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Campus - SALON DU LIVRE

Éric-Emmanuel Schmitt à la rencontre des étudiants libanais

C'est pour mieux connaître l'homme, qui se cache derrière l'un des auteurs francophones contemporains les plus lus au monde, qu'une rencontre informelle a eu lieu au Salon du livre de Beyrouth, entre l'écrivain et des étudiants de l'USJ.

Quand il parle de la passion qui l'habite depuis l'âge de 11 ans, il y a beaucoup d'humanisme dans sa voix et son regard. Dramaturge, nouvelliste, romancier et réalisateur, Éric-Emmanuel Schmitt manipule les mots et les idées avec un réel talent littéraire. Menant de front plusieurs activités, il se consacrera à l'écriture cinématographique et théâtrale et deviendra même comédien dans ses propres pièces. Répondant aux questions des étudiants soucieux de connaître son rapport à la philosophie et à l'écriture, il répondra que « c'est cela qui l'a sauvé en lui apprenant à être lui-même et à se sentir libre ».

« L'écriture, pour moi, est un territoire de découverte, d'exploration et d'interrogation. Et c'est cet espace-là que je voudrais partager avec mes lecteurs », annonce-t-il. D'ailleurs, il avoue avoir plus l'impression « d'être un script qu'un créateur, d'écouter, de regarder, de découvrir, que de créer et d'inventer ». Écrit-il pour écrire ? « Non », répond-il. Il n'écrit pas pour dire ce qu'il pense, mais pour explorer et découvrir ce qu'il pense. « Quand tout est mûr, je m'installe à ma table, je pose mes pensées dans mes récits et je les partage avec mon lecteur ! » Il avoue aux étudiants « ne pas se mettre dans la peau de ses personnages pour pouvoir découvrir tous ces mystères » qu'il mentionne et précise qu'ils sont « déjà là, qu'il se penche, les écoute, les saisit et leur obéit ». Il les laisse alors s'emparer de lui et les transcrit sur son papier.

Des auteurs qui ont influencé son écriture, il nommera Diderot « parce qu'il écrit de la philosophie sous une forme non philosophique », reprenant ses anecdotes dans ses récits, ainsi que Romain Gary, qui a « osé charger ses textes d'émotions comme peu de gens dans la littérature le font ». Et comme il est intellectuel de formation, il avait peur des émotions et des sentiments, et Gary a été salvateur.

 

(Lire aussi : Éric-Emmanuel Schmitt, 4 nuances de pardon... et mille et une cordes à son arc)

 

Mozart partout
Il se lance alors dans des thèmes essentiels, parle de l'amour comme « un sentiment très lucide, qui commence lorsque la sexualité s'en va ». « Souvent, on aime beaucoup plus quand le désir sexuel ne s'en mêle pas. À ce moment-là, on est dans la dimension du respect absolu et de la préférence de l'autre. » Il considère le pardon, dans son dernier roman La vengeance du pardon, comme « la forme la plus raffinée de la vengeance », et parle de deux genres de pardon : le pardon volontaire et le pardon émotionnel, le pur et l'impur. « Mais dans les deux cas, c'est un acte très noble qui ouvre la vie ensemble et l'avenir. » Lorsqu'on lui demande si Dieu existe, Éric-Emmanuel Schmitt sourit et répond : « Je ne sais pas, mais je crois que oui ! » D'ailleurs il se déclare «  agnostique croyant », qui est passé de l'athéisme à la foi après avoir vécu une nuit de feu mystique, chargée de rencontres, seul, dans le désert du Sahara en 1989. Mais lorsqu'il écrit, il y a toujours, d'un côté la raison qui parle, et de l'autre le cœur. « Dans le domaine de la foi, la raison n'a rien à dire. Dieu n'est pas un objet de connaissance, il n'est pas un objet de savoir. Si je laisse parler le cœur, oui, je crois en Dieu. Si c'est la raison qui parle, alors je crois que je doute ! »

 

(Lire aussi : La deuxième naissance d'Éric-Emmanuel Schmitt)

 

Visiblement ému lorsqu'une étudiante lui demande « ce qui fait de lui l'homme profond et sensible qu'il est aujourd'hui », Éric-Emmanuel Schmitt répond qu'il « croit en l'homme malgré tous ses travers et essaye de chercher la lumière humaine qui se trouve en chacun ». « Victor Hugo dit : "Dieu est à faire !" et je crois que l'homme est à faire également, parce que l'humanité est un projet de l'homme pour l'homme. C'est une conception, un idéal sur lequel on peut avancer. » Et à la question de savoir pourquoi la plupart de ses pièces de théâtre se déroulent au XVIIIe siècle avec l'esprit du XXe, il répond que c'est « pour l'air de la chanson », de la musique, de la langue que dégage ce siècle, comme disait Proust. Une période qui permet de faire des phrases qu'il n'aurait pas pu faire s'il plaçait l'action au XXe siècle, faisant allusion à Mozart qui, pour lui, est son dieu, un écrivain, un musicien et qui est présent dans quasiment tous ses livres. Et lorsque les étudiants traducteurs ont voulu savoir si un livre traduit pouvait transmettre l'âme et le vrai sens écrit, il répondra qu'il faut savoir « aller au-delà des mots, écouter la musique que le texte dégage, ce qui n'est pas toujours évident, car certaines langues ne s'y prêtent pas, occultant la finesse et le sens qui s'y cachent » 

 

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