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Culture - Photographie

Les voyances et clairvoyances de Nasri Sayegh

Des images, des couleurs, des personnes et des paysages. C'est un atlas visuel que l'artiste reproduit sur les cimaises de l'Institut français du Liban.

« Le baiser de Berlin », par Nasri Sayegh.

Acteur, plasticien, journaliste et DJ, Nasri Sayegh est basé entre Berlin et Beyrouth. Lauréat du 2e prix Photomed 2017 pour sa série Beyrouth, peut-être (2016), il présente une deuxième exposition solo à la galerie de l'Institut français, intitulée No Photos Please, où il invite le visiteur à plonger son regard dans l'album de ses frénésies. Frénétique, obsessionnel, Nasri Sayegh l'est assurément, lui qui n'arrivait pas à achever ce travail, voulant toujours y ajouter une photo par-ci, une autre par-là.

Des mots et des images
L'artiste parle vite, en mots qui caracolent, qui se suspendent, qui se superposent, s'alignent, se chevauchent, s'épousent ou divorcent. Il parle aussi en gestes, les gestes de l'acteur qui transmettent l'idée par le langage du corps. Nasri Sayegh a toujours aimé les mots. Au cours de ses études en lettres françaises, il rencontre la poésie de Rimbaud qui va transformer sa vision des choses. Son poème préféré est probablement Les Voyelles qui, par un jeu d'association, se transforment en perceptions chromatiques. De la voyelle naît la couleur, l'image. Pour Nasri Sayegh, qui explique l'intitulé de son exposition, il ne s'agit pas de ne pas prendre des photos, mais de rendre compte de la naissance d'une photo à partir du néant. Créant ainsi des impressions et des émotions. Les images, dans sa tête, surgissent sans linéarité ni chronologie aucune. Elles se déversent sur le mur dans un montage qui semblerait brouillon (et qui a dû nécessiter beaucoup de travail), mais qui traduit exactement le travail du cerveau. Quand la machine du cerveau fonctionne à plein régime, se partageant entre l'imaginaire, le réel et les commandes données au corps, peut-on aligner les pensées, catégoriser les idées ? C'est ce qu'a fait l'artiste pluridisciplinaire.

Le téléphone (si) intelligent
En rassemblant les photos prises à l'aide de son smartphone – « je suis le dernier peut-être à en avoir acquis un » –, il donne à voir, en vrac, des paysages pris au pôle Nord, d'autres à la Békaa (son lieu de naissance), ou encore dans une Berlin aux arbres ébouriffés, mais aussi des icônes comme Sabah, Fayrouz et Samira Toufic et d'autres plus dark comme la tour Murr. En y ajoutant, ici et là, des radiographies du corps ou encore des images de cellules rappelant ainsi les beaux livres de sciences naturelles « auxquels je ne comprenais rien mais qui étaient beaux visuellement », Nasri Sayegh s'interroge sur sa propre démarche tout en questionnant le regard du visiteur. « Je ne suis pas spécifiquement un photographe, confie-t-il, bien que je sois à la recherche parfois de la belle photo, du beau grain. Ce sont des objets photographiques que j'aime palper de mes mains comme un artisan. »
Deux pans de mur sont remplis de ces cumuls d'atmosphères pris au cours de voyages ou autres. Sur un autre mur, se dressent deux tableaux monochromes, formés de résidus de ces photos. Ceux qu'on ne voit pas, que l'artiste a découpés, l'envers de la photo, en somme. Ils témoignent du moment, du lieu, de la démarche et de l'état d'esprit, mais également du rapport enfantin qu'il a avec le papier et les ciseaux. Dans ce fabuleux voyage, Nasri Sayegh va en quête de ses visions, de ses voyances. De ses clairvoyances.

Dans la salle d'exposition de l'Institut français jusqu'au 2 décembre.

Acteur, plasticien, journaliste et DJ, Nasri Sayegh est basé entre Berlin et Beyrouth. Lauréat du 2e prix Photomed 2017 pour sa série Beyrouth, peut-être (2016), il présente une deuxième exposition solo à la galerie de l'Institut français, intitulée No Photos Please, où il invite le visiteur à plonger son regard dans l'album de ses frénésies. Frénétique, obsessionnel, Nasri Sayegh...

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