qui précise que les autorités n'ont pris aucune mesure en vue de mettre fin à cette pratique dangereuse pour la santé des habitants, très répandue sur le territoire libanais », dit-il.
L'ancien ministre de l'Environnement Mohammad Machnouk a lui aussi choisi Twitter pour s'exprimer sur le sujet. En référence au fait que le rapport de HRW dénonce l'absence d'un plan global de gestion des déchets, les plans successifs s'étant seulement concentrés sur le Mont-Liban et Beyrouth, M. Machnouk rappelle que son ministère avait préparé un plan qui s'étend sur tout le territoire. « Les forces politiques ont alors résisté à nos efforts pour régler le problème des déchets ménagers au ministère de l'Environnement, préférant les voies du compromis et des marchés, a-t-il écrit. Le résultat, c'est une augmentation du nombre de décharges sauvages de 760 à mille aujourd'hui. Le plan est prêt, il est global, et sa mise en place ne nécessite qu'une démarche gouvernementale décisive. »
Rappelons que ce plan consistait en la division du territoire en six grandes zones, chacune confiée à une société privée pour le ramassage, le tri et le traitement. Des appels d'offres ont été effectués et leurs résultats annoncés, en pleine crise des déchets en 2015. Sous le coup de la colère populaire et des attaques venant de parties politiques, cet appel d'offres, dont les prix proposés avaient été jugés trop élevés, a été annulé au lendemain de l'ouverture des plis par le gouvernement.
Le rapport est disponible dans son intégralité ici : https://www.hrw.org/node/311168/
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commentaires (3)
Messieurs Tarek el Khatib, ministre de l'environnement Ghassan Hasbani, ministre de la santé publique, Messieurs Michel AOUN et Saad HARIRI, respectivement Chef de notre Etat et du gouvernement, ainsi que tous les responsables concernés, comment pouvez-vous supporter la vue de ces immenses décharges d'ordures qui garnissent partout le pays que vous êtes censés diriger ? Comment pouvez-vous visiter des pays, faire de beaux discours devant d'autres chefs d'états et de gouvernements, alors que votre propre pays croule depuis 2 années sous les ordures ? Comment voulez-vous que la communauté internationale vous fasse confiance, en constatant que rien, absolument rien ne fonctionne selon les règles au Liban, car vous êtes totalement incapables de gérer ce petit pays, incapables de résoudre les problèmes de base comme le courant électrique, l'eau, les déchets ménagers etc. etc. Pourquoi...? Parce que le j'menfoutisme et la corruption gangrènent absolument tout chez nous...pays que l'on qualifiait jadis de... Suisse du Moyen-Orient ! Nous sommes la risée de tous, grâce à vous, Messieurs les...incapables ! Irène Saïd
Irene Said
15 h 39, le 04 décembre 2017