Le ministre de la Justice Salim Jreissati a intenté un procès contre le journaliste Marcel Ghanem, et le journaliste Ahmad el-Ayyoubi est arrêté. Comment décrivez-vous l'ambiance qui règne sur le pays ?
C'est une diabolisation de toute l'atmosphère politique en vue d'anéantir toute forme d'opposition au Hezbollah et à tous ceux qui le soutiennent. D'une part, ils ont inculpé des personnalités politiques en les accusant d'utiliser leurs amitiés avec l'Arabie saoudite. D'autre part, ils se déchaînent contre le journaliste Marcel Ghanem. Cette manœuvre se joue sur trois niveaux : l'inculpation de personnalités politiques, la diabolisation des journalistes et l'arrestation de journalistes. Il s'agit de créer un climat de tension sécuritaire. Quand une autorité recourt à ces moyens, cela signifie qu'elle a tout perdu. Quand le pouvoir a le souffle court, il n'admet plus la liberté d'expression. Il est fragile et cherche à abolir toute opposition. Cependant, ce genre de manœuvres augmente la base de l'opposition contre la mainmise du Hezbollah sur le gouvernement libanais et sur le président de la République Michel Aoun. D'ailleurs, M. Aoun est faible et incapable de prendre les mesures nécessaires afin de protéger les citoyens, les personnalités politiques et les journalistes.
Le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil a affirmé que « certaines parties sont impliquées » dans cette crise dans le but de « déloger le chef de l'État ». Comment comprenez-vous sa déclaration ?
Ces propos s'inscrivent dans le cadre d'une tentative d'éviter l'échec, d'inculper les autres et de chercher un bouc émissaire qui soit responsable devant le public pour camoufler l'insuccès du compromis. Ce compromis a abouti à l'élection de Michel Aoun, la formation d'un gouvernement selon les conditions du Hezbollah, l'adoption d'une loi électorale selon les conditions du Hezbollah et un train de nominations juridiques favorable au parti chiite... Ce pays est régi par un équilibre des forces qui donne au Hezbollah le privilège de gouverner le pays.
(Lire aussi : Le retour de Hariri à Beyrouth sera-t-il fixé aujourd'hui à l'Élysée ?)
Comment résumeriez-vous la situation aujourd'hui ?
Le pays est devant un grand tournant, où la prise de position politique ne suffit plus. Il faut faire un choix : soit le Liban va payer le prix, soit le Hezbollah va payer le prix. Et à mon avis, ce sont les deux qui payeront, car le Liban est pris en otage par le Hezbollah. D'autant que la frontière qui séparait le Hezb du Liban n'existe plus. En raison du compromis conclu, le Hezbollah est l'État, et l'État est le Hezbollah. Concernant la déclaration du président français Emmanuel Macron, qui accueillera samedi à l'Élysée Saad Hariri « en tant que Premier ministre » du Liban, c'est Saad Hariri lui-même qui définit son statut. Il ne peut pas être démissionnaire à Riyad et cesser de l'être à Paris. Toutefois, s'il n'est plus démissionnaire, il le dira à l'Élysée. Saad Hariri est souverain et je salue son initiative courageuse.
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commentaires (4)
que C triste . sans vouloir contredire fares souaid, je suis mortifie par une possible collusion " des forces chretiennes " eu egard a ce qui a eut lieu dernierement.
Gaby SIOUFI
13 h 46, le 22 novembre 2017